- kiss my eyes and lay me to sleep -
featuring eliott&noélie.

Vautrée sur son lit, Noélie contemplait distraitement le plafond blanc de sa chambre. Sa colocataire ayant vidé les lieux pour se joindre aux autres Oméga Phi dans le salon. Noélie, quant à elle, avait prétexté vouloir jouir un peu plus longtemps des bienfaits du sommeil bien que ce dernier ce soit soudainement brisé, dans les alentours de 5 heures du matin. La belle n’avait pourtant pas chômé, non, elle avait profité de cela pour aller occuper à ses aises la salle de bain. Faut dire que vivre en espèce de colocation avec une vingtaine de filles était loin d’être dès plus simple surtout quant à l’utilisation de la salle de bain. Soit, néanmoins, elle avait fait son possible pour n’en réveiller aucune sinon ca aurait été plein les oreilles qu’elle en aurait eu. Et, franchement, s’attirer les foudres de ses sœurs était loin d’être son objectif surtout lorsque rien que par sa simple présence dans la sororité elle avait réussi à les avoir braqué sur elle. Ou encore, elle en avait profiter pour marcher quelque peu dans la nuit, cependant sans s’éloigner du pavillon froussarde qu’elle est. Après quoi, elle s’était remise dans son lit attendant que la lune veuille bien laisser place au soleil. La blonde soupira légèrement, puis finit par cligner des yeux avant de vriller ses prunelles vers le réveil, posé sur sa table de chevet, qui lui indiquait 7h37 (…)
Les secondes s’étirèrent en minutes, peut être en heure, elle n’en savait pas plus que ca et ca ne l’intéressait guère. C’était samedi, et le samedi était synonyme de « repos » chez la blonde. Autant dire qu’elle n’en foutait pas une, une fois ce jour saint arrivé dans sa longue semaine. Puis, un étage plus bas elle entendit retentir la sonnerie provenant de la porte. Et, le seul réflexe qu’elle eu fut de se retourner paresseusement sans son lit, rabattre lentement la couette sur son corps et plaquer son coussin sur sa tête. Fatiguée ? De quoi, on ne savait pas exactement. Soit. De toute façon, elle était persuadée que ce ne serait pas pour elle alors pourquoi faire un effort d’aller courir jusque la porte pour jouer les portiers, non, autant laisser cela à une sœur déjà en bas (…) « Noélie ! C’est pour toi ! » hurla ensuite une voix qu'elle n’eut aucun mal à reconnaitre. Et, pourtant l’information mit son temps pour arriver jusqu’au cerveau et faire « tilt ». Le temps qu’elle s’extirpe de son lit, la personne avait déjà été invitée à entrer et monter jusque vers sa chambre. Les questions défilaient dans son esprit embrumé, alors qu'elle tentait, par la même, rapidement de ranger la chambre poussant les vêtements qui trainaient au sol sous le lit par exemple, ou jeter pêle-mêle ses livres et manuels sur son bureau, quand la porte s’ouvrit.. « Eliott ! » s’exclama-t-elle à la fois surprise et profondément perplexe. Noélie demeura silencieuse un long moment dévisageant le jeune homme qui se tenait dans l’encadrement de la porte. « T’es sur que tu ne t’es pas trompé » demanda-t-elle toujours aussi sceptique, en se pinçant les lèvres, vieux tic. Après tout, qu’est-ce que le président des Sigma Tau Iota pourrait bien lui vouloir, à elle.

Encore la tête dans le cul. Encore une fille à moitié nue dans son lit. Encore une fille qu’il allait appeler Emma parce qu’il ne se souvenait pas de son prénom. Mais normal pour un samedi matin quand on se prénommait Elliott Baldwin. Une grimace prit place sur son visage encore marqué par la cuite de la veille quand il entendit ses frères faire un baroufle monumental dans le salon. Un samedi matin. Bande de tarés. Il se frotta les yeux en émettant un bâillement d’une grâce sans borne avant de se lever et d’observer la pagaille qui régnait dans sa chambre. Des vêtements partout, des bouteilles de whisky, de champagne, des verres à moitié remplis posés sur la table de nuit. Vraiment, Elliott devait arrêter de se mettre minable de la sorte, surtout lorsqu’il ne se rappelait plus de rien le lendemain matin. Un mal de crâne atroce le prit alors qu’il se dirigeait vers sa salle de bain privée où il entreprit de se débarbouiller de fond en combles. Une demi-heure plus tard, il était fin prêt, une serviette autour de sa taille. Lorsqu’il pénétra dans sa chambre pour s’habiller, il s’aperçut avec étonnement que sa conquête de la veille était toujours là, endormie. « Emma, réveille-toi. J’ai des choses à faire et je doute que ta seule ambition soit de rester au lit toute la journée. » Un grognement. Elliott adorait les femmes. Il aimait leur faire la cour, les complimenter, les respecter…Sauf quand elles se foutaient de sa gueule, ce qui semblait éperdument être le cas. Alors, d’assez mauvaise humeur, il s’empara de l’une des coupes de champagne et la déversa sur la belle inconnue qui se redressa d’un sursaut. « Mais tu es malade, ou quoi ? » Un haussement de sourcil. « Je t’avais prévenue, ne dis pas le contraire. Maintenant si tu m’excuses, j’ai d’autres préoccupations. » Et sans un mot, il enfila ses vêtements, descendit dans le salon des Sigma Tau Iota, prit une pomme au passage et sortit dehors, histoire de prendre un peu l’air avant de se mettre à travailler, bonne conscience oblige. Son sourire narquois arborant fièrement son visage, le jeune homme marchait d’un pas confiant et laissait s’égarer ses yeux sur les quelques personnes matinales, jusqu’à ce que qu’il ne tombât sur la maison des Omega Phi. Ah, les préférées d’Elliott. Bethany la première du classement, naturellement. Mais depuis la rentrée, le visage d’une blonde, ancienne bizut qui n’avait franchement pas attiré l’attention du jeune homme, semblait lui revenir en tête à chaque fois qu’il la croisait. Elle laissait un sillon de parfum qui le faisait se retourner et s’arrêter un instant pour contempler le corps de cette blonde divine. Et en bon gentleman qu’il était, il se devait de l’honorer convenablement. Alors, pris d’une envie folle de connaître cette jeune femme, le brun se dirigea vers le pavillon de la confrérie, arrachant une jonquille du massif de fleur et pénétra à l’intérieur du bâtiment, où il avisa l’une des sœurs de la dénommée Noélie. L’étudiante qui le fit patienter rougissait à mesure qu’elle s’adressait à lui, comme si sa présence l’intimidait. Non, c’était un fait, un Baldwin intimidait forcément. Sa jonquille à la main, le brun de vingt-quatre ans monta les marches de l’escalier pour débouler dans la chambre de la divine jeune femme qui n’attendait visiblement personne mais qui, pour les beaux yeux d’Elliott, semblait avoir rangé à la va vite ce qui lui servait d’hébergement. « Eliott ! », lâcha-t-elle sous le coup de la surprise. Il se tenait dans l’encadrement de la porte, attendant un signal de sa part. Mais non. « T’es sur que tu ne t’es pas trompé » Le jeune homme pénétra à l’intérieur de la pièce, lâchant un rire sonore. « Tu es bien Noélie, n’est-ce pas ? A moins que la jeune femme supposant me conduire à toi m’ait menti sur toute la ligne par pure jalousie. Non, je plaisante. » Un nouveau rire tandis qu’il prit la fine main de son interlocutrice pour lui donner la jonquille. « J’espère que tu apprécieras ce cadeau. D’habitude, je préfère les objets de valeur mais cette fois-ci, je me suis dit qu’il valait mieux taper dans quelque chose de plus naturel. » Il gratifia la jeune femme d’un baiser sur la joue avant de se détourner d’elle et d’inspecter brièvement la chambre de la demoiselle.

La blonde continuait de le dévisager, intriguée, ou tout simplement intriguée par sa présence. Ou plutôt, la raison pour laquelle il se trouvait présentement devant elle. Cependant, et bien qu’elle avait longuement douté, Eliott lui confirmait bien qu’il était là pour la voir elle et pas une autre. Noélie arqua un sourcil puis haussa les épaules. « Oui, oui, c’est bien moi » confirma-t-elle, esquissant un sourire, sans trop de raison puisque lui-même savait qu’il était devant la personne. Il évoqua ensuite une histoire de jalousie et elle ne releva simplement pas. La minute d’après, sa main se retrouva dans celle du jeune homme. Une jonquille. « Je..Eh bien, merci, beaucoup » répondit-elle encore plus déconcertée mais néanmoins, presque, conquise, puis elle sourit à nouveau. Il n’était pas très compliqué de la charmer tout compte fait: un peu de ‘romance’ mièvre, quelques douce et gentilles attentions, et hop le tour était joué. Puis, il justifia qu’il avait préféré taper dans quelque chose de « naturel ». « Et, c’est apprécié » dit-elle, son sourire rayonnant aux lèvres, avant qu’il ne dépose ses lèvres sur sa joue. Noélie tenta de ne rien laisser transparaitre sur son visage poupin, préférant simplement ne pas réfléchir à la chose. Après quoi, le regard du brun balaya la pièce, la blonde écarquilla les yeux et se mit à s’agiter. « Non, non, non, non ! Ne fait pas attention ! Ma coloc et moi n’avons pas eu le temps de.. » débita-elle en agitant ses mains devant ses yeux, reculant dans le même temps tout en poussant les quelques vêtements qui jonchaient le sol de ses pieds. « ..faire de l’ordre parce.. » se justifia-t-elle sans pouvoir terminer car dans la précipitation, l’empressement, et à cause de ses gestes/mouvements frénétiques, désordonnés et chaotiques, elle se prit les pieds dans un des pulls au sol et d’arriver au sol. Pire encore, entrainant involontairement le jeune homme avec elle dans sa chute. « Waw, classe » fit-elle sur le ton de la dérision avant d’éclater de rire. « La honte » ajouta-t-elle toujours hilare, se laissant tomber au sol, allongée, pour calmer son rire, un bras recouvrant son visage. « Je suis désolée » fit-elle vrillant ses prunelles vers l’étudiant en affichant une moue désolée. Première approche.. fracassante. Pour le coup, il se rappellerait d'elle. Noélie était le genre spontané et bien qu’elle ait un rang, une image, à tenir eh bien, sur ce coup là...Tant pis pour cette fois. C’est vrai que les Oméga Phi avaient tendance à envoyer l’image ‘tasse de thé et cxl serré’ mais Noélie n’était pas le genre à rougir dans ce genre de situation. Sa maladresse, elle avait quasiment apprit à vivre avec désormais. Soit. Ensuite, la belle se redressa et se mit sur ses pieds puis se pencha vers le brun, tendant une main vers celui-ci accompagné d’un sourire amusé.

La chambre n’avait aucun point commun avec celle d’Elliott. Devant lui se tenaient deux lits hâtivement faits, des vêtements à moitié rangés, une décoration approximative néanmoins d’assez bon goût. Rien à voir avec la pièce dans laquelle il passait la plupart de son temps. Entièrement décorée par un architecte d’intérieur embauché spécialement pour l’occasion et financé par l’argent de son père, la plupart de ses conquêtes se plaisaient à dire que la chambre était probablement la plus belle du campus – normal pour un président de confrérie. Mais pour une fois, il serait un peu moins regardant sur la chose et accorderait le bénéfice de la colocation à sa jeune amie qui, le voyant observer la pièce d’un regard neutre, s’agita brusquement, sans que le sieur Baldwin n’eut le temps de comprendre pourquoi. Elle se répandait en excuses, gesticulait de façon assez drôle comme si Elliott s’était jeté sur elle pour la réprimander d’un tel désordre. Il partait du principe qu’il n’avait rien à dire sur l’organisation de la pièce et qu’elle appartenait à Noélie ainsi que sa colocataire. Elle parlait, tout en balayant du passage certains de ses vêtements tandis que, passif et armé de son éternel sourire narquois, Elliott la regardait faire, amusé par une telle situation. Erreur fatale. S’il n’avait pas eu les mains dans les poches, il aurait pu se retenir et ainsi éviter de tomber en compagnie de la demoiselle qui s’excusait à présent. Mais bon, quand on connaissait le jeune homme, c’était loin de lui déplaire de faire du corps à corps avec quelqu’un qu’il avait en vue depuis quelques temps déjà. Il laissa échapper un rire sonore qu’il trouva absolument ridicule. Enfin, tant qu’elle riait, elle, c’était tout ce qui comptait. Se tenant à moitié redressé sur ses deux coudes, il ne disait toujours rien. A vrai dire, observer Noélie s’embourber dans ses bêtises probablement parce que la présence d’Elliott l’embarrassait, il fut néanmoins surpris quand cette dernière lui tendit la main pour se relever. Allons bon, il n’était pas une fillette, il pouvait très bien se mettre sur ses deux jambes sans la moindre aide. Mais une idée germa immédiatement dans sa tête et son éternel sourire narquois s’agrandit, fier de ce qui allait se produire par la suite. Il prit la main de la demoiselle, assurément. Pas pour se relever mais pour la faire tomber sur lui. Un rire s’échappa de ses lèvres tandis qu’il l’enserrait à la taille de son bras gauche pour la rapprocher encore et toujours un peu plus. Il l’observa un instant, encrant son regard dans le sien avant de lâcher un « Bon, assez plaisanté. ». Elliott se releva, forçant la jeune femme à s’écarter et toujours assis au sol, lâcha un nouveau rire avant de passer sa main dans ses cheveux, par gêne – ou plutôt pour faire semblant d’être gêné. Un long silence suivit, long silence qu’il brisa. « Au fait, comment ça se passe chez les Omega Phi ? Beth m’a dit que tout avait été un peu compliqué pour toi, ici. »

Règle numéro un : toujours s’intéresser à la cible en la forçant à parler de choses personnelles. Succès garanti.

Sa chambre, elle ne l’avait pas choisie et encore moins sa colocataire. Mais Noélie s’adaptait à tout. Et, c’était loin de la déranger bien qu’on l’ait toujours habituée au meilleur. Là, disons, que c’était pas trop mal. Cependant, elle appréciait comme les choses étaient. La blonde était loin d’être une fille à papa capricieuse. Non, juste une fille à papa tout court. Et, c’était déjà bien suffisant ainsi. Noélie se tenait toujours devant le brun, une main amicale tendue, simple politesse. Elle l’avait fait tomber, il était normal qu’elle lui propose son aide quand bien même il était normalement constitué et que, de toute évidence, il n’en avait guère besoin. Soit. La blonde aperçut un sourire étirer les lèvres du brun, elle arqua un sourcil perplexe et le dit de faire arriver l’information au cerveau, Eliott avait déjà pris sa main et tiré sur celle-ci pour l‘attirer contre lui. Loin d’être du genre ‘je tiens sur mes pieds’ Noélie se sentit tomber et, dans le même temps, échappa un magnifique petit cri sexy du genre « aaaaaah » avant de se retrouver sur le Sigma Tau. L’Oméga Phi posa automatiquement ses mains sur les épaules du jeune homme, tentant de mettre un peu de distance entre leur deux corps, quelque peu gênée par cette proximité soudaine. Puis, lorsque leur regard se croisèrent pour ne pas se lâcher, ou plutôt lui pour ne pas la lâcher, elle se perdit un instant dans ses yeux, retenant sa respiration. « Bon, assez plaisanté. » annonça-t-il avant de se relever et qu’elle ne se retrouve à son côté. La blonde lâcha un soupir discret, pouvant -enfin- reprendre sa respiration.
Les minutes s’étirèrent alors qu’un blanc s’installait, et contrairement à d’habitude elle ne s’était pas empressée de le briser, trop occupée à remettre ses idées en place. Néanmoins, lui, il le brisa en lui demandant comment cela se passait pour elle en tant que nouvelle recrue de la sororité. Noélie eut un sourire crispé. « Eh bien…on fait aller » dit-elle succincte avant de recroiser le regard du brun et de se mettre automatiquement à débiter quelque peu nerveuse. « Disons que c’est compliqué. Certaines me considèrent comme l’intrus; comme l’opportuniste du pavillon; celle qui a rejoint les OP par procuration; celle encore qui a eut sa place grâce à Ashleigh et sa mort, ou tout simplement, que j’ai pris sa place au sein du cercle. J’trouve ca assez dégradant et plutôt méchant mais je m’y fais. Je n’ai pas vraiment le choix puisque je ne quitterais pas la sororité pour autant » débita-t-elle avant de baisser les yeux en triturant son collier en or blanc représentant les lettres grecques de la sororité que Bethany lui avait remis lors de leur soirée d’intégration. C’était le sien et pas celui d’Ashleigh. Après quoi elle releva les yeux vers le jeune homme. « Elles vont finir par changer d’avis... » fit-elle pleine d’optimisme. Ce qui était assez remarquable et remarqué chez elle. Son attitude toujours positive. « J’en suis certaine. » Sous-entendu, elle vont finir par m'accepter..