- pull the blindfold down, so your eyes can’t see. now run as fast as you can through this field of trees -
ft. clay&noélie

Détroit, Michigan, Middle West. USA.
Restaurant huppé.

« Je déjeune avec mon père aujourd’hui à 12h00.. » écrivit-elle avant de presser sur la touche ‘envoyer’ de son téléphone portable. Il était tôt, très tôt même, mais au vu de leur précédente conversation, l’Oméga Phi se doutait qu’il devait être déjà réveillé. Enfin. Le message, ainsi que les sous-entendus, étaient clairs. Et, quelques secondes, à peine, plus tard elle avait la confirmation que Clarence l’avait bel et bien reçu. Après, quoi elle aligna quelques pas vers son armoire où elle en tira une robe noire, simple mais élégante qu’elle enfila. Entre temps, son portable vibra sur son lit. Noélie serra les dents espérant que ca ne réveillerait pas sa colocataire, Manoé, qui dormait toujours. Puis, elle sourit en lisant la réponse. « Parfait » répondit-elle avant de fourrer son portable dans un sac qu’elle attrapa à la volée avant de chausser ses talons. La belle ne négligeait jamais les déjeunés ou simple après-midi avec son père. Elle ne portait pas de robe longue mais mettait un point d’honneur à être présentable. Son portable vibra une nouvelle fois, et la blonde su que c’était le ‘signal’, il était là. En effet, elle ne voulait pas se faire tuer par ses sœurs pour avoir perturbé leur sommeil. Soit. Ainsi, elle attrapa ses lunettes de soleil qu’elle mis dans ses cheveux, ses clés de voiture sur son bureau et descendit les escaliers sur la pointe des pieds pour ensuite rejoindre le jeune homme à l’extérieur. « Ravie que tu aies accepté » dit-elle, tout sourire, s’approchant du jeune homme pour lui faire la bise.
Les minutes, les heures même, défilèrent durant lesquelles ils discutèrent, roulant vers Détroit. Détroit où son père se trouvait pour des raisons professionnelles qui échappèrent à la jeune demoiselle, le fait étant qu’il n’était pas très loin d’elle et que c’était une occasion de le voir. Les deux jeunes gens étaient arrivés quelque peu en avance mais vers 12h pétante, Noélie aperçu son père devant le restaurant qu’il avait choisi. Réglé comme du papier à musique. « Père ! » fit-elle de son ton enjoué en se dirigeant vers lui arborant un sourire lumineux. Arrivée à sa hauteur, elle déposa ses lèvres sur la joue de ce dernier. « Père, figure toi que Clarence m’a accompagnée.. » commença-t-elle alors que les deux hommes se serraient la main. « ..Oui, il ne voulait me laisser partir seule alors il s’est gentiment proposé pour venir avec moi » finit-elle simplement enjolivant la chose, elle en rajoutait un petit peu mais c’était sa fille et forcément ça passerait comme une lettre à la poste.

Je déjeune avec mon père aujourd'hui à 12h00. Traduire : Essaie d'avoir l'air présentable, j'aimerais beaucoup que tu viennes. A vrai dire, c'était la première fois qu'un déjeuner en perspective avec le monde impitoyable des adultes apparaissait comme une aubaine. Sautant d'un bond de son lit, Clarence répondit d'une main tandis qu'il se dirigeait vers son placard. Tu sais que j'ai toujours adoré les rendez-vous de dernière minute, ça fait longtemps que j'ai pas mangé à la botte de quelqu'un. J'arrive. Envoyé. Un message plein d'ironie railleuse mais Noélie le connaissait comme ça : elle devait simplement comprendre qu'il allait se joindre à eux. Contrairement à son amie probablement, il ne prit pas longtemps à choisir ce qu'il allait mettre. Il se contenta d'un jean présentable, d'un tee-shirt bleu marine à manches longues plutôt près du corps. A regret, il dut cacher la multitude de bracelets qu'il portait h24 sous ses manches puis il tenta d'arranger un peu la tignasse bouclée qui lui servait de tapis capillaire. Peine perdue, le temps passait plus vite que prévu et de la route était à prévoir. Déjeuner avec son père signifiait souvent un grand restaurant et ce n'était pas au coin d'une université qu'on le le trouvait. En quelques minutes, Clay était descendu et avait rejoint le pavillon des Oméga afin de prévenir Noélie de sa présence. Quand elle descendit, il la salua poliment. « C'est toujours un plaisir. » Remarque qu'il scella d'un sourire malicieux avant de partir sur la route.

Quand ils arrivèrent enfin à Détroit, après quelques heures de discussion et de conduite, Clarence constata immédiatement le contraste avec la ville qui abritait la MVU. S'il n'était pas toujours aussi sûr de lui, sans doute se serait-il mis à douter de son accoutrement tandis que Noélie le menait à travers des quartiers huppés pour atteindre le restaurant choisi. Enfin ils aperçurent le père de son amie et Clay demeura en retrait, tentant tant bien que mal de paraître avenant. Il avait pensé à sortir les mains de ses poches. Il n'oubliait jamais qu'après être le père de Noélie, il était également un potentiel futur employeur qui semblait convaincu par sa détermination. Enfin, la jeune fille le présenta et bien qu'il tiqua à la prononciation de son prénom en entier, il s'avança pour serrer la main de l'homme. « C'est normal. Vous savez je n'aime pas trop laisser Noélie débarquer dans de grandes villes toute seule. Elle est précieuse à tout le monde à l'université. » A son tour, Clarence en rajoutait un peu, peut-être même beaucoup. Noélie ne faisait pas l'unanimité depuis la mort d'Ashleigh et s'il appréciait la jeune fille, sa capacité à protéger ses proches était proche de zéro. Le père de Noélie semblait ravie et intérieurement, Clay se sentait déjà crier victoire. Ces déjeuners, ce n'était que des points gagnés. Quand il les invita à entrer dans le restaurant, il n'oublia pas de tenir la porte à son amie, l'accompagnant d'un geste doux de la main dans son dos. Un comportement peut-être trop opportuniste mais qu'on se le dise, Clarence savait être civilisé quand la situation l'exigeait.

Noélie était toujours ravie de revoir son père ou sa mère peu importe. Elle était de ces enfants qui avaient toujours eu et entretenu une bonne relation avec leur parent. C’était rare mais ca existait. La blonde décocha un large sourire rayonnant à son père avant que son expression ne se fige en entendant la réponse de son ami. A vrai dire surtout la partie « précieuse à tout le monde à l’université ». Elle tenta de ne rien montrer, affichant un expression identique à la précédente. Néanmoins, son père n’était pas dupe. Cependant, il se contenta de jauger les deux jeunes gens du regard affichant un sourire, sans un mot, puis il les invita à entrer. Noélie se pinça légèrement les lèvres, connaissant son père, elle savait pertinemment qu’il n’allait pas s’arrêter là. C’était le genre ‘reculer pour mieux sauter’, il avait toujours eu un temps de réflexion avant de passer à la charge. Généralement, la charge se voulait concluante, et dans 99,9999% des cas elle l’était même plus que les expectations de départ. Ce qui était l’une de ses qualités et qualité qui expliquait la renommée qu’il avait au sein de sa vie professionnelle. Et, la demoiselle se mit automatiquement à réfléchir sur comment rattraper la chose. Le père et sa fille échangèrent quelques mots concernant sa mère, la famille, les affaires de son père qui se portaient à merveille à l’entendre, avant qu’il n’axe la conversation sur les études. Noélie répondit par l‘affirmative, assurant que tout ce passait à merveille également. « Et vous Clarence ? Tout ce passe comme vous voulez ? » demanda le paternel d’un ton léger, vrillant ses prunelles azur sur le jeune homme. « Avec cette histoire de meurtre qui traine, il serait regrettable que votre cursus en soit perturbé » ajouta-t-il avec une certaine insistance plus ou moins perceptible. La bonne nouvelle était que son père se souciait toujours autant du dit cursus de son ami, et l’on pouvait penser qu’il était toujours quelque part dans lesdits papiers. La mauvaise, en revanche, c’était que la conversation tournait vers ce que les jeunes gens espéraient fuir en venant ici et que son père n'allait pas lâcher l'affaire. « Père, honnêtement je ne pense pas que… » commença la blonde tentant de venir au secours du brun avant que son père ne noie le poisson. « Laisse Noélie. » coupa-t-il court à toute tentative d'une voix à la fois sec et doucereuse. Trop tard. « J’ai également entendu dire que c’était l’ex petite amie de ton ami, il est normal que je m‘y intéresse » expliqua-t-il en lançant un regard à sa fille qui ferma les yeux en soupirant. Double tranchant. Pas étonnant que les étudiants de droit ou juristes soient si vicieux. Chaque parole avait, tout le temps, une pluralité de sens. Et, il reporta son regard vers le jeune homme assis en face de lui.

Ils s'installèrent tous les trois à une table un peu en retrait et Clarence crut que la partie était déjà presque gagnée. Il gardait un sourire parfait, qui lui allait plutôt bien d'ailleurs, il fallait dire que ces derniers temps il n'avait pas grande occasion d'être heureux. Ici il était à Détroit, loin de la Michigan Valley University et toute son agitation policière. Certes le cas d'Ashleigh avait parcouru tout l'état à travers les journaux mais ici, il se sentait respirer. Il ne sentait pas les regards lourds de pensée posés sur lui, il n'entendait pas les murmures s'élever à son passage. Personne ne le voyait comme un potentiel suspect et comme un proche de la victime mais comme un simple client du restaurant, qui soit dit en passant dégageait une atmosphère des plus chaleureuses. Il suivait la conversation du père et de sa fille sagement attendant qu'on s'adresse à lui ou bien que quelqu'un ne vienne prendre la commande. Quand soudain ce fut son tour. Et autant dire que le tact du paternel manqua d'étrangler Clay de surprise. « Et bien... » Avant même qu'il ne puisse finir sa phrase, Noélie s'en chargea, préférant que le sujet tourne court. Malgré sa propension à critiquer et le fait qu'il sachait parfaitement se défendre seul, il ne sut pourquoi mais il apprécia l'intervention de son amie qui avait peut-être deviné l'étrange émotion gênante qu'il ressentait chaque fois qu'on évoquait le cas d'Ashleigh. Tandis que son père l'envoya gentiment sur les roses, Clay posa une main assuré sur le poignet de la blonde. « Laisse ça va. » Il exagérait un peu. Bien sûr que ça n'allait pas. Néanmoins, il ne pouvait s'empêcher de vouloir toujours faire impression auprès du père Young.

« Rassurez-vous mon cursus se porte très bien. Malgré cet événement qui distrait un peu les esprits avouons-le, je continue toujours d'exceller dans le droit. Bien sûr avec les autres quelques affaires qui traînent en ce moment, je peux dire que je ne m'ennuie pas... J'aspire davantage à la réussite de ma future profession. » Clarence était parvenu à dévier légèrement la conversation car dans le monde de la justice, il y avait toujours une affaire non résolue qui ébranlaient tous les avocats. Malgré tout il devinait dans le regard de Young qu'il devait se justifier quant à la relation qui l'unissait à la victime. C'est pourquoi il poursuivit par la suite, tentant de ne rien laisser paraître dans le son de sa voix : « Oui en effet Ashleigh était ma petite amie lorsqu'elle a disparu. Ce fut une épreuve plutôt pénible pour tout le monde et en particulier les proches et les amis qu'elle avait à l'université. En revanche, la meilleure solution est de laisser la justice faire son travail et peut-être enfin certains se sentiront libérés lorsque tout ceci sera fini. » Ok, il mentait. Elle n'avait pas été que pénible pour lui, ça continuait de le hanter. Il ne croyait pas en la justice cette fois-ci et tentait tant bien que mal de découvrir la vérité par lui-même. Il n'avait aucune confiance en les enquêteurs qui l'avaient reçu et il ne souhaitait qu'une chose : que ça se termine enfin. « Et puis je dois avouer que la présence de Noélie aide beaucoup à se sentir mieux ici. Votre fille doit tenir quelque vocation d'aider les gens. » Et hop, un compliment simple qui satisferait les deux égos des Young. Le père se mit à sourire en regardant sa progéniture et Clarence sentit une légère pression s'envoler de sur ses épaules, pour un petit moment.