J'étais assise au comptoir du oz depuis une dizaine de minutes déjà. Regardant ma montre toutes les deux minutes, j'attendais patiemment que Reed arrive. Ce mec n'est pas mon pote et je ne l'aime pas beaucoup. Je ne comprends pas les valeurs qu'il défend et je ne cherche pas à le comprendre. Alors qu'est-ce que je fais là !? Quand il m'a invité je me suis d'abord dit que je devais refuser. Et ensuite, j'ai été piqué au vif par ma curiosité qui ne demande qu'à être assouvie. Pourquoi cherche-t-il à me voir ? Je me doute bien évidement de ce dont il veut me parler mais je veux savoir exactement ce qu'il a à me dire. Je n'avais pas chercher à me rendre spécialement jolie ce soir, pas pour lui. J'avais gardé ma tenue de la journée, un slim, une paire de ballerine noire et un top noir lui aussi. Banal. Mes cheveux roux recouvraient mes deux épaules, là encore j'avais joué la simplicité. Le barman avait déposé un verre de vodka devant moi, verre dans lequel je trempais mes lèvres de temps à autres, préférant être sobre pour affronter ce mec. C'est alors que je le vis pousser la porte du bar ... Soudainement je n'étais plus sûre d'avoir fait le bon choix en venant ici. Peut-être était-il encore temps pour faire demi-tour. Peut-être n'avais-je pas envie de discuter avec lui aujourd'hui. J'étais soudainement nerveuse, mon cerveau réfléchissant à ce que je devais faire. Merde. Plus vite Manoé. Il faut faire un choix. J'attrape le verre qui se trouve devant moi et j'oublie la bonne résolution prise un peu plus tôt. Je bois tout le contenu de celui-ci d'une seule traite et tente de récupérer mon calme. Je souffle et me retourne vers lui alors que je sens sa présence à mes côtés. « Alors Reed, je t'écoute ... qu'est-ce que tu veux ? » Autant aller tout de suite à l'essentiel. Je préfère savoir tout de suite ce qu'il attend de moi, au moins nous ne perdrons pas de temps en tournant autour du pot. Mon regard est posé sur lui et plutôt insistant. Je ne le lâche pas du regard, je ne faiblis pas devant lui. J'appelle le barman d'un simple geste de la main et lui demande de me remettre la même chose.

Reed avait envie de s'amuser en cette fin d'après midi ensoleillée. Il était occupé à réviser ses cours de psychologie lorsqu'une idée lumineuse lui traversa l'esprit. Il sortit alors son iPhone et s'empressa d'envoyer un message à la plus délurée des Oméga Phi : Manoé Dawson. Il avait évidemment une idée derrière la tête, et bien que les deux jeunes gens n'étaient pas en bons termes, ils savaient pertinemment qu'elle se montrerait. D'abord parce qu'elle était affreusement curieuse. Mais aussi parce qu'elle lui devait quelque chose. Il le savait, elle le savait, et c'était tout. Il fit donc son apparition dans le Oz, quelques minutes après l'heure donnée. Vêtu d'une simple chemise noire presque totalement ouverte, il avait une cigarette à la bouche et portait un chapeau qui lui allait à ravir, à lui et uniquement à lui. Il vit la jeune rousse s'approcher un peu de lui et ne put s'empêcher de sourire malicieusement. Elle semblait perturbée, stressé, mais aussi affirmée. Elle n'avait pas peur de le défier du regard, d'affronter cette aura qu'elle avait face à elle. On pouvait dire ce que l'on voulait sur le jeune homme, il restait charismatique. Elle lui demandait ce qu'il voulait. Elle avait été directe sur ce coup, trop directe. Il voulait jouer et cela prendrait le temps qu'il faudra. Sans répondre et sans lui prêter une attention aucune il sourit à la barmaid et commanda à son tour une boisson. Il revint ensuite vers Manoé avec deux verres à la main. Il lui en tendit un, et garda l'autre pour lui. Sa cigarette toujours au bec, il cendra, puis s'assit sur le rebord du billard, face à la rousse. Il était sensé être en colère contre elle, il était sensé lui en vouloir. Il avait décidé de la punir autrement, tout en se faisant plaisir. « J'ai beaucoup réfléchis. Et je te pardonne. » Il esquissa un sourire malin et attendit de voir la réaction de la jeune femme. Évidemment cela n'allait pas être aussi simple que ça, et elle était assez intelligente pour l'avoir deviné.

Peu après son arrivée, avant de répondre à la question que je lui avais posé, Reed était parti nous chercher deux verres. J'attrapais sans réfléchir et sans méfiance le verre qu'il me tendait sans pour autant le porter à mes lèvres. J'attendais qu'il ouvre la bouche pour répondre à la question que j'avais formuler quelques instant plus tôt. J'étais prête à tout entendre , les pires mots ... Je bois une gorgée de mon verre « J'ai beaucoup réfléchis. Et je te pardonne. » Pardon !? Surprise de cette réponse, j'ai du mal à retenir le liquide que j'ai en bouche et l'avale de travers ce qui me fait toussoter durant un petit instant. Une fois que cette toux est passée, mon regard se tourne une nouvelle fois vers le jeune homme. « Tu me pardonnes !? Comme ça, du jour au lendemain tu décides de me pardonner sans rien me demander en échange. Ce serait trop beau, j'y crois pas. » J'articulais chacun de mes mots et levai mes yeux aux ciels. Une façon pour moi de lui faire comprendre que j'étais pas dupe et que comme on le sait tous : rien n'est jamais vraiment pardonné. Après tout, je ne lui en avais pas plus voulu que ça, je comprenais sa colère à mon égard et je vivais parfaitement avec. Je comprenais cette colère, à sa place je m'en serais plus voulu encore. Mais soit. Une nouvelle fois je portais le verre à mes lèvres pour en boire une gorgée. J'attrapais la cigarette qu'il avait entre les doigts et tirait une taffe dessus avant de la lui rendre. Mon regard ne le quittait toujours pas. Mes longs cils battaient très peu, signe de ma concentration. « Pourquoi me pardonner ? » Avais-je finalement osé lui demander. Je voulais comprendre son geste, le comprendre lui. C'était une voix presque enfantine qui avait résonner, la même voix qui demandait par le passé à mon père pourquoi il me privait de sortie, pourquoi il m'interdisait de voir un mec, pourquoi il n'était pas souvent là.

Voir le visage inquiet et intrigué de Manoé était un vrai plaisir pour Enzo qui évidemment avait une idée derrière la tête. Et comme souvent avec ses idées, la fin impliquait le rapprochement serré de deux corps. Il n'avait aucun doute en son pouvoir de séduction, ni aucun doute en sa facilité à faire ce qu'il voulait des gens. Il ne semblait avoir aucune faiblesse, et comptait bien règner et profiter un maximum. Un jour l'université prendrait fin, et le monde actif serait bien plus difficile à maîtriser. La jeune femme, qui manqua de s'étouffer, fit par de ses doutes quant à la crédibilité des propos de l'italien. Elle avait été perspicace sur ce coup là, et c'était tant mieux. Bien qu'Enzo adorait faire durer le jeu, il aimait aussi arriver au dénouement, c'est à dire à sa victoire. Ne dit on pas échec et mat ? Reed buvait doucement son verre tout en fixant la jeune femme. Du haut de son billard, il se fit prendre sa cigarette par une Manoé qui perdait très nettement ses moyens. Elle posa une question bien inutile, ce que ne manqua pas Enzo de lui faire remarquer. « Qu'est ce qu'on en a à faire du pourquoi ? Ce qui est important, c'est le comment. » Il ponctua sa phrase par un très joli sourire, aussi sincère que vicieux. Il reprit en se levant et en tournant autour de le jeune femme, tout en jouant avec son verre à moitié plein. « Quand on me trahit, quand on m'attaque, je répond générallement par quelque chose d'équivalent voire de pire. Il suffit de regarder ce pauvre Jaden pour constater le pouvoir que j'ai sur les gens.» Il marqua une pause dans son explication, et tendit la cigarette à la belle rousse. « Alors comment te pardonner, hein ? » Il sourit une nouvelle fois. Lui avait bien sûr une réponse, mais cela pouvait s'avérer drôle de connaître celle de Manoé.

Je détestais ne pas être maître de la situation. Ce qui explique sans aucun doute ma nervosité actuelle. Je me connais, je sais que je suis naïve, facile à manipuler ... c'est pour cela que je reste sur mes gardes. Je connais la réputation du jeune homme qui se trouve en face de moi, et il est hors de question qu'il joue de ma personne. « Qu'est ce qu'on en a à faire du pourquoi ? Ce qui est important, c'est le comment. » Ma question n'était pas si stupide que ce qu'il me laissait penser. C'était important de savoir pourquoi il tournait la page. Il pourrait dire n'importe quoi ... Trouver l'excuse la plus minable du monde mais pas contourner ma question. Je déteste ça. « C'est important Enzo ... Je ... pourquoi ? » Je ne savais pas si j'avais raison d'insister. Cela lui taperait sans aucun doute sur les nerfs mais je devais ou plutôt il devait répondre à cette question. Je reste fixe face à lui, je tente de rester le plus calme possible. De ne pas paniquer inutilement. De ne pas ressembler à une pauvre biche effrayée. Celui-ci tournait autour de moi, mon regard se porta d'abord sur le verre qu'il tenait entre ses doigts et ensuite sur ses pas. Pervers. Oui, il me faisait soudainement penser à un vieux pervers. Un mac' autour de sa pute. Je lève les yeux aux ciels, limite dégoûtée. « Quand on me trahit, quand on m'attaque, je répond générallement par quelque chose d'équivalent voire de pire. Il suffit de regarder ce pauvre Jaden pour constater le pouvoir que j'ai sur les gens.» J'attrapais la cigarette que le brun me tendait et tirait une nouvelle fois sur le bâton de nicotine avant d'en recracher la fumée. « Il fallait s'y attendre. » Lui avais-je dit avec un sourire plus faux que jamais. Je terminais sa clope que j'écrasais ensuite dans un cendrier qui se trouver à proximité de moi. « Alors comment te pardonner, hein ? » Bonne question. « Regarde moi bien Reed, il est hors de question que je finisse dans ton pieu... As-tu d'autres suggestion pour aider à mon pardon où bien je m'en vais tout de suite ? » Je savais que j'aurais le droit à une crasse, le connaissant.

Enzo était d'humeur joueuse. Il était calme, souriant, voire même sympathique ce qui était assez rare pour être souligné. Pourtant Manoé était elle dans des dispositions tout à fait différentes puisqu'elle était clairement sur la défensive, et se la jouait grande fille. Enzo connaissait sa réputation mais il la savait fausse. Il n'allait pas être ce gamin qui allait la titiller avec ce genre de choses, il jouait dans une autre catégorie. Il avait bien mieux à dire, bien mieux à faire. Tout en écoutant la jeune femme lui faire une sorte de morale bien mal venue de sa part, l'italien se saisit d'une queue de billard, et se rassit face à la jeune femme. Il avait posé son verre juste à côté de lui. L'air amusé, il fixait la belle rousse, tout en jouant avec le baton. Il n'avait évidemment pas répondu au deuxième pourquoi soufflé par la jeune femme. En quoi était ce important ? Il en avait juste décidé ainsi, c'était tout. Il ne fallait pas chercher plus loin. Il dit néanmoins pour détendre un peu la puce qu'il avait face à lui : « Ne vient on pas pourtant de fumer le calumet de la paix ? » En effet ils venaient de partager une cigarette et cette métaphore semblait parfaitement adaptée à la situation. Néanmoins il restait encore quelques étapes à la rousse pour obtenir le pardon de Reed. Il ne fit pas attention à sa tentative de jouer la grande fille et reprit : « On va faire simple : je me doute que tu te fiches de mon pardon. Néanmoins je te l'offre, parce que je suis très généreux. Voilà c'est fait, tu n'as plus rien à te reprocher, tu es toute pardonnée, tu peux partir du bar... » Il laissa la jeune femme ésperer quelque instants puis reprit après ce long silence. « Ce qui sous entend évidemment que tout le monde saura ce que tu as fait. Par tout le monde j'entends bien sûr les deux inspecteurs. Je suis sûr qu'ils ne trouveront pas ça louche, tu auras le droit à quelques nuits au poste pas plus, ne t'en fais pas. » Il souriait toujours aussi vicieusement, et jouait avec son baton. Il avait désormais largement le dessus, et le moment qu'il appréciait tant allait arriver : la soumission.

Je ne savais pas vraiment comment réagir face à Enzo. J'étais plutôt mal à l'aise et cela devait se sentir, même si je faisais mon maximum pour le cacher. Je ne le comprenais pas et cela me perturbait plus que jamais. Je déteste ne pas savoir ce qu'il se trame dans la tête des gens, malheureusement je n'ai pas le don d'Edward Cullen. Vous savez ce vampire pailleté dont toutes les meufs de quatorze ans sont fanatiques .... Quoi que, il est peut-être passé de mode maintenant non ? Bref, je n'ai pas son don et je ne peux pas savoir ce que les gens pensent. Je dois faire avec et garder la tête froide. Il n'avait pas répondu à ma question et cela me refroidit d'avantages encore. Même si il essayait d'être sympa, il ne m'aidait pas. Il ne semblait pas vouloir m'aider à être plus à l'aise ... Cela ne dépendait que d'une petite réponse qu'il n'avait pas voulu me donner après tout. « Ne vient on pas pourtant de fumer le calumet de la paix ? » J'étais plutôt sceptique. « Certes ... on peut voir ça comme ça. » J'avais finis par approuver, je ne voulais pas vraiment jouer la chieuse ce soir. Pas plus que je ne l'avais déjà fait. « On va faire simple : je me doute que tu te fiches de mon pardon. Néanmoins je te l'offre, parce que je suis très généreux. Voilà c'est fait, tu n'as plus rien à te reprocher, tu es toute pardonnée, tu peux partir du bar... » Bien, dans ce cas. J'attrapais déjà mon sac à main prête à partir et laisser tomber son pardon. Au fond, je n'en avais pas grand chose à faire de ce mec, il ne m'apportait rien et n'était aucunement mon ami. Je ne perdais rien en quittant ce bar. J'étais prête à le saluer, lui dire que dans ce cas je partais ... c'est alors que ses mots me coupèrent dans mon élan. « Ce qui sous entend évidemment que tout le monde saura ce que tu as fait. Par tout le monde j'entends bien sûr les deux inspecteurs. Je suis sûr qu'ils ne trouveront pas ça louche, tu auras le droit à quelques nuits au poste pas plus, ne t'en fais pas. » alors que j'avais déjà tourner les talons, je me retournais une nouvelle fois fixant l'étudiant. Je redéposais mon sac et le fixait longuement. « Ne fais pas ça ... Dis moi ce que tu attends de moi mais ne fais pas ça . » Je voulais éviter de passer par le bureau des flics ... Je ne voulais pas être suspecté de la mort de quelqu'un que je considérais comme mon amie. Cette fille était mon amie, elle avait compté et jamais je l'aurais tué. « Je t'écoute Enzo... ne dis rien aux flics et je ferais ce que tu veux. » Cela me faisait du mal de devoir me soumettre ainsi à quelqu'un. Je déteste ça ...et je n'ai pas le choix.

Lorsque l'on possède le pouvoir, les revirements de situations sont aussi drôles que soudains, ce qui rend la majeure partie des journées, amusantes et ludiques. C'était le cas de celle ci. Enzo n'était venu dans ce bar que dans l'optique de profiter un peu du malheur des autres, en compensant avec son bonheur. En repensant à la confiance en elle qu'affichait Manoé au début de leur entrevue, Enzo ne put s'empêcher de laisser filer un rire léger et poli. Il se souvint aussi de la phrase remplie de dégout de la jeune femme quant à une possibilité de coucher avec lui. C'était drôle comme en une fraction de seconde les choses pouvaient changer, et cela avait été encore une fois le cas avec Dawson. C'était le quotidien du président, et cela pouvait parfois être lassant. Il fallait donc trouver des "punitions" de plus en plus originales, et des châtiments tout aussi intéressant. Toujours assis sur le billard, le baton en main, Enzo ne lâchait pas des yeux les prunelles de Manoé, qui avaient elles tendance à fixer le beau sol du Oz. Elle avait failli croire au pardon d'Enzo et avait quitté les lieux, avant que l'italien lui lâche cette bombe. Elle avait évidemment tourné aussi tôt les talons, et lui faisait de nouveau face. La peur se lisait sur son visage, c'était évident et cela en devenait de fait, jouissif pour le jeune homme qui avait une jolie jeune femme face à lui qui venait de prononcer la phrase que tout homme rêve d'entendre : "je ferais ce que tu veux". Enzo leva les yeux au ciel l'espace d'un instant, faisant mine de réfléchir. Il répondit avce una ir plus sérieux et en retrouvant le regard de Manoé. « Tu es insignifiante à mes yeux. Personne ne s'intéresse à toi, tu n'as rien à m'offrir. Je ne savais franchement pas quoi faire de toi, mais tu vas peut être pouvoir m'aider à jouer un peu avec ta grande soeur préferée. Nous allons coucher ensemble. Ce soir, chez toi. » Il s'arrêta pour se lever et se mit à caresser doucement les bras de la jeune femme. « Ton corps de prostituée de bas étage ne m'intéresse pas particulièrement, je te rassure. Considère que tu es juste un moyen pour moi de m'amuser un peu en emmerdant Bethany. » Il eut un léger sourire et vint déposer un baiser froid dans le coup de la belle rousse, il se recula ensuite un peu et sourit de plus belle. « Alors ? La police, ou un ticket pour le paradis avec Reed ? » Il adorait ce moment qui s'annonçait comme le bouquet final.

J'attendais ma sentence. J'avais l'impression d'être prisonnière ... Peut-être que ce moment de ma vie se résumait à me retrouver en prison. Soit celle d'Enzo, soit celle des flics, c'était à moi de choisir et je ne savais pas vraiment quel choix faire. Pourtant, il avait de l'importance ce choix, trop d'importance peut-être. Mes yeux restaient rivés vers le seul, patientait que ses mots tombent. Que ses attendes soient prononcés. « Tu es insignifiante à mes yeux. Personne ne s'intéresse à toi, tu n'as rien à m'offrir. Je ne savais franchement pas quoi faire de toi, mais tu vas peut être pouvoir m'aider à jouer un peu avec ta grande soeur préferée. Nous allons coucher ensemble. Ce soir, chez toi. Ton corps de prostituée de bas étage ne m'intéresse pas particulièrement, je te rassure. Considère que tu es juste un moyen pour moi de m'amuser un peu en emmerdant Bethany. » Le verdict venait de tomber ... J'étais un vulgaire jouer. Un putain de jouet qui lui servirait à atteindre Bethany. J'étais perdue. Quel choix prendre. Elle ou moi. « Si personne ne s'intéresse à moi, fais comme tout le monde. Oublie moi. Enzo, que tu le crois ou non ... » Je me rapprochais alors de lui pour parler à voix basse. Je ne voulais pas crier cela sur tous les toits. Ce n'était pas mon genre. Malgré toutes les rumeurs qui couraient sur moi, il fallait qu'il sache. « Je suis toujours vierge. » avais-je doucement murmuré au creux de son oreille. En réalité, je lui faisais cette confession parce que j'avais peur de ne pas être au niveau. Après tout, il avait connu de nombreuses filles me ridiculisé m'effrayait vraiment. Je voulais qu'il sache où j'en étais avant d'aller plus loin que ça. Bien sûr, ce n'était pas comme ça que j'avais prévu de perdre ma virginité mais il faut croire qu'on ne suit pas toujours ses plans. J'aurai aussi préféré que cela reste entre nous, mais là encore je ne pouvais pas lui soumettre mon avis puisque son but était d'atteindre ma présidente. Si j'avais pu éviter cela à Bethany, je l'aurai fait mais il était désormais question d'elle ou moi. Et entre la sauver ou me sauver, je me sauve moi-même sans réfléchir. « Alors ? La police, ou un ticket pour le paradis avec Reed ? » Avait-il dit après avoir déposé un baiser qui ne me plu pas du tout dans mon cou. C'était faux. Tout sonnait faux. J'y repensais encore une fois. Mon choix se fit plutôt rapidement au final. Je savais que l'on comprendrait mon geste ... Enfin non. Parce que je ne pourrais l'expliquer à personne. J'ai fait un choix, c'est comme ça et puis c'est tout. « Optons pour la deuxième option alors ... » Je regardais longuement celui-ci.

La révélation de Manoé glaça le sang d'Enzo, qui perdit l'espace d'un instant son habituellle maîtrise et laissa entrevoir une émotion sur son visage. Il ne le savait pas. Il ne s'en doutait pas. Ce n'était pas un trophée comme pouvait l'être la viriginité de Avery, car Manoé ne le scandait pas sur tout les toits. Elle préferait même que l'on pense que c'était une garce plutôt que de l'avouer. C'était étrange, et c'était surtout une très mauvaise nouvelle. Il ne pouvait pas lui enlever ainsi ce qu'il y avait de plus important pour elle pour son petit jeu gamin et d'une médiocrité incroyable. Mais s'il ne le faisait pas elle irait dire partout qu'il s'était ramoli. Il devait assumer son rang de président de Kappa. Il devait le faire pour ses frères, pour sa réputation, pour l'enjeu. Tant pis s'il faisait une mauvaise action, ce serait une de plus. Mais évidemment cela compliquait tout. Se voulant sincère il fronça les sourcils et se gêna pour le faire remarquer à la jeune femme. « Comment tu peux être vierge alors qu'on parle de toi comme d'une peste en version MST. Même moi je ne t'égale pas en rumeur. » Il ne se voulait pas du tout méchant, au contraire. Il se gratta la tête embêtté et contrarié. « Tu ne rends pas les choses faciles Dawson. » Il faut dire qu'il avait choisi Manoé comme cible car il pensait que ce ne serait pas grand chose pour elle de coucher avec lui, ou mieux que ce serait un honneur. Mais là, une première fois. C'était trop. Elle avait néanmoins accepté et fixait le jeune homme. Pour rassurer sa conscience déjà salie, il se disait qu'au moins pour une première fois elle aurait affaire à un maître en la matière. Elle ne souffrirait pas, bien au contraire. Elle se souviendrait de lui toute sa vie. Voilà, il avait repris du poil de la bête. Il s'approcha donc de la jeune femme et sa plaça derrière elle. Il posa chacune de ses mains sur les épaules de Manoé. Il soupira et vint lui chuchoter à l'oreille. « Je suis vierge des rousses...Comme ça, ça sera une première fois pour nous deux. » Il ricana quelque peu. Il n'essayait pas de la rassurer, juste de se rassurer lui même en fait.