Son sac à l’épaule, sa tenue parfaitement ajustée et après avoir retouché son maquillage aux toilettes, Sabella traversa les couloirs de l’université la tête haute, un sourire aux lèvres. Elle salua quelques uns des camarades qu’elle connaissait, s’arrêta plusieurs minutes pour converser avec certaines de ses sœurs mais quitta avec plaisir le bâtiment. Elle s’était quasiment endormie pendant son cours, la faute à leur professeur, ou à l’heure matinale. C’était cruel de placer des cours avant dix heures du matin, qui peut réellement se concentrer à cette heure là ? Heureusement, son clavaire était terminée et c’était enfin l’heure du déjeuner. Elle se permit de rejoindre une de ses amis qui se trouvait, comme par hasard tout au début de la file et pu ainsi rapidement acheter sa salade et sa bouteille d’eau. Elle n’avait pas mangé autre chose depuis qu’elle était arrivée à l’université, c’était en quelque sorte son rituel. Ses talons s’enfoncèrent dans l’herbe de la pelouse mais elle arriva sans encombre jusqu’à Gabriel. Ils avaient prévus de se retrouver pour déjeuner, avait vraisemblablement mal comprit. Elle pensait qu’ils seraient seuls et donc que ce serait un déjeuner tranquille mais une dizaine de personne étaient assises en cercle dont une fille que Sabella connaissait de réputation et qu’elle ne pouvait supporter. Évidemment, celle-ci se trouvait juste à côté de Gabriel. Lorsqu’elle lui toucha la cuisse, Bella accéléra et parvint à leurs hauteurs. Toussotant pour marquer sa présence, elle attendit qu’ils lèvent les yeux sur elle pour leur faire un grand sourire puis se baisser pour embrasser Gabriel passionnément, sa main fourrageant légèrement dans ses cheveux. « Bonjour chéri, comment ça va aujourd’hui ? » Elle se releva, un grand sourire toujours étalé sur ses lèvres et posa ses affaires près de lui avant de forcer la jeune femme à se pousser pour s’installer entre eux. « Je croyais que ce n’était que toi et moi ce midi, j’avais prévu quelque chose d’assez divertissant. » Elle se mordilla la lèvre inférieure tout en laissant sa main descendre le long du torse du jeune homme. Elle n’avait pas envie de jouer la comédie devant tout ses amis.

La matinée avait été tranquille. Je m'étais levé assez tard. Oui, j'avais cours. Non, je n'y suis pas allé. C'est mal mais aujourd'hui, je n'avais vraiment pas le courage. Rester dans mon lit à végéter était tellement plus tentant que d'affronter les graphiques compréhensibles dès le réveil. J'avais donc traîner, je m'étais levé tranquillement et j'avais pris mon courage à deux mains pour aller prendre l'air, alors que je n'avais qu'une envie, rester dans mon lit. En plus, je devais déjeuner avec Sabella. Et je n'osais même pas imaginer sa réaction si jamais j'avais le culot de lui poser un lapin ... Et puis, j'aimais trop être avec Sabella pour la laisser en plan. Oui, ça fait un peu niais de dire ça mais après tout, c'était la vérité. J'aimais Sabella même si je savais parfois qu'elle ne méritait pas l'amour que je lui portais. Mais bon, j'étais bien trop naïf pour m'en rendre réellement compte et la laisser tomber.
J'étais à présent assis en tailleur sur la pelouse, en compagnie de potes de confréries et de pas mal de filles. D'ailleurs, y'en avait une juste à côté de moi, qui me faisait de l'œil depuis que j'étais arrivé. Je ne la connaissais pas, je ne l'avais jamais vu et je ne connaissais même pas son prénom mais qu'importe ! Elle était mignonne, c'était suffisant. Et puis, je n'avais pas à parler, elle faisait la conversation pour deux. A la rigueur, j'acquiesçais de temps en temps et marmonnais un vague "oui" mais c'était tout. On me toucha la cuisse. C'était la fille que je ne connaissais pas, qui me regardait à présent en souriant. Je lui rendis son sourire, pile au moment où un toussotement se fit entendre. Bien évidemment, tout le monde leva la tête, y compris moi. Sabella. Sabella se tenait juste derrière moi. Elle sourit, se baissa et m'embrassa. Je me laissai faire, sans rien dire. Je sentais sa main dans mes cheveux et cela me fit sourire. « Bonjour chéri, comment ça va aujourd’hui ? » Bonne comédienne. Oui, personne ne se doutait que tout cela n'avait aucun sens. Sabella jouait un jeu. Sa réputation comptait plus que tout et s'afficher à mes côtés était visiblement bénéfique pour elle. Cependant, je ne pouvais résister à son sourire. « Ça va, la matinée a été tranquille. J'ai séché. », lâchai-je nonchalamment. Je me sentais un peu coupable mais je redevins bien vite le Gabriel immature qui ne se soucie de rien. « Je croyais que ce n’était que toi et moi ce midi, j’avais prévu quelque chose d’assez divertissant. » Sa main caressait mon torse. Je savais que tout cela n'était que du faux. Et j'avais aussi complètement oublié qu'on devait manger en tête à tête. Et puis après tout, elle devait être contente. Elle pourrait ainsi prouver à toutes nos connaissances à quel point nous étions "parfaits" ... Je me grattai la tête, d'un air parfaitement idiot et répondis : « Oups. J'ai oublié. Tu m'en veux pas, hein ? ».