La sonnerie retentit brusquement pour lui signaler la fin du cour et l’heure de la pause. Jules se leva brusquement prête à partir du local, serrant ses livres d’une main et son sac à main de l’autre. Arrivée tout près de la porte de la sortie quelqu’un l’interpella, Jules se retourna machinalement tout en continuant de marcher quand soudain la porte s’ouvrit avec fracas cognant le front de la jeune femme. Jules eu un rebond de surprise et émit un petit cri mais plus de peur que de mal. La personne derrière elle s’excusa aussitôt, lui demandant si ça allait et qu’elle voulait juste lui demander si Jules pouvait lui donner une partie de ses notes de cour car elle n’avait pas tout suivi. Jules acquiesça, frottant son front tout en lui donnant ses feuilles de cour à l'aide de l'autre main. Une légère douleur le haut de l’arcade sourcilière se fit sentir mais elle ne s'inquiéta pas et c’est donc tout naturellement qu’elle sortit de la classe d’un pas vive. Pendant de longues minutes, les gens passèrent la saluer tout en la regardant de surprise ce qui commença à inquiéter la jeune femme. Son maquillage avait-elle coulé ? Avait-elle une trace de Bic sur son visage ? Il ne lui fallut que quelques secondes pour qu’elle ait la réponse « Bonjour Jules ! Wow.. les potins vont pas vite aujourd’hui.. Je savais pas que tu t’étais bagarré. C’était avec qui ? En tout cas j’espère que tu l’as massacré ! » dit le jeune garçon pouffant de rire et partant lui donnant une petite tape sur l'épaule, signe amical. Hein, quoi ? Dans un élan de panique, Jules qui faisait très attention à son apparence, pressa le pas à l’abri de tout les regards indiscrets tout en prenant son miroir de poche. C’est avec frayeur, qu’elle vit au dessus de son œil une énorme rougeur ainsi qu’un bleu dû à la collision avec la porte. Jules se dirigea vers la cour, car c’était un des endroits les plus vaste où les gens se croisent plus difficilement. La blondinette marcha en direction d’un arbre isolé, lors de sa première année à la MVU c’était là qu’elle allait souvent, pour se ressourcer. D’ailleurs elle y avait même gravé son prénom sur l’écorce de l’arbre.

Jules s’assit sur l’herbe fraîche, posant son dos contre le tronc d’arbre. Elle fouilla en vitesse dans son sac pour y prendre son tube de fond de teint. Elle pressa sur l'extremité du tube, afin de faire ressortir le liquide brunâtre et d’en appliquer sur le bas du front. Elle malaxa longuement le liquide sur sa peau, tout en se regardant dans le petit miroir, elle pencha ensuite sa tête sur le côté et en regardant son reflet elle se rendit compte qu’elle n’était pas la seule à squatter l’arbre. Une personne se trouvait à côté d’elle, Jules se concentra sur la silhouette et sur le visage du jeune homme pour voir si elle le connaissait. Une fois qu’elle pu identifier l’homme, ses mains devinrent moites, et son miroir glissa entre ses doigts. Jules lâcha un petit couinement de surprise. Jaden. C’était Jaden Hawkins, une des personnes qu’elle appréciait le plus dans cette université même une des seules qu’elle appréciait véritablement parce qu’il avait été un des seul à pouvoir la comprendre et vice versa. Sauf qu’elle l’évitait depuis qu’il était la risée de sa confrérie. En temps que présidente des Thêta Psi, Jules se devait de garder une bonne réputation et de garder un bon contact avec les Kappa, la confrérie la plus proche. Pour le bien de sa confrérie et pour parvenir à ses objectif, elle devait garder les Kappa dans ses alliés.. Et elle savait très bien que trainer avec Jaden voulait dire se mettre à dos les Kappa et entre Jaden et sa réputation, Jules a vite fait le choix..
La blondinette ne savait pas trop quoi faire, partir comme une voleuse ou faire juste comme si elle ne l’avait pas vu même si c’était un peu loupé ? Elle pencha pour la deuxième solution, priant pour que ce soit lui le premier à partir.

Encore une journée ordinaire à la MVU en somme pour Jaden. Les journées se suivaient pour le jeune Kappa, et se ressemblaient horriblement sans qu'il soit capable d'y changer quoi que ce soit. Autant il arrivait à se complaire dans sa solitude, autant la monotonie de ses journées commençaient étrangement à lui peser. Mais il ne trouvait plus grand chose de palpitant à faire ces derniers temps. Autrefois il avait l'habitude se rendre à toutes sortes de fête pour s'éclater de temps en temps, mais désormais il était persona non grata dans toutes les soirées qui s'organisaient. C'était réellement la seule chose qui lui manquait depuis sa soudaine chute de popularité. Parce qu'au fond être populaire cela ne l'avait jamais réellement intéressé, il l'avait accepté simplement parce que c'était comme ça qu'il était perçu et qu'il n'avait aucune raison de se couler. Pourtant sans le vouloir il l'avait fait, et s'il en avait assez des sempiternelles remarques à son égard, il ne se plaignait jamais de sa situation actuelle. Alors pour braver l'ennui de ses habituelles journée de cours, où il avait généralement le droit à un tête à tête avec Descartes, il fumait deux fois plus qu'avant. Et autant dire que cela commençait à faire relativement beaucoup. Mais c'était toujours mieux que de se plonger dans les fabulations de Nietzsche. De temps en temps il se demandait pourquoi il avait décidé de se lancer dans la philosophie. Après tout il y avait tellement d'autres choix qui s'étaient présentés à lui quand le temps fut venu de choisir quelles études il envisageait de faire. Il était loin d'être idiot, et il aurait pu choisir n'importe quelle branche. Seulement rien ne lui plaisait plus que la philosophie, et même s'il finissait souvent par jeter l'éponge quand un texte devenait trop compliqué pour lui, il ne pouvait nier qu'il aimait ça. C'est pourquoi il se rendait toujours avec plaisir en classe le matin, plaisir qui était beaucoup moins présent à la fin de la journée. Mais disons que c'était un bon point pour lui. Et quand il s'ennuyait trop il pouvait toujours sécher, comme il était en train de le faire présentement. Adossé à un arbre, il était perdu dans ses pensées, une cigarette dans sa main droite qu'il avait tant bien que mal réussie à allumer malgré sa main gauche cassée, ce qui était d'autant plus embêtant puisqu'il était gaucher. Une tornade blonde vint alors troubler ses pensées, elle semblait affolée. Regardant plus longuement pour voir de qui il s'agissait, il constata que c'était Jules Petrovich qui ne semblait pas l'avoir remarqué, ce qui était certain sinon elle ne se serait pas assise là. Avant que tout le monde ne se mette à détester Jaden, ils étaient de très bons amis. Une de ses plus proches amies en réalité. Sauf qu'elle tenait bien plus à sa popularité qu'à son amitié avec Jaden. Et le jeune homme le lui reprochait fortement, et n'avait même plus envie d'entendre parler d'elle tellement elle l'avait déçue. Et alors qu'elle était occupée à se remaquiller, il était persuadé qu'aussitôt qu'elle se serait aperçue de sa présence elle fuirait faisant mine de ne pas avoir aperçu le jeune homme. Et visiblement il ne s'était pas trompé. « J'avais oublié à quel point tu pouvais être lâche Jules. », lui avait-il alors qu'elle s'en aille, un sourire méprisant sur les lèvres. Après tout elle était libre de faire ce qu'elle voulait, mais il ne pouvait s'empêcher de lui dire un mot avant qu'elle ne prenne ses jambes à son cou. « Et je crois que malgré tous tes efforts tu ne réussiras pas à faire partir tout ceci. Que vont penser les autres ? C'est terrible on va penser que tu t'es battue. Ta réputation va en prendre un coup c'est certain. », lâcha-t-il alors sarcastiquement avant de tirer sur sa cigarette.

La cour extérieure était un des endroits les plus vaste de la MVU et il fallait encore qu’elle tombe sur quelqu’un qu'elle connaissait. Et pas n’importe qui : LA personne qu’elle voulait à tout prix éviter.

Jules rangea son miroir qui avait atterrit sur l’herbe humide, faisant toujours mine de n’avoir pas vu Jaden. Sauf que l’homme, lui l’avait très bien vu et il ne rata pas l’occasion de pouvoir dire ses 4 vérités à la jeune Russe. Quand l’homme prononça le mot ‘lâche’, Jules leva machinalement les yeux, et émis un léger ricanement. Elle mit quand même un petit temps avant de lui répondre, prise d’hésitation « Ce n’est pas de la lâcheté mais du bon sens.. Et puis je n’avais et je n’ai pas à me justifier de mes actes.. ». Avant de continuer, elle regarda autours d’elle pour voir si personne ne les épiait et enchaina cette fois en murmurant « Tu trouves peut-être ça nulle, ok je te l’accorde.. Mais sérieusement tu voulais que je fasse quoi ? Tu sais très bien que ma réputation est la chose la plus importante, et je n’ai pas envie que tout se barre en un coup de poussière parce qu’on me voit parler avec toi. »
Jules s’apprêta à partir, se disant que discuter avec lui ne servait à rien à par peut-être envenimer encore plus les choses. Mais à peine eut-elle le temps de se lever que Jaden continua dans sa lancé et dans ses reproches. Il fit cette fois référence à la marque qu'avait sur son front la jeune femme ,un rictus amusé se dessina alors sur le coin des lèvres de cette dernière. « De toute façon si je m’étais battue, tu sais très bien que ça aurait fini par faire le tour de la MVU qu’on voit où ne voit pas cette foutu marque sur mon front.. Raah et puis j’ai pas à me justifier, merde quoi. Mais sur ce point là je ne peux que te donner raison, oui ma réputation. Ma réputation c’est la chose la plus importante, la seule chose pour laquelle je me bat réellement depuis tant d’années. Je pensais que tu me comprenais mais en fait non.. tu peux pas comprendre.» Jules décida de rester quitte à s’expliquer une fois pour toute avec lui, même si elle détestait se justifier sur des bêtises pareils. Jules avait toujours fait gaffe d’avoir une apparence parfaite, irréprochable , à montrer l’exemple et que les étudiantes prennent Jules comme modèle. Le coup qu'elle avait pris en se cognant contre la porte représentait pour elle, l’imperfection, elle montrait aux autres qu’elle n’était pas si parfaite que ça de par son apparence et ensuite cette marque sur son visage lui rappelait son passé. Oui ses mois qu’elle avait passée à vivre dans la rue, à montrer une apparence des plus négligés auprès d'autrui , à se faire malmener par d’horribles personnes qui profitait de sa naïveté et de son jeune âge.

Face à l’énervement et l'agacement, Jules ne pu cacher une larme qui se coinça entre ses cils à chaque fois qu’elle éprouvait de trop fortes émotions.
En voyant Jaden fumer, Jules eut une soudaine envie de re-goûter au tabac. Elle n’avait plus fumer depuis le début des vacances mais avec tout le stress de ses derniers jours, une bonne dose de nicotine lui ferait qu’un très grand bien. Elle prit son paquet de malboro light qu’elle gardait toujours au cas où, sortit une cigarette de son paquet. Elle alluma l’extrémité à l’aide son briquet, et tira un bon coup dessus avant d’ajouter « Le pire c’est que je n’ai rien à te reprocher dans cette histoire. Je suis une des premières à trouver certains comportements des Kappas très choquantes et je n’ai jamais approuvé tous ce qu’ils ont fait malgré tout je suis obligé étant présidente des Thêta Psi, de garder un bon lien avec eux. Maintenant si tu peux pas comprendre ça, je ne vois vraiment plus aucune raison de continuer à te parler. »

A vrai dire Jaden, n'avait plus tellement envie d'adresser la parole à la jeune blonde mais son attitude désinvolte l'avait obligé à ouvrir la bouche parce qu'il ne pouvait pas la laisser partir sans dire un mot. Il ne voulait pas la laisser s'enfuir et faire comme si de rien n'était. Non il voulait avant tout une explication de sa part, même s'il se doutait bien de ce qu'elle aurait à répondre, et après il ne se soucierait plus jamais d'elle. A ses yeux elle n'en valait pas la peine, elle avait laissé leur amitié s’effondrer pour une simple question de popularité, et il ne serait certainement jamais prêt à lui pardonner. Même s'il savait pertinemment que jamais elle ne viendrait s'excuser et lui demander pardon. « Tu pourras me sortir toutes les inepties que tu voudras, à mes yeux tes arguments ne sont absolument pas valables. Si tu es prête à sacrifier une amitié en un coup de vent pour une histoire de popularité, c'est que véritablement tu ne mérites pas toute l'attention que les gens te portent. » Il n'avait même plus envie de l'écouter tant ses arguments étaient irrecevables à ses yeux et ne valaient pas un clou. Il aurait pourtant voulu qu'elle ait une bonne raison, une raison qui n'impliquait pas le regard des autres, mais cela n'était pas le cas. Alors il devait se contenter de cette réponse, et faire définitivement une croix sur une quelconque amitié avec Jules. « Qu'est-ce que tu voulais que je comprenne ? Que ta réputation est beaucoup plus importante que tout le reste autour ? Ce n'est absolument pas quelque chose que je serai un jour en mesure de comprendre, parce que tu ne vis qu'à travers le regard des autres. Tu penses qu'une fois que tu seras sortie de l'université, les gens se souviendront encore de la personne que tu étais ici ? Non personne ne s'en souviendra et tu te retrouveras toute seule parce que tu as laissé ton ambition prendre le dessus et que tu n'auras plus personne à tes côtés. » Il n'arriverait certainement jamais à comprendre la jeune femme, parce qu'il n'était pas comme ça et ne le serait jamais. Il ne comprenait pas comment elle pouvait accorder autant d'importance à une simple histoire de popularité. Il était même en train de se demander si leur amitié pendant tout ce temps là avait été réelle, ou si tout avait été factice. Jaden était quelqu'un de populaire auparavant, et il lui venait soudainement à l'esprit qu'elle aurait très bien pu se servir de lui. Ce qui maintenant qu'il la voyait sous un autre jour ne l'étonnerait guère. Alors pour se sortir toutes ces pensées désagréables de l'esprit, il préféra tirer une nouvelle fois sur sa cigarette. Le jeune Kappa pensait alors que Jules allait tourner les talons et faire comme s'il ne s'était jamais rien passé. Toutefois, elle alluma à son tour une cigarette avant de se lancer dans une nouvelle tirade. Je ne vois pas en quoi je suis censé te comprendre Jules. Tu dis toi même que tu ne me reproches rien, et cela ne t'as pourtant pas semblé si difficile que ça de tirer un trait sur ton amitié avec moi. Alors non je ne te comprends toujours pas. »