- mon verre s'est brisé comme un éclat de rire. -
ft. enzo&noélie

C’était pour le moins étrange: un vendredi soir et la blonde n’avait rien de prévu, par même une petite invitation à une quelconque fête snob organisée par ses parents. Pourtant, c’était tout à fait le genre assaillie tout les week-ends, ou presque, d’événement mondains. Aussi par les réceptions que sa mère adorait organisée ou simplement via la sororité. Mais non, là, rien. Tant pis. Noélie était allongée sur son lit, les yeux rivés vers le plafond blanc, plongée dans une quasi-obscurité, la pièce baignant dans une atmosphère lunaire, le bruit des vagues parvenant jusqu’à ses oreilles. Puis, elle esquissa un sourire. Elle était vraiment bien ici, c’était un fait. L’Oméga Phi ne saurait dire combien de minutes, peut être même d’heures, elle était restée là, vautrée dans son plumard. Après cette pensée, la blonde s’étira et l’idée d’aller faire un tour à l’Oz lui effleura l’esprit. Sur cette belle pensée, elle se redressa et enfila une robe courte, blanche, qui lui donnait presque un air angélique. Soit. La demoiselle se chaussa et quitta le pavillon en direction du bar. Noélie y allait seule, de toute façon ce n’était que pour faire un tour, se changer les idées en buvant un verre et retour au pavillon. Arrivant devant l’Oz, elle percevait déjà la musique qui s’émanait du bar, elle sourit, vu l’heure ce n’était pas étonnant. La seconde d’après elle se retrouvait à l’intérieur, ni une ni deux Noélie se dirigea vers le bar où elle commanda une double vodka avant de se retourner et de balayer la pièce de ses prunelles hazel. La jeune femme fronça les sourcils en apercevant un Enzo seul, enfin ’seul’ disons en compagnie de sa bouteille de Whisky. « Qui l’eut cru » dit-elle en s’approchant de la table où il était assis. « ..Enzo Reed, président des Kappa Beta Omega, la confrérie la plus déjantée et fêtarde du Campus, en tête à tête avec une sulfureuse, séduisante, voluptueuse… bouteille de Whisky » termina-t-elle, une toute légère pointe de moquerie dans le ton avant de boire une petite gorgée de sa boisson, se tenant toujours debout.

Un Kappa Beta Omega ne passait jamais un soir du weekend seul dans un bar. Il ne passait jamais un soir du weekend seul tout court. C'était écrit ainsi. Enzo était bien au dessus de ça. Il pouvait enfreindre les règles, c'est lui qui les imposait. Il serait néanmoins beaucoup moins intransigeant s'il était amené à rencontrer un de ses frères dans la situation dans laquelle lui même se trouvait. Il n'aimait pas se lamenter, encore moins en public. Et il est vrai que voir un homme seul avec sa bouteille, cela pouvait créer la pitié. Que les mauvaises langues pensent ce qu'il veulent, Enzo n'avait certes pas le moral, il avait encore le droit de faire ce qu'il voulait, et ce soir il voulait se bourrer la gueule seul, au Oz. Il avait refusé diverses invitations pour retrouver Jack Daniel's, une fidèle alliée en temps de galère. Un verre à moitié vide se trouvait devant lui, avec la bouteille déjà bien entamée. Vêtu d'une chemise blanche entrouverte, le jeune homme jouait avec le liquide de son verre. Il ne vit pas Noélie s'approcher mais reconnut la jeune femme aux paroles prononcées. Il ne leva pas pour autant son regard vers elle, ne voulant pas daigner lui accorder de l'importance. Avec un visage totalement inexpressif il répondit « Aussi triste soit elle, elle restera toujours plus bonne que toi Young. » Il releva enfin son visage vers le sien, pour faire un sourire plus faux que jamais. Il reporta ensuite son attention sur sa bien aimée, qu'il prit et dont il versa le contenu dans ce même verre. De nouveau sans la regarder, il ajouta : « Soit tu m'aides à la vider, soit tu traînes ton cul d'Omega Phi ailleurs qu'ici, mais ne reste pas debout à me fixer comme tu es en train de le faire, tu me fais de l'ombre. » Il ponctua sa phrase par un nouveau regard pointé vers la jeune femme et par un sourire, aussi léger que sincère.

La blonde but une nouvelle gorgée de sa liqueur, elle grimaça légèrement lorsque le liquide brulant traversa sa gorge, avant de replanter son regard vers le jeune homme qui ne tarda pas à répondre. Sa réplique la fit sourire. « Faut dire qu‘elle n‘a pas tellement le choix, elle » répliqua-t-elle avant de lever les yeux au ciel. Et, notamment le choix de prendre ses jambes à son cou. Bref. Certains pensaient que la fuite via l’alcool était une solution lâche, d’autres une solution idéale. Chacun son point de vue. Noélie trouvait cela minable mais, malheureusement, c’était plutôt efficace. Par la suite, s’offrait à elle deux solutions: celle de faire chemin arrière ou alors se joindre à lui. La jeune femme soupira légèrement, de toute façon elle n’avait rien de mieux à faire mais l’idée de passer la soirée, ou quelques heures, avec Enzo… C’était assimilable à du sadomasochisme dans son cas. Donc, l’idée de détourner le talon fut celle qui prima un moment. Néanmoins, ce fut le sourire presque sincère qui finalement la décida a rester. Noélie était trop gentille ou juste trop sensible et excessivement naïve. Soit. Puis, Noélie tira la chaise face au jeune homme et s’installa. D’une seule traite elle termina son verre, grimaçant en avalant le tout, avant de rouvrir les yeux et pousser son verre vide vers le jeune homme pour qu’il la serve. « Alors, peine de cœur ? » ironisa-t-elle, histoire d’axer la conversation sur le fait qu’il était seul dans un bar à se saouler la gueule comme un désespéré, un misérable.

La jeune femme prit rapidement une décision puisqu'elle vint s'asseoir face à Enzo. Il n'en doutait pas à vrai dire, il savait qu'elle était naïve et qu'au fond elle l'aimait bien. Il en était en tout cas convaincu, mais c'était peut être une nouvelle fois sa prétention qui parlait. A peine assise elle termina son verre avant de le tendre vers Reed pour qu'il le remplisse de son doux breuvage. Il esquissa une nouvelle fois un sourire puis lui servit un bon verre qui devrait suffire pour tenir une dizaine de minutes si Noélie avait une descente raisonnable. Au cas contraire, il faudrait commander une nouvelle bouteille plus rapidement que prévu. La question de l'Omega Phi était à double signification. C'est en tout cas comme ça qu'Enzo l'analysa. Elle se voulait gentille à la fois en se prêtant au jeu et en voulant savoir ce qui tracassait le jeune homme, mais c'était aussi mesquin puisqu'elle rabaissait en quelques sortes le jeune homme dans son moment de faiblesse. Il saurait s'en souvenir lorsqu'il retrouverait pleine possession de ses moyens. Mais pour le moment il n'avait pas la force d'humilier Noélie, et puis c'était trop facile et très ennuyant aussi. Elle se vexerait, partirait pleurer dans sa chambre. Et si ce soir il y avait une fin radicalement différente et surprenante ? Il répondit l'air amusé et en inclinant son verre vers elle pour trinquer. « Alors pour toi j'ai un coeur ? On fait déjà des progrès. » Enzo porta ensuite son verre à ses lèvres et le reposa ensuite à sa place initiale. « Tu sais que je te rabaisserai et t'emmerderai dés que j'en aurai de nouveau l'occasion même après ça ? » Il avait demandé ça sans attendre une réponse précise, juste pour se prouver que malgré il restait le plus fort. Il fallait qu'il le soit.

Son verre vide se rempli rapidement. Elle jeta un bref coup d’œil à son verre avant de reporter son regard vers le jeune homme. Jamais elle ne l’avait connu aussi généreux. Soit. En attendant, la réponse du brun elle porta son breuvage à ses lèvres. Trop fort, comme prévu. Et, la blonde secoua légèrement la tête. Noélie n’était pas fan des alcools forts, loin de là. C’était plutôt le genre doux alcool qui passait tout seul. Bref. Comme elle s’y attendait il ne répondit pas directement à la question. Cela aurait été bien trop beau. Néanmoins, la jeune fit tinter son verre à celui du brun esquissant un léger sourire alors que celui-ci constatait qu’elle pensait qu’il avait un cœur. « Tu n’es qu’un homme, Reed. » répondit-elle simplement avant de boire une nouvelle gorgée. Il le prenait comme il le voulait, ca voulait dire ce que ca voulait dire. Après quoi, elle manqua de s’étouffer avec sa boisson à la réflexion d’Enzo. Noélie toussa un temps avant de replanter ses prunelles hazel vers les siennes. « Mais pour l’instant les rôles sont encore inversés » fit-elle espiègle avant de lui lancer un clin d‘œil mutin. Autant dire qu’elle en profiterait, et même dans le cas où durant la soirée elle en arriverait à penser le contraire, elle jeune femme se rappellerait cette réplique. « Donc contente toi de boire et de répondre à ma question par exemple » ajouta-t-elle finissant par se mettre à l'aise: se calant contre le dossier de sa chaise, croisant ses longues jambes l'une par dessus l'autre, le gratifiant d’un sourire avant de porter une nouvelle fois son verre à ses fines lèvres, le défiant du regard dans le même temps.

Enzo ne se considérait jamais inférieur dans une conversation, même avec les autres présidents. Il avait une confiance et une estime de lui sans pareil. C'était certes critiquable, mais cela lui permettait de mener une vie tout à fait saine, scolairement parlant en tout cas. Il ne le criait pas sur tout les toits, mais il était major de sa promo depuis quatre années, et allait assurément trouver un bon poste l'année prochaine s'il ne poursuivait pas ses études. Noélie ne devait rien savoir de tout ça. Personne ne le savait à vrai dire, puisque personne ne s'y intéressait. Il fallait dire que Reed ne rendait pas non plus les choses faciles. Alors qu'il esquissa un sourire devant les grimaces que faisaient Noélie à chaque gorgée, il finit son verre d'une traite, et après un léger soupire se resservit. Il n'était qu'un homme, belle théorie. Il se devait d'être plus, il avait été élevé pour devenir plus. Son père n'avait cessé de lui rabâcher que la puissance et le pouvoir sont les dogmes d'une vie. Young continua de jouer un peu avec la situation en affirmant sa supériorité. Cette situation était en grande partie du à l'état limite végétale de Reed qui était déjà bien arrosé. Elle lui avait posé une question, à laquelle il n'avait aucune envie de répondre, mais soit, il se plierait au jeu si elle faisait de même. « Je n'ai pas de peines de coeur. Enfin ça dépend du point de vue. » Il sourit en coin et ajouta : « Elle me manque. » Il en avait assez dit sur lui pour la soirée, et c'était aussi la première fois qu'il parlait d'elle en public depuis la rentrée. Il était encore trop tôt pour prononcer son prénom. Il s'empressa de changer de sujet. « C'est étrange que tu sois si proche de Timon. Je sais qu'il est différent des autres, mais il reste un Kappa Beta Omega. Tu n'es pas sensée nous détester? » Enzo orientait positivement la discussion, puisque Timon était un de leur seul point commun, tout deux l'adorait.

Sans plus attendre Noélie eut enfin une réponse, Enzo prétendait ne jamais avoir de peine de cœur. Evidement. Et, la blonde ne souhaita même pas relever sachant que c’était peine perdue d’avance et elle se contenta d’hausser simplement les épaules. Enzo était de ce genre de personne tellement orgueilleuse que laisser transparaitre ne serait-ce qu’une toute petite, infime, microscopique, faiblesse pouvait les tuer sur place. Ou simplement leur écorcher la lèvre en en parlant. C’est alors qu’il avoua qu’elle lui manquait. Oui, elle, elle comme Ashleigh Howard. Ou encore, la défunte. Noélie se redressa sur sa chaise, avalant la gorgée de force. Pour le coup, elle se retrouva prise de court. La jeune femme s’attendait à bien des choses mais à pas à ce genre de révélation. Elle resta silencieuse un moment cherchant les mots justes qui ne vinrent pas. « Je suis... désolée » fit-elle d’un ton sérieux, ne sachant trop quoi dire au final. Puis, l’Oméga Phi entrouvrit la bouche pour ajouter un quelque chose mais il fut plus rapide qu’elle. « C'est étrange que tu sois si proche de Timon. Je sais qu'il est différent des autres, mais il reste un Kappa Beta Omega. Tu n'es pas sensée nous détester? » Changement radical de sujet. Ok. Néanmoins, Noélie n’oubliait certainement pas la chose précédente. Et, dans un sens elle lui en était reconnaissante de ce changement de conversation. « Oui…mais Timon est différent de vous tous. Puis, y’a des circonstances atténuantes, on s’est connu avant d’être imbriqué dans le Greek System » répondit-elle en arborant un sourire lumineux en pensant à son ami. « Ce qui m’étonne toujours c’est qu’est-ce qu’il fout encore avec vous. Ou même comment il en est arrivé à atterrir chez les Kappas » ajouta-t-elle quelque peu pensive. En effet, Timon, dans son caractère, était franchement bien différent de ses frères, fallait être aveugle pour ne pas le voir. Mais il avait aussi ce côté caméléon qui s’adaptait à tout et n’importe quoi. Après, elle savait comme beaucoup qu’il était devenu, et à son grand regret, le bras droit du président. Timon était intelligent c’était un fait incontestable. Cependant, était-ce l’unique raison.

Elle était désolée. Elle ne pouvait pas faire pire. Lorsqu'elle prononça ces trois mots innocents, les narines d'Enzo se contractèrent. Elle n'avait rien dit de méchant en soit, et Reed en était conscient, mais il ne voulait pas de pitié, il ne voulait pas que les gens disent autour de lui qu'ils étaient désolé pour lui. Il préférait encore qu'ils pensent tous que c'était lui le meurtrier. Il ne pouvait néanmoins pas blâmer cette petite Noélie, elle était simplement humaine, peut être la plus humaine du campus. Enzo l'admirait dans le fond, et elle n'avait pas été choisie au hasard pour cette scène plutôt hors du commun, c'est à dire une scène où Enzo était parfaitement calme et humain. Young était une bonne personne, Reed une mauvaise. C'était un peu plus compliqué que ça en réalité, mais c'était ce que l'italien aimait pensé. Il ne doutait d'ailleurs pas que la belle blonde pensait la même chose. Le changement de sujet fonctionna parfaitement puisqu'elle surenchérit sur Timon. Ses propos furent d'ailleurs assez surprenant. Tout en reprenant une gorgée délicate qui caressait son gosier, le président écouté intrigué les propos de l'Omega Phi. Une fois son verre reposé il lui répondit en la regardant dans les yeux avec un visage assez inexpressif. « Tu admires Timon, tu le trouves très intelligent n'est ce pas ? » Il ne la laissa pas répondre et poursuivit « Tu ne t'es jamais demandé pourquoi il était parmi nous ? Tu ne lui as jamais demandé ce qu'il pouvait bien apprécier chez nous ? » Il n'attendit pas les réponses de la jeune femme, il savait que la réponse était non. Sinon elle aurait compris. « Je suis conscient de notre image, mais nous avons des valeurs, différentes des vôtres certes, mais des valeurs quand même. La fraternité, la fidélité et la franchise en font partie. Mais toi comme toutes les Omega Phi et votre présidente en tête vous vous évertuer à ne voir que le mal chez nous. » Il bu une nouvelle gorgée puis après un petit soupire conclut. « De toutes manières je sais très bien que c'est toujours plus facile de se moquer du voisin. Mais vos actions ne sont finalement pas moins morales que les nôtres. » Il acheva son discours avec un sourire. Les Kappa Beta Omega prônaient certes la débauche et l'amusement, ils étaient loin d'être les seuls, il suffisait de voir les moeurs des soeurs oméga phi pour le comprendre. Mais Noélie n'aurait peut être pas le cran de l'admettre. En somme la différence restait dans le fait que les kappa étaient les seuls à assumer.

L’alcool qu’elle ingurgitait de manière outrancière commençait à faire sérieusement de l’effet si bien qu’elle ne pu supporter le blazer qu’elle avait mis par-dessus ses épaules pour se protéger du froid en sortant du pavillon. Non, maintenant la blonde avait chaud, trop chaud. Néanmoins, ceci ne l’empêchait pas de reprendre son verre à moitié plein ou moitié vide -dépend du point de vu-, pour le porter, de nouveau, à ses lèvres. « Je l’affirme même » répondit-elle lorsqu’Enzo lui demandait de manière assez rhétorique si elle trouvait Timon intelligent. C’est vrai ca, jamais elle ne lui avait demandé pour cette confrérie en particulier. Chose qu’elle ferait dès leur prochaine discussion, quoique pour l’instant ils s’étaient quittés quelque peu…en froid, justement à cause du jeune homme assit en face d’elle. Soit. « Non, c’est parce que vous vous évertuez à ne montrer que le ‘mal’ en vous, nuance » répliqua-t-elle un léger sourire flottant sur ses lèvres. Et, en disant cela, elle faisait aussi grandement allusion à lui, Enzo Reed. Noélie était de ceux qui croyaient en la bonté humaine et soutenait qu’on ne pouvait être originellement et foncièrement mauvais. Pour elle c’était toujours un rôle ou céder à la facilité que de montrer que les mauvais côtés de sa personnalité, ou simplement être mauvais, méchant, peu importe. « De toutes manières je sais très bien que c'est toujours plus facile de se moquer du voisin. Mais vos actions ne sont finalement pas moins morales que les nôtres. » La belle eut un mouvement de tête accompagné d’un haussement de sourcil assez significatif, dans le sens où elle approuvait la première partie du moins. Entre les confréries, il y’avait un seul mot d’ordre: la guerre. Donc, oui, c’était vrai dans un sens. « Certaines de nos actions peuvent paraitre un peu tendancieuses mais au moins nous sommes relativement maligne pour sauver la face. C’est un fait. Puis, c’est toujours pour la bonne cause. D’ailleurs, la preuve en est que les Oméga Phi est la sororité la plus prestigieuse et populaire du campus, mais aussi respectée. Puis, attend les valeurs que vous prônez vous décrédibilise comme il faut aussi. » dit-elle sans aucune mauvaise foi parce que chaque confrérie avait ses propres vices, précisant bien cependant qu'ils étaient bien les pires. « Cependant, les Oméga Phi sont des filles droites, respectueuses et issues de bonnes familles. » continua-t-elle sans plus développer. "CQFD" avait-elle presque envie d'ajouter. Néanmoins, ils n’allaient pas partir dans un débat sur les valeurs de leur confrérie respective sinon ils en auraient pour des heures. Puis, depuis le temps ils savaient à qui ils avaient affaire. « Mais on sait aussi s’amuser.. » ajouta-t-elle arborant au coin des lèvres un sourire malicieux. Cette réplique restant dans le flou. A lui d’en tirer les conclusions, explications, qu’il voulait. En effet, elle n’affirmait ni ne contestait ce qu’il disait. Comme quoi savoir manier la langue était un réel pouvoir. Soit. « Toute façon c’est bien les diverses opinions, valeurs, tout ce que tu veux, qui provoquent les conflits. Et ce n’est certainement pas nouveau et ca ne semble pas vouloir changer.. » conclut-elle assez fatalement mais avec un sourire accroché aux lèvres cependant. Après quoi elle fit glisser son verre vide sur la table vers Enzo, avant de passer distraitement une main dans sa chevelure blonde.

Enzo Reed a écrit:

désolé c'est un poil long mais c'est de ta faute

+ 100(..)00

Enzo s'était l'espace d'un instant totalement désintéressé à son verre et à celui de son interlocutrice et fixait le regard azur de la jeune femme. Sa tentative était en tout cas réussie : ils s'étaient considérablement éloignés de leur sujet initial et débattaient désormais sur leur confrérie respective. Enzo ne cherchait néanmoins pas à prouver que la sienne était supérieur, pour une fois il expliquait juste les choses comme elles étaient, et il tentait tant bien que mal de défendre ses frères, et de se défendre lui même. D'ordinaire il ne prenait même pas la peine de s'expliquer, mais ce soir plus que les autres soir, cela comptait. Il voulait que Noélie comprenne et le voit peut être avec un regard différent. Mais il ne fallait pas se méprendre, il restait quelqu'un de profondément étrange, aussi complexe que prétentieux, moqueur et arrogant. Même affaibli et d'une humeur assez triste il restait cet homme puissant et ce président de confrérie. D'après elle, les Kappa Beta Omega se tuaient à montrer le mal en eux. Là encore Reed était loin d'être d'accord, ils étaient juste les seuls sur le campus à pouvoir vivre honnêtement et naturellement sans trop se fier à l'image qu'ils émanaient. Si l'envie naturelle leur prenait de vouloir se bourrer la gueule, ils ne se préoccupaient pas des gens autour. Si une fille leur plaisait -ou un garçon, ils ne se gênaient pas pour l'aborder, peu importe d'où elle venait, qui elle était. Les autres confréries ne pouvaient pas vraiment en dire autant. C'était quelque part une fierté pour Enzo, mais aussi rare que cela pouvait être, une fierté qu'il ne criait pas sur tout les toits. Tout simplement parce que les gens ne comprendraient pas réellement, le monde était trop hypocrite pour cela. Elle continua dans sa tentative de persuasion et lâcha l'expression qu'il ne fallait pas. En entendant "voiler la face", Reed ne put s'empêcher de sourire en coin et de soupirer. Il s'empressa alors de rétorquer : « Ce que tu appelles un voilage de face, j'appelle ça de l'hypocrisie. Mais ça n'engage que moi. » Il eut un nouveau rictus lorsqu'elle développa les valeurs des Omega Phi : droites et respectueuses. C'était ce qu'elles étaient sensés être. Elles ne l'étaient finalement pas plus que d'autres. Filles de bonnes familles, oui c'était indéniable, et c'était pour cela qu'elles s'entendaient aussi bien avec les Sigma Tau Iota et moins bien avec les Kappa Beta Omega. Elle ajouta alors une phrase qui eut le don de faire ressortir l'aspect plus quotidien de Reed, celui qu'elle devait sans doute moins apprécier. Elles savaient s'amuser ? La manière dont elle l'avait dit était remplie de sous entendus, et Enzo profita de cette perche tendue pour réaffirmer sa supériorité. Il était certes dans un trêve ce soir, il restait un ennemi. « Young tu me fais du rentre dedans ? Encore quelque chose que tu veux lui prendre ? » Encore une fois il n'avait pas prononcé son nom, c'était encore trop difficile. A peine quelques secondes de blanc plus tard, il se rendit compte qu'il venait peut être de gâcher une opportunité de converser convenablement avec la jeune femme pour une fois. Tout en lui servant un nouveau verre de Whisky, il lâcha doucement et en regardant le verre un petit « Pardon. » Ce n'était peut être pas grand chose pour elle, mais c'était un monde pour lui. L'alcool avait du jouer dans la prononciation de ce mot. La bouteille arrivait d'ailleurs à son terme. Il fit alors signe à la barmaid, secouant la bouteille vide. Elle ne tarda pas à en apporter une nouvelle, et celle ci arriva à point nommé puisqu'un silence inconfortable s'était installé. « Tu ferais mieux de rentrer chez toi avant qu'on te voit saoule en pleine nuit en compagnie du porc Reed. Des bruits pourraient rapidement courir. » Se réservant un verre, il ponctua sa phrase en lui adressant un sourire sincère et en reposant la bouteille vers elle. L'alcool montait sévèrement à la tête désormais. C'était un de ces moments où l'on ne sait jamais si l'on avoue ce que l'on ne peut pas avouer sobre, ou si l'on dit n'importe quoi.

Qui aurait cru qu’elle aurait pu rester plus de quinze minutes en compagnie de Reed sans se sentir oppressée ou ‘agressée’. Personne, en effet. Ca relevait presque du miracle. Ou alors était-ce le doux breuvage qu’ils avalaient sans se lésiner. Soit. Noélie appréciait le moment. Enzo ne tarda pas à répondre, disant concrètement qu’elles avaient une attitude hypocrite. Et, en toute franchise Noélie n’avait même pas la force de rétorquer ou de se battre pour affirmer le contraire puisqu’il y’avait une part de vérité la dedans. « Mais…on s’en fiche parce que.. ca marche » dit-elle en rigolant, les effets de l’alcool commençant à transparaitre sur son humeur, devenant joyeuse. Après tout, le genre de famille dont sont issues la plupart des Oméga Phi n’étaient pas le genre franchise, discussion à cœur ouvert etc.. mais plutôt tout dans l’apparence, la tenue, un certain respect, surtout et notamment dans le but de faire honneur à sa famille, sa lignée. Et, ca marchait aussi très bien comme ca. Enfin soit. Par ailleurs, leur façon de voir la chose, de vivre, était légèrement utopique, le genre marginaux qui s’acceptent, vivent de débauche et luxure, limite d’amour et d’eau fraiche, disons légèrement hippie sur les bords. Ce modèle avait prouvé par bien des fois qu’il n’était pas crédible. Pour preuve, jamais il n’avait pris. Il fallait un minimum d’encadrement. Bref. « Young tu me fais du rentre dedans ? Encore quelque chose que tu veux lui prendre ? » A la première partie de la réplique celle-ci rigola de bon cœur avant que le tout redescende aussi vite que c’était monté. Néanmoins, cette fois ci, elle ne se laissa pas faire. Non, elle avait compris que ca faiblesse c’était elle, la défunte. Peut être l’alcool qui lui faisait pousser des ailes mais elle rétorqua. « Ashleigh avait trop d’ambition, regarde où ca l’a mené.. » Et haussa les épaules désinvolte. Non, elle ne voulait pas enfoncer le couteau dans la plaie, juste lui montrer que ce soir elle était 'armée'. Bethany avait conseillé à ses sœurs d’aller de l’avant et c’était exactement ce que Noélie faisait en ce moment. Alors, oui elle n’avait aucun mal à prononcer son prénom. Et, oui elle disait que cette dernière avait trop d’ambition. Ambition avec tout les sous-entendus et significations qu’on peut y apporter. Donc aussi bien vis-à-vis du jeune homme et leur relation que pour aussi beaucoup d’autres choses. Soit. Après quoi, son visage se détendit lorsque le brun s’excusa, la blonde eut une expression surprise durant deux demi secondes avant d’afficher un sourire sincère. « Merci (…) pour le verre et pour les excuses » précisa-t-elle quelque peu maladroitement en affichant un nouveau sourire pour compenser. Jamais elle n’aurait cru entendre ces mots sortir de sa bouche pour elle. Soit. Noélie porta son verre rempli aux lèvres histoire de s’occuper les mains lorsque celui-ci lui conseilla de rentrer chez elle avant que des rumeurs ne s’ébruitent. « Et si…pour une fois on.. enfin, je dépassais les 'apparences' et l'opinion ? » proposa-t-elle en affichant un sourire à la fois amical et complice faisant référence à leur conversation précédente sur les Oméga Phi et leur dite aspiration à arranger leur image etc... « Puis, je suis bien ici » ajouta-t-elle spontanément. La blonde était très loin d'être hypocrite -bien qu'elle savait faire- ou manipulatrice mais plutôt le genre spontané et assez impulsive dans le sens où elle ne calculait pas ses actes et ses paroles dans 99% des cas, situations.. « Au pire, je compte sur toi pour me ramener entière » plaisanta-t-elle avant de rire, de nouveau, levant son verre en guise de ‘cheers‘, lui décochant un clin d’œil amusé avant de boire une nouvelle gorgée.

Le Oz se remplissait vidait petit à petit puisqu'il se faisait tard. Il ne restait que les piliers de bars habituels, dont Enzo faisait clairement partie. Ce qui était plus inhabituel en revanche c'était la personne qui était à ses côtés ce soir. Noélie Young, une Oméga Phi. Les bookmakers devaient à coup sûr s'être fait beaucoup d'argent sur cette probabilité, surtout vue la dernière entrevue dans le jacuzzi des deux jeunes gens. Le petit pic d'Enzo ne passa vraiment pas inaperçu puisque Noélie réplique, et le fit plutôt bien d'ailleurs. Enzo ressentit un léger pincement au coeur - si si il en avait un. Il fronça les sourcils l'espace d'un instant mais se concentra sur le reste de la discussion, il s'était excusé et les choses pouvaient reprendre leur cours. Après la séquence émotion, et le sourire sincère échangé entre les deux protagonistes, la discussion partit sur un nouveau tout autre sujet, beaucoup plus dangereux celui ci, surtout avec tant d'alcool dans le sang. Enzo avait beau être différent des autres soir, il restait Enzo Reed, l'étudiant volage qui avait un palmarès bien fourni en matière de filles, et plus la discussion avançait plus il comptait ajouter le nom de Noélie à cette liste assez longue. Il y avait pourtant une part de lui qui ne voulait pas coucher avec la jeune femme, aussi surprenant que cela pouvait être. La raison? Il ne voulait pas gâcher cette relation et se remettre à dos une personne qui semblait lui faire un peu plus confiance au fur et à mesure de la situation. Ce grand débat dans sa tête était fortement perturbé par l'alcool ingurgité, et un homme reste un homme. Enzo Reed reste Enzo Reed. Elle annonça se foutre des apparences, ce soir en tout cas. Il esquissa un sourire. Il se saisit de son verre et le vida avec une dextérité et une rapidité déconcertante. Il lui dit ensuite plongeant son regard dans le sien. « Tu n'as que de la gueule. Parler avec moi est un fait. M'embrasser serait carrément de la provocation. » Il eut un léger rire naturel et resservit la jeune femme, avant de se resservir lui même. Il tenait peut être magistralement bien l'alcool cela commençait réellement à faire beaucoup et sa tête tournait. Elle poursuivit en lui demandant implicitement de la ramener. Y avait il un sous entendu? Voulait elle qu'il la ramène avec courtoisie et gentiment comme un innocent l'aurait fait ? Ou était ce une invitation bien venue ? Il était impossible de répondre à cette question tant le cerveau de Reed peinait à fonctionner. Il répondit donc en balbutiant quelque peu, pour une fois « Chez toi ? Chez les Omega Phi ? C'est que c'est...Relativement loin d'ici. » Il se gratta la tête puis reporta une nouvelle fois son verre à ses lèvres. Cette envie de sauter sur la jeune femme tel un animal devenait de plus en plus grande, mais il se devait de garder son sang froid et surtout de ne pas le montrer. Sinon elle aurait raison sur toute la ligne, et sa parole ne vaudrait rien. Il fallait penser à la grand mère paternelle, aussi sexy qu'un pied de chaise. Oui voilà, c'était la solution. Impossible néanmoins de décoller son regard de celui charmeur de la jeune femme.

Noélie reposa sagement son verre à moitié plein sur la table en sentant les effets de l’alcool s’intensifier. Il fallait qu’elle pense à rentrer chez elle entière. Et, elle repoussa quelque peu le verre, hors de sa portée, ou plutôt de sa vue. Son regard balaya la pièce, elle s’était considérablement vidée et la blonde n’osait regarder l’heure à son poignet. Une chose était sure, il devait être tard. Ensuite, il l’accusa de n’avoir que de la gueule. Automatique, Noélie éclata de rire. Ca dépendait pour quoi, mais elle se contenta d’hausser les épaules. « ..M'embrasser serait carrément de la provocation. » L’Oméga Phi arqua un sourcil, jaugea le Kappa en face d’elle. L’alcool avait beau l’embrouiller, elle n’en était pas arrivée au point de ne plus savoir ce qu’elle faisait, de ne plus être maitresse de la situation. « En toute connaissance mais surtout conscience de chose disons, je suis d’accord. Mais.. avec je ne sais combien de gramme dans le sang, ce n’est pas du jeu, on est d’accord » fit-elle avec raison avant de ponctuer sa phrase en affichant un petit sourire satisfait -surtout d'elle-, esquivant ainsi d’avouer qu’elle n’avait que de la gueule ou de devoir lui prouver justement l’inverse. Quelques infimes minutes passèrent que le brun se mit à balbutier ce qui fit sourire la blonde en face de lui. La demoiselle comprit aisément les sous-entendus, néanmoins elle avait plus d’un tour dans son sac. « Pourquoi ? Il te faut toujours une rétribution au regard de ta contribution ? » demanda-t-elle plantant son regard dans les siens. Toute la soirée il avait été ‘aimable’ et même sympathique, tout cela allait-il lui couter quelque chose ? Est-ce que chaque « bonne » action du jeune homme se devait d’être payée ? Ne faisait-il donc rien simplement par plaisir ou lui fallait-il toujours et constamment quelque chose en échange?