Noélie Young & Enzo Reed

Une journée comme une autre avait débutée sous le soleil du Michigan. Une journée à se promener dans les parcs, main dans la main pour ceux qui avaient la malchance d'être en couple. Une journée à promener son chien, à supposer qu'on ait le malheur d'en posséder un. Bref, une journée remplie de cliché et de petites habitudes dégageant une odeur affreuse de bonheur répugnant et rose, aussi rose que ces Omega Phi. Enzo n'avait franchement rien à faire, il n'était pas d'humeur sexuel, était totalement à jour dans ses cours, et c'est dans cette logique qu'il se rendit au complexe sportif qui venait d'ouvrir, pour inaugurer les lieux. Un Kappa Beta Omega se devait d'entretenir son corps. Il se rendit d'abord dans la salle de musculation. Il y avait là un choix incroyable, mais le jeune italien n'hésita pas longtemps et se dirigea vers le tapis roulant. Une bonne heure de course après, le corps tout transpirant, il éprouva tout à coup une envie folle d'un jaccuzzi. Il se trouvait que le complexe sportif en possédait un. Il n'y avait aucune raison selon lui, qu'il soit occupé, pour les raisons exposées précédemment. Vêtu d'un short noir, d'un débardeur noir, et muni d'une serviette blanche placée autour du coup, il pénétra dans le vestiaire masculin. Un gros et gras prenait sa douche, et Enzo ne put empêcher un regard moqueur très peu discret à l'égard de cet homme. Une fois son maillot de bain enfilé, il ferma son casier et tout en sifflant marcha vers le bain à bulle si agréable. Il reconnut au loin la jeune Noélie Young qui profitait du plaisir des bulles, elle qui préférait d'habitude celle du champagne, et Enzo en connaissait un rayon sur la fifille. Elle avait remplacé Ashleigh parmi les Oméga Phi, et pour cette seule raison, Enzo se devait de jouer avec elle comme on joue avec le nouveau jeu sorti il y a encore quelques semaines. C'est neuf, c'est frais, c'est jouissif. Après un très large sourire il prit place juste à côté d'elle et lui chuchota : « Young. Tu sais qu'Ashleigh adorait les jacuzzis ? Paraît même que t'es assise exactement à la place où elle avait habitude de se poser. » Il avait bien entendu dit ça pour provoquer la jeune femme, et faire une entrée en matière plutôt remarquée. La journée annoncée si ennuyante, partait finalement sur tout autres promesses...

Quelques jours s’étaient écoulés depuis le début de l’année. Et, en toute honnêteté, pas des plus paisibles. Elle, qui avait osé penser que ca irait mieux avec certaines autres filles de la sororité une fois que les jours auraient filé, elle s’était bien trompée. Au contraire, d’autres, externes au Oméga Phi, s’y étaient également mise. Ca frôlait même la stupidité. D’ailleurs, Noélie en mettait sa main à couper qu’elles ne connaissaient qu’à peine Ashleigh et qu’elles avaient juste trouvé leur petite distraction du début d’année. L’espèce de bouc émissaire pour passer leur nerfs etc.. Enfin, la blonde préférait se dire ca que d’imaginer la situation se prolonger jusqu’à la fin de l’année par exemple. Vivement qu’elles se trouvent un autre passe-temps. Ou que leur pseudo rancœur se dissipe rapidement en même temps que le souvenir d’Ashleigh et de son meurtre lors de sa résolution. Vivement. C’est qu’elle commence sérieusement à saturer alors que ca ne fait que commencer. Et, pourtant malgré tout ceci, son sourire béat, presque idiot, était toujours plaqué sur ses fines lèvres. C’est dans ce genre de moment qu’on remercie le yoga, non qu’elle soit une fille violente et hystérique. Loin de là. Disons que ca aide spirituellement. Les mains jointes au niveau du thorax, jambes croisés en tailleur, et les yeux résolument fermés. Cela devait faire deux bonnes heures que Noélie était immobile, assise sur son tapis de sol, à respirer régulièrement, et laisser ses penser s’entremêler. Le complexe sportif grouillait de monde et pourtant c’était le silence complet dans sa tête -si on ne compte pas ses propres pensées, soit. La belle soupira avant de rouvrir les yeux et décroiser les jambes. Ses prunelles se perdirent un instant avant de cligner des yeux et de se relever. Noélie se dirigea vers les vestiaires où elle enfila un maillot, deux pièces, noir, rien de plus simple pour ensuite aller immerger dans le bassin à bulle. Quelques minutes filèrent, et, alors qu’elle pensait pouvoir jouir de quelques minutes supplémentaires de bien-être, elle se rendit bien vite compte que ce n’était que le sursis avant de nouvelles emmerdes. Enzo Reed. « Young. Tu sais qu'Ashleigh adorait les jacuzzis ? Paraît même que t'es assise exactement à la place où elle avait habitude de se poser. » Et un murmure. Encore une remarque sur Ashleigh. Noélie sursauta, surprise, avant de vriller ses prunelles vers le jeune homme. « Ouais, Il parait même qu'elle le faisait juste ici avec son dernier petit-ami, ou encore celui d’avant, impossible de me rappeler, enfin juste là où tu es.. » rétorqua-t-elle d'un ton léger, sans aucune pointe de sarcasme bien qu’elle l’aurait voulu, en essayant tant mal que bien de dissimuler à quel point ses remarques la touchaient. Oui, elle avait encore la force de répondre mais pour encore combien de temps..

Enzo avait l’habitude de se rendre dans le jacuzzi, c’était surement l’un des endroits humides qu’il préférait… Et puis, cela permettait de se relaxer quelque peu. Être seul n’aurait pas été de refus, mais la présence de la blonde ne le dérangeait pas non plus, il pourrait au moins se distraire. Ce qu’il faisait la plupart du temps lorsqu’il était accompagné dans un jacuzzi. Mais là, il s’agissait d’une autre distraction, moins de plaisir charnel pour plus de jubilation. Parce que bien sur, l’italien prenait tout cela pour un jeu, après tout ça l’était et les petites piques qu’il lançait étaient simplement par jeux. Que cela puisse vexer, c’était simplement un bonus. Quoiqu’il en soit, l’étudiant en sociologie détailla de son regard pervers Noélie, elle était un peu simplette mais elle était bonne, fallait bien l’avouer. Surtout avec son bikini noir qui mettait en valeur sa peau clair et ses cheveux blonds. Oui, Enzo l’aurait bien dévoré sur le champ, comme la moitié des autres étudiantes et étudiants, d’ailleurs. C’était tellement simple de déstabiliser Young, il suffisait d’évoquer la défunte pour que Noélie se sente en trop. Et c’était sans doute le cas, après tout, sans sa mort, la blonde ne serait pas une Oméga Phi. Après sa phrase d’accroche, la simplette n’hésita pas à renchérir. Bien, au moins elle avait un minimum de répartie. D’ailleurs, sa phrase le fit rire. Il se mit un instant à se remémorer un souvenir, un sourire presque béat, la seconde d’après, il reprenait déjà ce sourire malicieux qui ne le quittait que trop peu souvent. « Les jacuzzis, c’est mon péché mignon. Et d’après les cris d’Ashleigh, elle adorait aussi. » Su ce coup là, l’Oméga Phi était mal tombé. Enzo était l’ex d’Ashleigh et ils avaient sans doute baptisé tous les lieux. C’avait été fort agréable, d’ailleurs. Le jacuzzi n’avait pas été exclu, évidemment. Après un regard pervers, il se pencha vers la blonde. « Toi et moi, ici… Hein ? Mais arrête de fantasmer, au moins une chose que tu ne lui prendras pas. » D’un ton assassin, le garçon la perça de son regard avant de finalement fermer les paupières un instant, se relaxer. Quel meilleur moyen que de parler avec Young pour se relaxer, non vraiment, tel un jouet, il s’amusait d’elle. « Quoique. » Acheva-t-il, amusé. Sans pour autant prendre la peine d’ouvrir les yeux.

Noélie se força à ne pas détourner les yeux vers le jeune homme mais plutôt à fixer de manière très intense le fond du bassin, comme s’il comportait un quelque chose de soudainement très intéressant au point de la captiver. Mais non, ce n’était qu’une feinte, une simple et lâche feinte pour éviter d’affronter le regard du brun. Oui, en quelque sorte, il l’intimidait, mais elle préférait encore qu’on lui coupe la langue, qu’on lui arrache les yeux, plutôt que de l’avouer. Non qu’elle avait un quelconque orgueil à faire valoir, loin de là, c’était une question de principe, elle avait un rang à tenir, en l’occurrence celui qui lui était conféré par son appartenance aux Oméga Phi. Et, le fait en est que les Oméga Phi étaient liées aux STI et non au KBO pour une raison. Soit. La belle commença alors à jouer avec la surface de l’eau de ses doigts, toujours dans la même optique lorsque le trouble-fête renchérit. Dans le même temps, elle aperçut en coin son sourire malicieux presque pervers ce qui lui annonçait rien de bon et s‘attendait déjà au pire. « Les jacuzzis, c’est mon péché mignon. Et d’après les cris d’Ashleigh, elle adorait aussi. » L’Oméga Phi ne put retenir un frisson, non pas d’envie mais plutôt entre le « je ne voulais pas savoir » et « je ne veux pas plus de détail ». Dire de dégout serait un peu trop fort mais ce n’était pas loin. « Toi et moi, ici… Hein ? Mais arrête de fantasmer, au moins une chose que tu ne lui prendras pas. » A ce moment là, la belle releva les yeux, un sourire amusé aux lèvres prête à rétorquer avec une réplique qui aurait fait son effet mais elle la ravala immédiatement en entendant le fin de la sienne, et pire que tout, après le regard qu’il lui avait lancé. Noélie déglutit et resta immobile, incapable de donner suite. « Enfoiré » fut le seul mot qui s’extirpa dans un maigre murmure d’entre ses fines lèvres avant de river les yeux vers l’eau pour contenir la boule qui s’était formée dans sa gorge prête à l’étouffer au moindre mot en trop. C'était l'arme du malheureux, du démuni, mais c'était tout ce qu'elle avait présentement, tout ce qui voulait bien franchir la barrière que formaient ses lèvres. Décidément, c’était trop facile. Ils ne jouaient pas au même niveau: c’était un expert mais qui cependant possédait des jokers, aides, des solutions de triches fumeuses. Et, elle n’était qu’une novice sans rien de tout cela. Injuste. « Quoique. » ajouta-t-il, l’amusement s’émanant par tout les pores de sa peau. Sentiment d’impuissance quand tu nous tiens. Il avait l’ascendant et elle était démunie, pire encore, elle ne savait pas comment retourner la situation. Son cerveau avait beau tourner dans tout les sens possibles, rien ne lui venait à l’esprit. « Je ne lui ai rien pris du tout.. » murmura-t-elle à nouveau la gorge nouée plus pour se rassurer elle, que de le convaincre lui. Elle avait les yeux rivés vers l’eau chaude, s’y enfonçant un peu plus jusqu’aux épaules, arborant un air préoccupée, soucieuse. Tout ce qu’Ashleigh avait perdu n’avait rien avoir avec ce que Noélie avait maintenant, la blonde n‘y était pour rien, pour absolument rien.. N’est-ce pas..

Enzo essayait de profiter du jacuzzi. Cependant, son attention était en partie accaparée par la petite Young, qu'il le veuille ou non, elle était là, et le spectacle à disposition était particulièrement intéressant. Après tout, la blonde avait beau ne pas avoir inventé l'eau tiède ou le fil à couper le beurre, la possibilité pour le président de confrérie de pouvoir la déstabiliser aussi facilement avait quelque chose de jouissif. Finalement, les choses étaient presque un peu trop simples. De toute façon, pour trouver une adversaire de haut vol, en tout cas dans la discussion, Noélie n'était pas une championne. Pour les exercices plus physiques, par contre... Mais la pauvre semblait faire de son mieux, c'est le principal, non ? Et puis, tant qu'à être là pour se détendre, autant ne pas avoir une tache trop difficile, n'est ce pas ? De plus, en connaissant un peu la belle blonde, le présidente de confrérie prévoyait des possibilités de retournement de situation, après tout, s'il s'interessant à elle, c'est qu'elle n'était pas totalement stupide. Joueur, faisant mine d'être désolé pour elle, le jeune homme lui donc, d'un ton sarcastique « Roh, tu pourrais au moins faire semblant d'être convaincue. Enfin, c'est pas comme si tout le monde ne savait pas déjà à quoi tu dois ta nouvelle vie, hein ? » La grande blonde avait l'air honteuse. Tant mieux. Beaucoup d'étudiants ne seraient sans doute pas allé aussi loin, mais, c'était bien connu, Enzo n'était pas comme les autres. Il poussait le vice toujours plus loin, même sur des thèmes qui pouvaient etre tabous pour le commun des mortels, le jeune homme savait qu'il pouvait tout se permettre. C'était peut être ça, le vrai pouvoir, après tout, ne jamais avoir quelqu'un pour lui dire où s'arrêter. Et ça n'allait sans doute pas être son interlocutrice qui allait mettre un terme à tout cela ! Un air malicieux, comme souvent, Enzo poursuivit donc. « Et toi, tu aimes les jacuzzis, Young ? » Une phrase pleine de sous entendus...

Noélie soupira, tentant de se raisonner, se rappelant de certaines choses que ses amis et -certaines- sœurs lui avaient dit. Puis, de l’autre y’avait Enzo qui, par de simples mots, détruisait tout. C’était comme être plongé dans un immense bassin d’eau, profond, entrain de se noyer et lorsqu’on réussi enfin à émerger de quelques centimètres, on vous y replonge sans scrupule. La blonde avait ce sentiment là présentement.
La réplique, ô combien sarcastique du jeune homme, la fit arquer un sourcil. Elle savait qu’il était doué pour pousser le vice. Mais c’était une réplique en trop. Une espèce de goutte d’eau qui faisait déborder le vase. Et, même si là, maintenant, tout de suite, elle n’avait aucune idée de comment lui faire ravaler ses paroles, la demoiselle y réfléchissait sérieusement. Malgré tout ce qu’elle dégageait, il ne fallait pas pour autant sous-estimer Noélie. C’est qu’elle pouvait parfois être… surprenante. Encore fallait-il s’y intéresser, s’y pencher, de près. Soit. L’Oméga Phi déglutit discrètement avant de relever les yeux. « Et toi, tu aimes les jacuzzis, Young ? » A moins d’être stupide et crétin, sa parole suivante transpirait tout ce qu’il y’avait de plus pervers et scabreux, la blonde eut un rire sans joie. Après quoi, Noélie vrilla ses prunelles hazel dans celles du jeune homme, s’approchant légèrement du jeune homme, se retrouvant à quelques millimètres du jeune homme. Et, esquissa un petit sourire en coin. « Plutôt oui... » Souffla-t-elle d’une voix suave, caressante. « ...sauf qu’il y’a toujours des cons pour venir tout gâcher » ajouta-t-elle changeant de ton radicalement en lui envoyant un jet d’eau en pleine figure. Non, elle ne lui ferait pas ce plaisir. « J’me tire. » C’était largement suffisant pour cette fois. Il avait assez jubilé. Petite cause, grande conséquence. Dans son cas surtout psychologiques. Même si la demoiselle essayait de faire face, elle savait pertinemment que ca lui resterait en tête longtemps, que ca rongerait les bords de son esprit peu importe combien on essaierait de la rassurer sur la fausseté des paroles d’Enzo. Puis, elle se leva, décidée à quitter le bain chaud mais surtout le jeune homme.