- all the roads we have to walk are winding -
ft. timon&noélie

Noélie détestait la journée du dimanche. Généralement, c’était toujours la plus maussade et déprimante. Celle où il ne se passe quasiment rien parce que tout le monde est occupé à faire je-ne-sais-quoi. Ou alors, à ne rien faire du tout et, comme Noélie, tourner en rond, à trainer ici et là. En l’occurrence cette journée n’échappait guère à la règle: pluvieuse, grise, maussade, ennuyante à souhait. Vive l’hiver. La blonde n’avait cessé de descendre et remonter inutilement les escaliers en espérant qu’une idée divine la frappe de plein fouet. Et, ce presque le cas. Après avoir trainé toute la journée -ou presque- elle avait décidé d’aller faire un tour du côté des Kappa. Non, que ca la réjouissait mais son ami -et même meilleur ami- Timon s’y trouvait. L’an passé c’était déjà plus simple puisqu’il ne vivait pas dans le pavillon de la sororité et ainsi elle n’avait pas à croiser certaines personnes mais soit. La blonde enfila un sweat au couleur de sa sororité avec brodé dessus les lettres grecques de celles-ci avec du fil argenté puis finit par sortir du pavillon des OP. La demoiselle voulait voir son ami donc rien ne l’arrêterait, non, pas même ces quelques indésirables qu’elle ne souhaitait pas croiser au risque qu’on lui ruine une journée déjà… ruinée ? Oui voilà. Au mieux, elle en croiserait des ’inconnus’ et dans le meilleur des cas personne ou Jaden. Noélie rabattit la capuche de son sweat sur sa tête, traversant le parc de la MVU sous la pluie, finissant par courir pour éviter le rideau de pluie qui tombait de plus en plus fort. Polie, la blonde frappa à la forte une fois… deux fois…trois fois.. Avant qu’elle ne finisse par actionner la poignet de la porte. Une porte qu’elle trouva non verrouillée… comme souvent elle avait l’impression. La belle arqua un sourcil puis haussa les épaules avant de pénétrer dans la demeure des Kappa. Connaissant le chemin par cœur, elle monta les marches deux à deux, une fois arrivée sur la pallier son regard accrocha avec celui du président de la fraternité: Enzo. Un geste scabreux tendancieux, et une parole qu'elle comprit après avoir lu sur ses lèvres suffit à lui faire détourner le regard et continuer jusqu’à se retrouver dans la chambre de son brun. Et, à nouveau, elle frappa à la porte. Juste une fois cette fois ci avant d’entrer presque en trombe ouvrant la porte à la volée. « Mais quel con celui-ci ! » s’exclama-t-elle exaspérée en se laissant tomber sur le lit de son ami. « Je me suis permise d’entrer mon Timo, je savais que de toute façon tu ne serais pas occupé » plaisanta-t-elle un poil provocatrice. Elle savait pertinemment qu’il comprendrait sa petite allusion ô combien railleuse mais loin, vraiment très loin, d’être méchante.

Il n'y avait sûrement rien de plus déprimant qu'un dimanche pluvieux. Obligé de rester enfermer dans le bâtiment des Kappa Beta Oméga, je ne peux que me contenter de regarder par la fenêtre le chemin habituel que j'emprunte généralement le week-end pour aller m'entraîner. Je met un point d'honneur à ne jamais rater une séance d'entrainement, souhaitant toujours rester à un niveau plus que respectable pour une équipe de niveau national. D'autant lorsque le capitaine de celle-ci se trouvait être Enzo Reed. Ainsi, affalé dans mon lit, je n'ai rien d'autre de bien intéressant à faire que de corriger mes cours tapés à la va-vite. La porte s'ouvre brutalement, laissant entrer une réelle tornade blonde, qui se jette littéralement sur mon matelas. J'arcque un sourcil, surpris, tandis qu'elle s'exclame sans plus de formalité: « Mais quel con celui-ci ! Je me suis permise d’entrer mon Timo, je savais que de toute façon tu ne serais pas occupé. » Je me relève, afin de pouvoir m'asseoir plus confortablement, dos calé contre un des murs de la pièce. « Détrompe toi... Si j'étais si seul et désespéré que ça, ma chambre se serait transformée en temple de la masturbation pré-pubère et alors là, ça serait encore plus gênant ! Enfin, bref. » Je lui adresse un léger sourire ironique. En réalité, j'ai toujours relativement bien vécut mes périodes de célibats, aussi longues soient-elles, grâce à mes nombreuses activités qui se partagent la majorité de mon temps libre m'empêchant ainsi de me morfondre tout seul dans mon coin. Certes, ma réplique tient plus de la caricature que de quelque chose d'entièrement faux, mais sans vouloir rentrer dans les détails scabreux, cela reste quelque chose de naturel dont je ne suis certainement pas l'unique mâle de toute l'université à pratiquer cette petite activité parfois. Je fronce les sourcils, face à sa mine très légèrement renfrognée, avant de me relever et de pivoter afin de me caler juste à côté d'elle. Je lui donne un léger coup de coude, censé lui remonter le moral aussi ridicule et simple puisse-t-il être. « Tu sais, il y a beaucoup de cons ici, il va falloir que tu te montres plus précise. » dis-je avec un petit sourire railleur.

La blonde se retourna sur le ventre, croisa ses bras et posa sa tête dessus, écoutant son ami lui raconter ce qui se serait réellement passé s’il avait été désespéré comme elle l’avait précédemment sous-entendu dans le but de le taquiner. Ce qui, par ailleurs et de toute évidence, avait fonctionné. « Epargne moi ce genre de petit détail Timo » fit-elle en rigolant. Par ailleurs, la remarque de Timon sur son côté « castratrice » lui revient en tête, Noélie sourit de nouveau avant d’aller déposer ses lèvres sur sa joue. « Je blague, tu sais bien » précisa-t-elle. Puis, elle laissa son regard ambre balayer la chambre du jeune homme qui, fallait l’avouer, ne ressemblait en rien à la sienne. C’était le bordel. Encore plus que le sien. Elle se pensait bordélique mais alors là on avait l’impression qu’une bombe avait explosé. Enfin, étrangement ce n’était pas, de ce qui semblait être, du côté de Timo seulement de l’autre côté. Surement son colocataire. « On croirait une version modernisée et assez ratée d’Hiroshima-Nagasaki » fit-elle pensive, quelque peu ailleurs, en montrant le bazar en face d’un léger coup de tête, avant que le coup de coude ne la fasse sursauter. « Aie ! » se plaignit-elle en vrillant ses prunelles vers son ami, après quoi elle se ‘vengea’ en lui administrant un coup d’épaule puis sourit. « Tu sais, il y a beaucoup de cons ici, il va falloir que tu te montres plus précise. » dit-il. Celle-ci sourit, au moins ils étaient d’accord. « Surtout dans ce pavillon nan » rétorqua-t-elle à la fois taquine et mutine critiquant légèrement mais ouvertement néanmoins les frères du jeune homme, avant de lui tirer la langue. Oui, les Oméga Phi et les Kappa n’étaient pas en bons termes d’une manière générale. Il y’avait plusieurs explications à cela. Mais, pour Noélie, Timon était bien trop important pour que les rivalités entre confréries n’interfèrent dans sa relation avec le jeune homme. Ce pourquoi elle n’avait aucun mal ou scrupule à franchir la porte du pavillon pour y rejoindre le brun. « Lui » fit-elle ensuite en pointant la fenêtre qui laissait apparaitre le président de sa confrérie. « Lui, Enzo, le roi des cons au pays des emmerdeurs » ajouta-t-elle en fronçant les sourcils. La blonde était sceptique: elle ne l’appréciait ni ne le détestait. C’était trop tôt pour se positionner bien que l’épisode du jacuzzi lui laissa aisément percevoir la suite -dès plus désagréable et éprouvante- des événements qui l’attendait.

Un bref éclat de rire secoue ma poitrine suite à sa réponse quant à ma réplique quelque peu vaseuse au sujet de ma propre vie sexuelle. Je soutiens néanmoins qu'il y a une part de vérité dans ce que je dis. Après tout, je ne fais guère parti des grands has-been de la MVU: je suis défenseur au sein de l'équipe de hockey des Spartans, bras droit du président de la fameuse fraternité des Kappa Beta Oméga et plutôt pas trop mal dans mon genre à ce qu'il parait. Autant dire qu'il y a plus désespéré que moi dans l'enceinte de l'université et même plus désemparé face aux charmes de la gente féminine. « On croirait une version modernisée et assez ratée d’Hiroshima-Nagasaki. » J'esquisse un léger sourire, avant d'hausser les épaules l'air du mec qui n'y peut rien, bien que l'énorme bazar dans la chambre est en parti le mien. Mon colocataire est un mec gentil, mais un brin bordélique, ce qui nous fait au moins un point en commun. La pièce aménagée par nos soins à tout de la garçonnière d'étudiants de base: une multitude de vêtements traînent sur la moquette sombre, accompagnés par des bouquins divers empruntés il y a fort longtemps à la bibliothèque du campus et de vieux restes de nourritures apportés au cours de révisions intensives d'examens. « Surtout dans ce pavillon nan. » « Il y en a des pas trop mal dans les autres confréries... » dis-je avec un léger sourire railleur. Bien que sans noms particuliers à l'esprit, je ne sais pas si c'est d'être un KBO ou non qui me forge cet avis, mais je n'ai jamais tellement apprécié les Sigma Tau Iota, bien trop "enfants de..." pour la plupart, tandis que de mon côté je suis orphelin de l'un de mes parents, voir même d'un tout petit peu plus. « Lui, Enzo, le roi des cons au pays des emmerdeurs. » Je tourne la tête dans la direction que Noélie m'indique, afin d'apercevoir Enzo s'aventurant à l'extérieur et avancant le long d'un des chemins partant de notre pavillon. « Reed n'est pas si mauvais que ça... Sincèrement, je le trouve même plutôt brillant. Il est intelligent, il réussi tout ce qu'il entreprend... » Je me contente d'hausser les épaules, persuadé que mes arguments feront mouches, tant ils me semblent convaincants.