Une nouvelle année commençait. Manoé retrouvait la chambre qu'elle avait déjà l'année dernière mais elle changeais cette année de colocataire. Les affaires d'Ashleigh avait été emmenés par les flics. La seule chose qu'elle avait su garder d'elle était un collier, un petit coeur en or sur une chaîne. Elle y tenait beaucoup et l'étudiante ne pouvais pas laisser ces policier le prendre. Elle l'avait caché dans sa poche avant qu'ils ne viennent tout saisir. A l'image de cette chambre aujourd'hui, qui avait été vidé de toutes ces affaires, Manoé se sentait vide de l'intérieur. Elle avait perdu une bonne amie. Certes, ce n'était pas la meilleure mais l'entente était là. Cette année serait forcément différente. Trop différente sans doute. Elle avait entendu dire que sa colocataire était une opportuniste, une fille à qui la mort d'Ash' profitait puisque sans cela elle n'aurait pas fait partie de ses soeurs. Rien que cette idée la refroidissait à vrai dire. Elle ferait avec. Mais qu'on ne lui demande pas de tout de suite devenir la meilleure amie de l'univers de cette fille, ce serait impossible. De toute façon elle n'en avait pas besoin. Elle avait tout de même, malgré tout, tenu à ne pas être négligé pour l'accueil. Elle portait une jupe fleurie dans les tons roses, un t-shirt blanc, un simple cardigan et des derbies toutes neuves. La première impression, toujours la première impression. Manoé savait qu'elle était importante, elle en connaissait un rayon à ce sujet. Ne sachant pas à quelle heure sa nouvelle colocataire arriverait Manoé décidé d'allumer son ordinateur portable et d'écouter de la musique. Une chanson de Birdy résonnait donc dans la pièce tandis que la rouquine fredonnait calmement, enroulant ses cheveux autour de ses doigts. Soudainement la porte s'ouvrit, d'un geste rapide Manoé releva la tête en direction de celle qui faisait son entrée... « Tu dois être la nouvelle ... » Non, à l'instant elle n'avait pas trouvé mieux. Non, cela ne faisait pas très accueillant mais la blonde devrait faire avec. Elle n'avait pas le choix de toute façon. « Manoé. » Elle mentionna simplement son prénom , son regard se fixa sur son ordinateur une nouvelle fois. Faisant comme si la venue de l'arrivante ne lui procurait aucun sentiment. Du je-m'-en-foutisme parfait.

« Tu verras, tu ne peux que t’entendre avec Manoé. » lui assura la présidente de la sororité. Et, Noélie lui sourit en retour, acquiesçant simplement. Premier jour et pas des moindres. Ca y’est c’était une Oméga Phi maintenant, et elle intégrait officiellement le pavillon en tant que « sœur ». L’excitation était là, c’était un fait, mais elle se contenait tant mal que bien. Si elle c’était écoutée elle serait entrain de sautiller partout. A l’inverse, elle tentait de faire bonne impression mais elle ne pouvait s’empêcher d’arborer un large sourire, les yeux pétillants. « Premier étage, quatrième porte à droite. Noté ! » répéta-t-elle avant de gratifier à nouveau la présidente d’un large sourire rayonnant. Après quoi, elle prit l’un de ses cartons, dans le coffre de la voiture qui lui avait servi à faire son « déménagement », bien lourd par ailleurs. La belle serra les dents, puis se contenta de retraverser la maison avant d’arriver devant les escaliers et les monter lentement une à une. Précautionneusement pour ne pas faire tomber tout ce dont ses bras étaient chargés. Noélie finit par arriver, puis elle compta les portes, accélérant ses pas sentant que ses bras allaient la lâcher. Puis finit par arriver devant ladite chambre numéro 4. La blonde déposa le carton et frappa à la porte. Un, deux, trois, quatre… Rien… cinq, six, sept… toujours rien. Elle arqua un sourcil perplexe. Il n’y avait personne ? Pourtant Bethany lui avait assuré que sa nouvelle colocataire était présente. Soit, elle haussa les sourcils et entra dans la pièce sans plus se poser de question. De là, elle n’aperçut qu’une chevelure flamboyante virevolter et enfin un visage. « Tu dois être la nouvelle ... » Waw, plus froid tu crèves. Effet sceau d’eau froide. « Elle-même ! » répondit-elle de sa chaleur et sa bonne humeur habituelle, son large sourire toujours accroché à ses lèvres. « Manoé. » ajouta la rousse avant de reporter son attention sur son ordinateur. « Ca commence bien » marmonna imperceptiblement la blonde. Mais, il lui en fallait bien plus pour l’abattre. Oui, elle était trop heureuse d’être là pour se sentir mal. Son taux de joie était tel que toute la mauvaise humeur du monde ne pouvait faire passer ce taux sous la barre des négatifs. « Moi, c’est Noélie » ajouta-t-elle quand même à l’adresse de sa nouvelle colocataire. Par ailleurs, Noélie ne demandait pas grand-chose, pas même une amitié de la mort qui tue, juste un peu de reconnaissance, ne pas être considérée comme un fantôme… n’est-ce pas. La blonde pivota sur les talons pour prendre son carton et le déposer à l’intérieur. Elle le souleva sans trop de mal et à peine eut-elle fait un pas en direction de la chambre que le scotch céda, éparpillant ses effets personnels dans toute la pièce. « Oh pxxunaise ! » s’exclama-t-elle roulant des yeux avant de s’accroupir pour ramasser les objets qu’elle espérait toujours entier. « Je gèèère ! » claironna-t-elle d’une voix toujours aussi gaie. Par ailleurs, pourquoi était-elle aussi froide ? Qu'est-ce qu'il lui prenait ? Puis, une explication tomba sous le sens. « Je peux comprendre que tu aies pu apprécier avoir une chambre seule mais bon apparemment seule la présidente a ce privilège ! » fit-elle, toujours aussi souriante, tentant, par sa bonne humeur, de détendre l'atmosphère, tout en continuant de ramasser les objets qui trainaient au sol.

Il n'y avait pas de doute à avoir, c'était bien elle. Cette fille allait cohabiter avec Manoé et elle avait intérêt à s'adapter à ses petites habitudes. Ne pas la réveiller quand elle dort, ne pas la déranger en pleine nuit, enfin des petites règles de vies auxquelles Manoé tenaient fortement. Manoé fixait la blonde, elle l'examinait de haut en bas. Des chevilles aux cheveux. Ce regard critique gênaient parfois certains, mais au fond, ça n'avait rien de bien méchant. Manoé n'était pas superficielle, bien au contraire, elle s'attache bien plus souvent à l'être de la personne qu'à son avoir. « Elle-même ! » Ces mots effleurèrent à peine l'oreille de Manoé qui s'était déjà replongé dans son ordinateur. Dans ses mails pour être plus précis. Bien entendu le but de Manoé n'était pas d'effrayer la blonde, bien que cela pourrait s'avérer être rigolo. Disons qu'elle préférait laisser faire le temps, ne pas lui accorder trop rapidement des gentillesses qu'elle ne mériterait aucunement pour le moment. « Moi, c'est Noélie» Encore une fois, Manoé bien trop concentré n'écouta pas les paroles de sa colocataire. Elle relisait son mail, les lèvres pincées avant de se rendre vraiment compte que sa colloc' venait de se présentée elle aussi. Tant pis. Elle redressa la tête l'espace de trois secondes à peine. « hum hum. » Encore une fois, la blonde devrait se contenter de ça. Elle tenta de rédiger une réponse en réfléchissant longuement aux mots qu'elle emploierait, elle y faisait toujours très attention d'ailleurs mais la rousse fût interrompue par une chute d'objets qui firent un bruit assez dérangeant. Décrétant que les conditions n'étaient pas suffisamment bonnes pour faire ce qu'elle avait à faire, elle laissa son ordinateur sur son bureau, se contentant de le fermer et alla s'asseoir sur l'un des canapé de la chambre. Non, elle n'allait pas aidé la blonde à tout ramasser. C'était de sa faute après tout si tout était tombé, si elle avait pris du scotch convenable et qu'elle l'avait bien fixé, elle n'en serait pas là. « Je peux comprendre que tu aies pu apprécier avoir une chambre seule mais bon apparemment seule la présidente a ce privilège ! » Mon dieu, pensait-elle vraiment ce qu'elle disait ? Elle ne connaissait rien de Manoé. Elle ne connaissait pas son histoire. Si il y a une chose que Manoé aimait dans les fraternités c'était la collectivité alors non, elle ne désirait pas être seule dans une chambre. Non, elle ne voulait pas passer ses soirées à se lamenter en solitaire comme elle l'avait fait durant son adolescence. « Tu ne connais rien de moi. » C'était tranché et direct. La rousse n'avait pas la prétention de dire qu'elle ne connaissait d'avantage au sujet de sa colocataire, mais elle, ne se permettait aucunement de faire des suppositions douteuses sur l'attribution des chambres. « Alors cesse de faire des suppositions inutiles.»

Noélie avait l’impression de parler à un mur. Quoique, même parler à un mur serait plus constructif que de parler à la rousse. Et surtout moins ’dégradant’ Oui, Noélie avait l’impression d’être reléguée au rang que moins que rien, pas même d’objet, et apparemment pas suffisamment intéressante ou juste ‘humaine’ pour mériter ne serait-ce qu’un peu d’attention lors des présentations. Elle ne demandait pas sa totale considération mais juste la politesse qui s’imposait. En arrivant ici, évidement qu’elle avait espéré établir une bonne relation avec sa futur colocataire, mais pas une aussi tendue. Soit. Il n’empêchait que Noélie resterait courtoise et respectueuse comme on l’avait éduquée peut importe le comportement de la rouquine ou les circonstances. La belle était toujours à ramasser ses objets et les remettre dans le carton reformé au sol avant de le trainer dans un coin qui était de ‘son’ côté de chambre. Noélie était une grande fille, elle avait des bras, des jambes, et par la même la capacité de se démerder sans l’aide de la rousse. Et, à aucun moment elle ne lui avait demandé de l’aide. Bien que si la situation avait été inversée, Noélie se serait jetée au sol pour l’aider. Soit.
« Tu ne connais rien de moi. » lâcha Manoé avec froideur. Un telle froideur que la blonde n‘en revenait pas, elle était même… glaciale tellement que la blonde avait peur que par un mot mal pesé elle finirait emportée par son sillage. Éberluée par une telle réaction, Noélie la regardait avec des yeux de la taille d’une soucoupe. Qu’est-ce qu’il lui prenait soudainement ? En aucun cas, elle n’avait voulu être offensante. Elle ne la comprenait pas du tout. Jamais, elle ne se serait permise un jugement quelconque à son égard. La nouvelle arrivante avait juste essayé de détendre la situation, c‘est tout. « Alors cesse de faire des suppositions inutiles. » enchaina sa colocataire. Pourquoi prenait-elle tout mal ? Pourquoi prenait-elle tout au premier degré ? Ne voulait-elle pas décontracter ne serait-ce que deux secondes ses traits et tirer sur ses muscles pour former ne serait-ce qu’un micro sourire. C’en devenait presque frustrant. « Eh bien, en attendant, tu n’es vraiment pas comme on t’a décrite. » rétorqua la blonde avant de quitter la pièce pour aller chercher un autre de ses cartons à l’étage inférieur. Pourtant, elle aurait volontiers cru ce que les autres sœurs, avec qui elle avait eu l’occasion de parler et notamment Bethany, avaient dit de Manoé. Cependant, elle était très loin de toutes les qualités qu’elles avaient énumérés. Vraiment très loin. Noélie n’avait passé que cinq minutes avec ladite Manoé qu’elle montrait un visage tout à fait différent de ce qui trainait dans l’esprit de leur sœur. Jouait-elle un jeu alors ? Qui était-elle vraiment ? La blonde soupira en fermant les yeux avant d’attraper deux de ses valises, une dans chaque main, et remonta. Elle traversa la pièce sans un regard vers sa colocataire avant d’arriver devant ce qui devait être son armoire et l’ouvrit. L’ouvrit pour se rendre compte qu’il y’avait des vêtements et elle en mettait à sa main à couper qu’ils étaient à la rouquine puisque les vêtements d’Ashleigh n’avaient pas eu le temps d’être placé ou alors avaient été récupéré par les flics. Soit. « De toute évidence, il va falloir que tu me fasses de la place » dit Noélie d’un ton égal, n’essayant pas de détendre l’atmosphère ou de sympathiser vu la réticence de sa sœur. Et, surtout qu’elle accepte tant bien que mal qu’elle soit là maintenant et pour longtemps. C’était un fait indéniable. Noélie n’allait pas quitter la sororité malgré toutes les réflexions qu‘on pourrait lui faire. Fallait s’y faire.