Sabella Potter & Enzo Reed

Ce matin là, Enzo Reed ressemblait à n’importe quel étudiant, la réputation d’être président d’une confrérie en plus, évidemment. Il n’était pas vraiment motivé mais son assiduité en classe semblait avoir prit le dessus sur cette passion dévorante qu’il entretenait avec sa couette. Peu bavard, il ne répondit pas aux quelques « bonjour » que les autres émettaient sur son chemin, excepté lorsqu’un Kappa Beta Omega le faisait, auxquels cas, il oubliait un rare instant son humeur massacrante et peu encline à toute discussion. On était président ou on ne l’était pas. A peine eut-il mit un pied dans le couloir principal de l’université, que son regard se posa inévitablement sur une étudiante. Elle aurait pu être jolie si elle n’avait pas trop insisté à se peindre les lèvres et à se charbonner les yeux, elle aurait pu. Malheureusement pour elle, elle ne l’était pas. Pas comme ça en tout cas. Sabella Potter était apparemment de celles qui aiment ruiner leur vies, pour une raison qui n’en était pas une. Ashleigh était mieux. Passant sa main glacée dans ses cheveux, Enzo reprit sa marche assurée tout en observant à gauche puis à droite, si une affiche retiendrait son attention. Il passait souvent dans ce couloir dans l’unique but de s’assurer qu’aucune affiche allant à l’encontre de sa confrérie ne s’y trouvait, inutile de le répéter, il était évidemment le meilleur président que ses frères auraient pu avoir. Contre toute attente, la sœur d’Ashleigh semblait l’avoir vu et ne comptait pas le laisser filer. L’étudiant lui adressa un sourire en coin en guise de salut. Plus elle s’approchait et plus il se disait que vraiment, il faudrait du temps avant de voir en Sabella une personne à part entière, pour l’instant, il s’en servait simplement afin de la comparer à sa sœur. Comme la majorité des étudiants devait le faire, d’ailleurs. Il n’empêche qu’elle n’était pas mauvaise dans ce qu’elle faisait de mieux, à savoir lorsqu’elle se glissait dans le lit du garçon, mais ça aussi, la majorité des étudiants devait partager son idée. Lorsqu’elle se trouva en face de lui, cette pensée lubrique s’atténuait à peine et même si en général, Enzo cachait à merveille ce qu’il pensait, là, il prenait un malin plaisir de se dire que l’étudiante savait ce qu’il pensait d’elle.

Elle ne savait pas vraiment ce qu’elle faisait ici. Sabella se trainait une gueule de bois à se taper la tête contre les murs, et pourtant, elle s’était levée en même temps que la sœur qui partageait sa chambre, avait couvert les dégâts de la veille avec du maquillage et trainaient désormais dans les couloirs, l’âme en peine, un goût de regret amère au bord des lèvres. Pour autant, son charmant sourire ne quittait pas ses lèvres alors qu’accoudé à son casier, elle écoutait ses amies piaillaient sur le nouveau de leur groupe de danse quelconque. Bella n’aimait pas les activités physiques, du moins pas en groupe, le look dégoulinant de sueur ne faisant pas tendance, elle s’en passa aisément. Ou du moins, dans ces circonstances, parce qu’elle n’était jamais contre un différent type d’exercice. Officiellement, ce n’était plus le cas, elle était en couple désormais mais officieusement, c’était une toute autre histoire. Et quoi de mieux que le sexe pour se remettre d’aplomb ? Se redressant légèrement, fière de sa nouvelle idée, elle sonda le couloir à la recherche d’une victime potentielle et la trouva rapidement en la personne d’Enzo. Un sourire en coin naquit au bord de ses lèvres. S’excusant auprès de ses amies, elle se remit droite et marcha jusqu’à lui, ne le quittant pas une seconde des yeux. Arrivée à sa hauteur, son sourire n’avait fait que grandir. « Ferme la bouche Reed, tu baves. » Elle pencha légèrement la tête et continua à le fixer, avant de l’observer de bas en haut, comme scannant la marchandise. « Tu fais quelque chose là ? » Approchant sa bouche de son oreille, elle murmura « Parce qu’il y a un nouvelle salle de classe pas loin que je me ferai un plaisir de baptiser avec toi. » Se redressant, elle s’aperçut que ses amies la regardaient. Elle frappa l’épaule d’Enzo et éclata d’un rire feint. « Tu es vraiment trop drôle ! » Soupçons désamorcés, maintenant elle n’attendait que sa réponse.

Les yeux d’Enzo se posaient innocemment sur Sabella, même si son regard pervers ne laissait aucun doute à ce qu’il pouvait bien être en train d’imaginer – ou de se remémorer – à son propos, toujours est-il que l’étudiante peu farouche sembla même apprécier le fait de voir le président des Kappa Beta Omega puisqu’elle l’accueillit avec un grand sourire. Par réflexe, le garçon passa sa langue sur ses lèvres sèches, non, il ne bavait pas. Après cela, il eu un léger rictus lorsque Potter s’approcha de lui afin de glisser quelques mots à l’oreille. Baptiser une salle, hein. Aussi curieux que cela puisse paraitre, il n’était pas vraiment tenté, même si les allures de catin de l’étudiante la rendaient attirantes, il y avait présentement quelque chose qui le dérangeait. Enzo eut à peine le temps d’ouvrir la bouche que déjà la demoiselle tentait de faire diversions. Ses amies les regardaient. Ca en revanche, c’était tout de suite plus intéressant. « Moi aussi, je me trouve hilarant… » Dit-il, ironique, avant d’enchainer. « Une de tes copines ne voudraient pas se joindre à nous ? Je crains que tu ne sois plus que l’ombre de toi-même. » En fait, il craignait simplement cela pour son plaisir personnel. Aussi cruel pouvait-il être dans certaines de ses réflexions, voir même de ses paroles, Sabella restait particulières aux yeux d’Enzo. Et puis, ce n’était qu’une phrase de plus pour rabaisser encore quelques étudiants, il n’était plus à ça près, d’autant plus que son assiduité commençait doucement à l’abandonner au fur et à mesure qu’il regardait cette chère Bella. « Elle est où cette nouvelle salle ? » continua-t-il sans plus de détour. Ce n’est pas que cette conversation commençait à le faire chier mais ce n’était pas de loin, Enzo n’était pas réputé pour faire de longs discours mais plutôt à s’amuser, à sa façon, certes. Et puis, un moment de détente ne se refusait pas vraiment, surtout pas en ce matin maussade qui n’annonçait rien de bon. Même la proposition de Sabella ne l’emballait pas plus que cela, mais au moins, il ne resterait pas planté dans le couloir comme un demeuré. Comme si Enzo Reed pouvait avoir l’air d’un demeuré, bien sur que non.

Si Enzo avait simplement fait parti d’une de ses nombreuses vengeances, il n’en restait pas moins sexy. C’était le moins qu’on pouvait lui demander, le plus souvent le plus qu’on pouvait en tirer. Elle ne l’appréciait pas plus que cela, se rappelait simplement les bons moments qu’ils avaient passés au lit. Ils étaient simplement fait pour ça, s’envoyer en l’air, rien de plus. Le reste du temps, ils le passaient à s’envoyer toutes sortes de piques. Si Enzo n’avait aucun mal à user d’ironie et de sarcasme, la jeune Potter n’était en reste. « Moi aussi, je me trouve hilarant… » Quel rigolo … « Tu n’arriverai même pas à faire rire un clown. » Pour garder l’apparence d’une conversation banale, elle avait dit le tout avec un grand sourire. « Une de tes copines ne voudraient pas se joindre à nous ? Je crains que tu ne sois plus que l’ombre de toi-même. » S’il voulait la mettre de mauvaise humeur, c’était réussi, mais elle n’avait pas eu besoin de lui pour ça. Cette journée avait mal commencé et cela devait rapidement cessé. « Oh, désolée, elles ont des critères un peu plus … sélectifs. » Elle lui adressa une moue faussement désolée avant de replacer une de ses mèches brunes derrière son oreille. « Elle est où cette nouvelle salle ? » Il changeait vite d’avis, c’était bon à savoir. Elle n’en avait que faire de savoir qu’il n’avait rien de mieux à faire, elle voulait simplement emprunter son corps, un organe en particulier. « Au bout du couloir, tourne à gauche, deuxième salle. Rejoins-moi dans cinq minutes. » Pas la peine qu’ils ajoutent un peu plus de soupçons sur leur relation en disparaissant ensemble pour aller dans la même direction. Elle lui lança un sourire aguicheur avant de le frôler pour continuer sa route dans le couloir. Arrivée dans cette fameuse salle, elle posa ses affaires dans un coin, déboutonna son chemiser et s’assit sur une table en croisant ses jambes. Lorsqu’il passa enfin la porte, elle l’observa de bas en haut avant de glisser au sol. « Tu veux peut-être jouer un peu, que dirai tu de quitter un peu tes responsabilités de président pour te glisser dans la peau d’un professeur. » Elle s’avança vers lui, passa dans son dos. Ses mains se glissèrent sous son tee-shirt tandis qu’elle rapprocha sa ses lèvres de son oreille pour y chuchoter. « J’ai été une vilaine, vilaine élève. »

Enzo était donc dans le couloir, en train de faire un brin de causette à cette chère Sabella qui nourrissait apparemment la folle envie de s’envoyer en l’air avec le garçon, comme il la comprenait ! Il n’était tout de même pas n’importe qui. D’ailleurs, lorsqu’elle précisa que ses amies avaient des critères plus sélectifs, l’étudiant ne put s’empêcher de rouler des yeux. Sérieusement ? Il devait être le mec le plus convoité de la MVU grâce à son statut de capitaine de hockey sur glace et de président des Kappa Beta Omega, du moins, il le serait si il avait au moins un critère, mais bien sur, comme il n’était pas très regardant sur la marchandise – enfin, il fallait tout de même être sexy, cela va s’en dire – les autres devaient le prendre pour un p’tit con. Ce qu’il était, un peu. Peut-être devait-il commencer à avoir quelques critères, lui aussi… Finalement, il n’ajouta rien et se laissa guider par la voix de l’étudiante. Il suivit ses instructions, au fond du couloir, deuxième à gauche, reçu. Un faible sourire apparut sur ses lèvres lorsqu’elle le frôla, avant d’entrer dans la salle, juste après la demoiselle. Il la vit, déjà assise, les premiers boutons de son chemisier déjà ôtés, elle l’observait sous toutes les coutures. Alors qu’elle commençait à parler, Enzo poussa la porte, ne prenant pas la peine de la fermer de l’intérieur, il fit quelques pas vers Bella tandis qu’elle se relevait également afin de s’approcher de lui et de lui glisser à l’oreille quelques mots. Son sourire en coin s’élargissait doucement tout en sentait les paumes fraiches de la demoiselle se balader sur ses abdos musclés. « Je serais sans doute un très mauvais prof. » Perçant Sabella du regard, Enzo prit avec fermeté les poignets de la jeune femme avant de la plaquer sans plus de ménagement contre le tableau noir. Il se colla contre elle. « Un peu trop brutal pour toutes ces pauvres filles amoureuses de moi. » Parce qu’évidemment, toutes les élèves étaient amoureuses de leur prof, c’était en tout cas un mythe. Enzo lui-même avait par le passé craqué pour l’une de ses profs, qui aurait pu avoir des problèmes si quelqu’un les avait trouvé nus tous les deux, enfin bref. Sur ces belles paroles, Enzo s’empara des lèvres de l’étudiante avec rage. Il emprisonnait toujours ses poignets.

Kaitlyn vida son sac sur l’une des tables de la bibliothèque à la recherche de sa carte étudiante. Sans elle, elle ne pouvait emprunter les livres dont elle avait besoin et c’était vraiment problématique. Elle soupira après avoir fouillé ses poches. Elle avait perdu sa carte et elle devait absolument la retrouver. Pour cela, elle allait refaire le chemin en sens inverse. Elle était sur qu’elle l’avait sur elle ce matin en allant en cours. Elle laissa ses bouquins auprès de la bibliothécaire qui voulait bien les mettre de coté une petite heure. C’est donc naturellement que Kaitlyn se retrouva dans les couloirs à marcher en direction d’une des salles de cours. Arrivé devant cette salle, elle cru entendre du cru et elle fut gêné a l’idée de déranger un cours mais bon, elle ne voyait pas d’autre solution. La connaissance n’attend pas et si elle ne prenait pas ces livres tout de suite, ils lui passeraient sous le nez. Elle poussa donc la porte de la nouvelle –et gigantesque- salle de cours et là, la scène qui se déroula sous ses yeux la fit frémir. Enzo Reed en train de fricoter avec Sabella Potter. La sœur d’Ashleigh. Partagée entre l’envie de vomir et de leur crier dessus, Kaitlyn eut besoin de quelque secondes pour se remettre de cet affreux spectacle. Comment osaient-ils ? Elle ne trouva rien de mieux à faire que d’attraper l’appareil photo au fond de son sac pour immortaliser ce moment. Personne ne la croirait sinon. Non pas qu’elle veuille propager la rumeur, non ! En fait, elle gardait en tête que Bethany lui avait demandé d’espionner en quelque sorte les confréries et une telle information sur e président des ΚΒΩ, c’est sur que ça lui plairait. Le flash fit du bruit et Kaitlyn préféra s’éclipser avant que les deux étudiants ne se rendent compte de sa présence. Elle continua sa route dans les couloirs lorsqu’une feuille sur le tableau d’affichage attira son attention. Il s’agissait pas qu’un appel à témoins concernant le meurtre d’Ashleigh. Kaitlyn leva les yeux au ciel et sans réfléchir, elle arracha discrètement la feuille, la froissa et la cacha dans son sac. Un petit sourire satisfait sur ses lèvres, elle poursuivit enfin sa route à la recherche de sa carte étudiante, comme si de rien n’était.