Katlyn tapotait nerveusement son crayon sur le bureau dans un rythme soutenu depuis environ dix minutes. Timon avait du retard et cela l’agaçait tout particulièrement. Elle espérait qu’il n’allait pas l’appeler pour annuler au dernier moment leur rendez vous en prétextant d’horribles maux de ventre ou une autre invention débiles. La patience de la brunette avait des limites et elle ne supportait pas qu’on les dépasse. Elle méritait un minimum de respect. Mais ça, Timon ne devait pas savoir ce que c’était. Elle soupira en sortant son téléphone de son sac. Aucun appel en absence, aucun message. Ca l’aurait étonné. Prévenir qu’on aurait un peu de retard ça ne tuait personne, si ? Croisant ses bras sur sa poitrine, elle poussa un nouveau long soupir. Si dans deux minutes, il n’était pas là, elle allait vraiment s’énerver. Timon n’avait que dix malheureuse minutes de retard mais Kaitlyn ne plaisantait pas lorsqu’il s’agissait de ses études. Elle savait se montrer intransigeante quand il le fallait. Et là, c’était définitivement le cas. Soudainement, elle commença à ranger toute ses affaires. La colère se lisait sur son visage. S’il ne venait pas à elle, alors elle irait le chercher. Qu’il le veuille ou non. C’est en se leva qu’elle parvint à se calmer un petit peu. En effet, elle vit Timon passer la porte de la bibliothèque et se diriger vers elle d’un pas lent. Kaitlyn fronça les sourcils en reprenant aussitôt place sur sa chaise. « J’espère que tu as une bonne excuse pour ton retard ? Autant te dire que si tu n’as sauvé un enfant de la noyade, ça ne marchera pas. Qu’est-ce qui tourne pas rond chez toi Holbrook ? Je n’ai pas que ça à faire de t’attendre pendant des plombes à chaque fois. »

Je rive mes yeux sur mon réveil. Un affreux radio-réveil que j'ai rapporté de ma chambre d'adolescent dans ma demeure familiale à Détroit jusqu'à MVU, qui à chaque fois qu'un chiffre se modifie, c'est-à-dire toutes les minutes, émet un affreux bruit sonore, qui est le fardeau officiel de toutes mes nuits passées à rester éveillé. Bien entendu, l'heure inscrite en grands caractères rouges semble me narguer en m'indiquant que je suis déjà en retard à mon rendez-vous hebdomadaire à la bibliothèque de l'université. Je pousse un long soupir d'ennui tout en me levant de mon lit, étant d'ores et déjà persuadé que j'allais encore m'en prendre plein la tête. J'hésite pendant quelques secondes à lui envoyer un message et inventer un empêchement de dernière minute de toute pièce, sauf que je l'ai déjà fait la semaine dernière. Certes, j'ai conscience qu'elle n'est pas totalement idiote et crédule, mais là, ça deviendrait nettement abusé. Je fourre divers livres dans mon sac, sans vraiment chercher à mesurer la future utilité de ceux-ci. Disons que c'est plus pour la forme. Sans trop me pressé je sors, et cherche une excuse plausible à lui servir, tandis que je marche le long du chemin menant du pavillon des KBO à la bibliothèque. Un entraînement de hockey me semble tout à fait possible, après tout entant que capitaine d'une équipe de niveau national, Enzo Reed pourrait tout à fait décider d'occuper les après-midi libres de ses joueurs à patiner sur la glace... Ce que je, soit dit en passant, préfèrerai assurément plutôt que de travailler sur un projet qui est loin de mon propre cursus universitaire. A peine ai-je passé le seuil de la bibliothèque, que Kaitlyn me saute dessus, à croire qu'elle m'attendait planquée derrière les portes. Je cligne des yeux, légèrement surpris, avant de répondre sarcastiquement: « Elliott Baldwin a tellement prit la grosse tête, que le pauvre enfant a vu son aviron se déséquilibrer littéralement et il est tombé à l'eau. Que serait MVU sans lui, sincèrement ? J'étais bien obligé de le secourir, n'est ce pas ? »

« Assurément. Quel héro tu fais! » siffla-t-elle entre ses dents après avoir entendue l’excuse de Timon. « Tu devrais avoir une récompense. Tu sais quoi, je vais en parler dans le journal de l’université. Tout le monde doit savoir à quel point tu es un être merveilleux. »surenchérit-elle . En réalité, elle avait envie de lui dire qu’il n’était qu’un goujat mais elle n’avait pas vraiment besoin de le faire. Il n’y avait qu’à voir son regard dur et son sourire hypocrite, cela en disait long et elle savait que Timon comprenait parfaitement ce qu’elle pensait à ce moment même. Et puis, de quel droit se permettait-il de parler d’Elliott de cette façon devant elle. Kaitlyn l’appréciait et elle jugeait qu’il s’agissait là d’un manque de respect. Par exemple, contrairement à e lui, elle n’abordait pas le sujet d’Enzo Reed lorsqu’ils étudiaient. Parce qu’elle savait de source sûre qu’il était son bras droit. Comme ça, en évitant le sujet, elle évitait de dire des atrocités à son égard. Même si elles les pensaient. « Je sais que ça ne te fais pas plaisir de venir me donner un coup de main toute les semaines et ce sentiment est entièrement partagé. MAIS, n’oublis pas que tu bénéficieras d’une note toi aussi ou d’une appréciation dans ton dossier. Peut importe ce dont il s’agit, on est tous les deux embarqué dans une chose qui ne nous plait pas mais c’est comme ça. Et la moindre de chose quand on arrive en retard, c’est de pre-ve-nir » Kaitlyn s’était un peu emporté sur la fin de sa phrase mais il fallait la comprendre, elle était à cran. Plutôt du genre à travailler seule, elle détestait qu’on lui impose un partenaire. Surtout que celui-ci se trouvaient être en deuxième année et qu’il n’en avait absolument rien à faire de ses petits soucis d’étudiantes en premières années. « On doit travailler sur une affaire ayant fait les gros titre des medias, défrayé la chronique. Cela doit être récent. » Kaitlyn sortit de son sac une pochette noir ou elle avait découpé plusieurs articles de journaux et quelque prise de notes sur lesquelles elle s’était déjà avancé. Elle rassembla ses feuilles devant elle et poursuivit. « Pour rester dans le thème, j’ai choisit la mort suspecte qu’il y a eu sur le campus l’année dernière. » Elle pinça ses lèvres et planta son regard dans celui de Timon. « Ashleigh, c’est ça ? Tu étais déjà là l’année dernière, tu devais la connaitre ? » Ou, comment emmener progressivement son plan . Kaitlyn avait un devoir à faire pour la fin de l’année certes, mais il ne concernait en rien le thème qu’elle venait d’évoquer. Cela n’était qu’une invention pour en savoir plus de la part de Timon. Car oui, si elle voulait savoir qui était le meurtrier d’Ashleigh, elle devrait interroger TOUT LE MONDE.

Un demi-sourire amusé a tout juste le temps de s'afficher sur mes lèvres, avant que je me mette à hocher de la tête d'un air grave et sérieux, tandis qu'elle part au quart de tour à propos de ma plaisanterie. En fait, je ne connais pas vraiment Elliott Baldwin, ou du moins pas davantage qu'à travers la réputation qui le précède à la MVU, je ne suis donc sûrement pas le mieux placé pour ironiser à son sujet, mais de ce que je sais de lui, l'image semble coller parfaitement à sa prétention légendaire... A moins que je n'aie passé trop de temps à écouter les discours cynique du président de ma confrérie et capitaine de mon équipe de hockey -autant dire que je passais en règle générale beaucoup de mon temps en compagnie d'Enzo Reed- à propos de son principal rival à l'université. Alors que je m'apprêtais à m'avancer vers une table mise à disposition des étudiants dans la bibliothèque, Kaitlyn décida d'en rajouter une couche en déballant tout un monologue au sujet de mes mauvaises manières. Partagé entre surprise et amusement, mes yeux se font un peu plus ronds, tandis que la jeune femme se met carrément à m'hurler certains mots au visage. A croire qu'elle a abusé de café ou d'une toute autre substance en attendant mon arrivé. Le regard curieux lancé dans notre direction par un vieux professeur du style nœud de papillon et pantalon en velours côtelé bien repassé finit par m'achever et je ne peux m'empêcher de sourire, mais alors un tout petit peu. « J'ai à peine quelques minutes de retard... » dis-je pour me justifier, d'un ton qui commence à se faire un peu blasé de perdre notre temps en nous chamaillant l'un avec l'autre. Je parviens enfin à regagner une place et je pose mon sac sur la table. « On doit travailler sur une affaire ayant fait les gros titre des médias, défrayé la chronique. Cela doit être récent. » Je sors également des livres de ma sacoche, qui n'ont aucun rapport avec ce que l'on est censé traiter, mais parce que j'ai trop peur de me faire une nouvelle fois engueuler si elle décide de m'accuser d'attendre que l'heure passe. « Pour rester dans le thème, j’ai choisit la mort suspecte qu’il y a eu sur le campus l’année dernière. Ashleigh, c’est ça ? Tu étais déjà là l’année dernière, tu devais la connaître ? » Je me stoppe pendant une demi-seconde, avant de continuer mon geste. J'avale ma salive, avant de répondre sans lever les yeux dans sa direction: « On s'entendait plutôt bien... Je ne sais pas si on peut qualifier un meurtre dans une université d'affaire ayant "défrayé la chronique". La mort est présente partout, ça manque cruellement d'originalité, tu ferais mieux de prendre le scandale du Watergate ou quelque chose de niveau gouvernemental... »