Le cours de biologie venait de se terminer. Un cours plus ennuyeux que jamais. Sans doute était-ce parce que je l'avais passé seule à gribouiller sur un cahier sans même discuter avec quelqu'un. Je suis quelqu'un de sociable en tant normal mais aujourd'hui la mauvaise et la fatigue m'en empêchait. A un moment donné, j'eu presque l'envie de m'endormir sur mon bureau. J'avais lutter, lutter durant deux heures et enfin je pouvais sortir et rejoindre le couloir où beaucoup se bousculaient sans regarder devant eux. Je marchais un instant, mes cahiers tenus contre moi d'une main et mon sac à bandoulière tapant dans ma hanche à chacun de mes pas. Tant pis. Je souffle un instant lacée de cette foule, je passe ma main libre dans ma mèche de devant la remettant en place. J'entends comme tous ces bruits de couloir sans grande importance. Jusqu'à ce que j'en entende un à mon sujet ... " traînée". Je sers les points et avance sans me retourner. Crétin. Ces mecs sont des crétins. Je suis lassée de toute cela mais je garde la tête haute. Je joue la fille que rien n'atteint. Il ne faut pas que ça m'atteigne. Je dois être plus forte que ça. Après tout, je compte bien y mettre un terme. Bethany semble avoir un plan pour que tout cela cesse. Elliott doit m'y aider. Mais qu'a-t-il à y gagner lui ? Faire semblant d'être mon petit ami ne va rien lui apporter du tout ... Je comprends pas vraiment et je ne pense pas que celui-ci jouera le jeu à cent pour cent. Je ne suis même pas sûre qu'il le joue à cinquante pour cent en fait. Je m'arrête un instant, préférant que chacun rejoigne ses classes afin de me retrouver un peu seule dans ce couloir. De pouvoir respirer. Je guette ces vagues d'étudiants qui savent où aller et avec qui y aller. Je guette chacun d'eux sans les connaître.

Sourire planté sur sa gueule d’ange, Elliott attendait patiemment la fin du cours. Il regardait à droite, puis à gauche, levait la main de temps en temps avant de soupirer, signe d’exaspération. Lorsque le professeur annonça que la leçon d’aujourd’hui touchait à sa fin, il se dépêcha de ranger ses affaires et se rua vers la sortie sous les regards charmeurs de certaines demoiselles qu’il avait à peine observées. Les couloirs étaient bondés, comme d’habitude. Les yeux de bon nombre d’étudiants s’attardaient un peu trop longtemps sur la silhouette masculine du jeune homme, qui habitué, continuait sa route en sifflotant, le tout d’un air confiant. Il nourrissait bon nombre de fantasmes dans cette université, cela le faisait souvent rire. Surtout les rumeurs de certaines traînées qui se permettaient de crier sur tous les toits qu’elles avaient couché avec le Sigma Tau Iota, juste pour se faire voir. Ou encore celles qui faisaient du lit d’Elliott leur institution favorite et clamaient haut et fort que le brun était fou amoureux d’elles. Mais là, pour l’instant, ce n’était pas la vision d’une de ces folles qui se profilait dans sa direction. Une tête rousse, parmi la masse d’étudiants, évoluait le long du couloir, certains semblaient la dévisager avec un sourire en coin. Sourire révélateur, sourire qui condamnait ce que cette docile jeune femme avait pu faire par le passé. Aussitôt, Elliott se souvient de la proposition de son amie, Bethany. Elle lui avait demandé de jouer les chevaliers servants pour redorer l’image de sa sœur, un peu trop désireuse de passer son temps dans les draps de ses amants. Il avait dit oui sans réfléchir mais ne l’avait jamais approchée. Là, c’était le moment. Et l’instant rêvé de fermer leur gueule à ces abrutis qui se permettaient de la juger sans la connaître. Ses pas se firent soudainement plus rapides et, arrivant à la hauteur de celle qu’il connaissait sous le charmant prénom de Manoé, son bras enserra sa taille fine pour l’attirer contre lui. Il posa ses lèvres sut les siennes et lui asséna un baiser des plus tendres, destiné à en surprendre plus d’un. Et puis, d’une voix tendre et rassurante, il parla. « Je te cherchais partout. C'était plutôt long cette heure de cours sans te voir. » Un nouveau baiser tandis qu'il lui prenait la main, guettant la moindre réaction aux alentours.

Sans même que je m'y attende vraiment, je sentis des bras enlacés ma taille et je fus surprise de sentir des lèvres se posées sur les miennes. Un baiser tendre. J'étais prête à gifler le malotrus qui avait osé faire cela sans me demander mon avis mais je fus rapidement rassurée de constater qu'il s'agissait d'Elliott. Mes yeux écarquillés comme ceux d'un hibou, je décidais d'entrer directement dans le rôle que l'on m'avait attribué. Je pris directement un air niais que l'on reconnait à toutes les filles amoureuses. Ces sourires niais me font toujours bien rire d'ailleurs mais je suis persuadé que je suis la première à le porter quand je suis amoureuse. Bref. Naturellement mes bras passèrent autour de sa nuque. « Je te cherchais partout. C'était plutôt long cette heure de cours sans te voir. » Je souriais légèrement, rire niais accompagnant un balancement de cheveux. « Je ne sais pas comme j'ai fais pour tenir sans toi. » J'exagérais la chose mais ici, plus les choses sont exagérées plus les gens y croient. Un nouveau baiser, mes bras quittent son cou tandis que celui-ci me prend la main. Je regarde bien entendu tous les regards interrogateurs des autres étudiants qui se demandent ce qui a bien pu se passer entre nous deux. Comment des gens qui ne se parlaient guère peuvent-ils roucouler dans les couloirs aujourd'hui après tout. Je m'avançais alors d'avantage, collant mes lèvres à son oreille. « Merci. » Je ne savais pas vraiment quoi lui dire d'autre. J'étais soudainement rassurée, nettement moins inquiète à l'idée que celui-ci prenne la chose à la légère puisqu'il venait de me prouver le contraire. Je m'écartais alors un peu de lui, laissant ma main dans la sienne. « Alors, qu'as-tu fais de beau depuis ce matin ? » Question stupide puisque je ne l'avais même pas vu ce matin mais soit. C'était mon rôle. « Moi j'ai beaucoup pensé à toi ... » Je me mordillais légèrement la lèvre, fixant mon regard dans le sien. Cette fois, c'est moi qui déposais mes lèvres sur les siennes, rendant le baiser plus langoureux que le précédent. Faisant tout mon possible pour que notre relation semble réaliste. « et à tes lèvres. » J'esquissais un léger sourire à ce dernier. Attendant que les curieux cessent enfin de nous regarder comme des singes en cage ... Ils sont tellement insistant que je serais prête à leur demander si ils veulent nous lancer des cacahuète mais je me retiens.

Manoé semblait surprise par une telle approche. Bon, effectivement, c’était radical. Mais au moins, les gens n’allaient pas se poser des questions quant à leur sincérité, surtout connaissant le caractère volage des deux étudiants. Elle prit un air faussement amoureux qui décrocha un faible sourire au jeune homme, lui rappelant ainsi qu’il remplissait le même rôle avec Bethany quand il s’agissait de jouer au couple parfait en présence de leurs parents. Ah, quel triste sort ! Si tous les étudiants de la MVU connaissaient les dessous de ce prétentieux de Baldwin, ils seraient probablement surpris de constater qu’il n’était pas spécialement heureux dans sa vie. Les bras de la demoiselle entourèrent son cou tandis qu’il maintenait ses mains autour de sa taille fine, leurs visages à quelques centimètres l’un de l’autre. Elle prononça quelques phrases clichées, phrases qui eurent le don de faire rire Elliott. Non pas parce qu’elles étaient d’une beauté extraordinaire mais surtout parce que les étudiants aux alentours allaient finir par y croire vraiment. Ne manquaient plus que les « poutous poutous » avec le nez et Elliott Baldwin serait catégorisé comme le mec le plus gnangnan lorsqu’il était en couple. Un baiser, un autre. Et sa main prit celle de la jeune femme, avant de parcourir lentement le couloir sous les yeux surpris des étudiants. Manoé lui adressa un bref « merci » auquel répondit le jeune homme par un sourire compatissant, signifiant ainsi qu’il faisait ça de bon cœur. Il ne prononçait mot, ravi de constater que sa jeune amie remplissait le rôle à merveille, une fois sur sa lancée. Elle le questionna sur sa journée mais il n’eut pas le temps de répondre qu’elle l’embrassait à nouveau, avec une envie qu’Elliott ne lui connaissait pas. Les étudiants continuaient à les observer de manière exaspérante, jusqu’à ce que l’une de ses anciennes conquêtes, furax d’assister à une scène pareille, se dirigea vers eux. « Baldwin ! Depuis quand tu sors avec cette trainée ? » Un sourire en coin. « Une semaine. Ça te pose un problème, peut-être ? » « Plutôt, oui. J’ai la ferme impression que tu t’es plus ou moins servi de moi, quand on a couché ensemble. » « Tu étais un très mauvais coup ce soir-là, j’ai jugé mieux de ne pas poursuivre notre relation pour ton propre bien. Enfin, surtout pour le mien. » Il lui adressa un sourire moqueur avant de reprendre son chemin en direction de la prochaine salle de cours. Mais sans prévenir, il posa ses lèvres sur celles de la jeune Omega Phi pour lui asséner le plus beau baiser qu’il n’avait jamais donné en public. Bien évidemment, bon nombre de regards étaient posés sur eux mais Elliott savait ce qu’il faisait. Un instant, il s’arrêta, observa Manoé dans les yeux pour lui faire comprendre qu’elle devait se laisser faire dans les cinq prochaines minutes avant de reprendre son baiser passionné et de la diriger vers une salle de classe vide où il referma brusquement la porte derrière eux, laissant à leurs spectateurs le bénéfice du doute quant à la tournure des évènements. La porte fermée, le jeune homme se sépara de son amie et lâcha un soupir avant de se laisser tomber dans la chaise du bureau du professeur et rejeta sa tête en arrière avant d’émettre un rire sonore. « Voilà, ils ont eu ce qu’ils désiraient. Elliott Baldwin tirant son coup avec Manoé Dawson dans une salle de classe vide. Tu paries combien qu’ils sont tous collés à la porte pour essayer d’entendre des bruits suspects ? » Une pause, puis un nouveau soupir. « Tu n’imagines même pas à quel point des dizaines de filles voudraient être à ta place. » Non, ce n’était pas de la prétention. Juste la vérité, selon le sieur Baldwin.

Nos rôles d'amoureux transi nous avaient été attribués et nous les jouions, si je peux me le permettre, à la perfection. Nous nous disions toutes les phrases bateau que l'on entend si souvent dans les couples niais. Des phrases qui donnent envie de sourire, je veux bien l'admettre. Moi-même, si je nous regardais, j'aurais eu envie de rire devant tant de niaiserie. Mais tout le monde semblait nous croire. Tant mieux. Sans même que je m'y attende, une fille qui semblait avoir passé du bon temps avec lui vint nous interrompre. Me traitant de traînée. Je ne pu m'empêcher de faire une petite remarque d'ailleurs, c'était plus fort que moi. « Entre nous ma grande, je ne sais pas laquelle de nous deux est la traînée ... Tu as passé quoi !? Une nuit dans son lit. Bravo, toutes mes félicitations mais comme il te l'a fait remarqué on est ensemble depuis une semaine. C'est une relation sérieuse. Va revoir ta définition de traînée. » Je décidais de ne pas renchérir d'avantage et de le laisser poursuivre. Je le laissé régler cette histoire et attendait patiemment sans lui lâcher la main. Je caressais d'ailleurs le dos de sa main avec mon pouce, geste de tendresse. Dès qu'il l'eu remis à sa place, nous marchâmes à travers le couloir. Affrontant mais jouant surtout du regard des autres. Ce jeu était amusant en fait. Bien que certains étaient plus que saoulant. Une fois de plus, je fus surprise de sentir soudainement ses lèvres se plaquées contre les miennes, mais je jouais le jeu. Je lui faisais confiance, il savait ce qu'il faisait. J'eu presque envie d'en rajouter en levant ma jambe mais bon, il ne faut pas exagéré non plus. Mes mains se situent dans sa nuque que je caresse doucement. Le regard qu'il me lança par la suite me fit d'ailleurs bien comprendre que j'avais raison de lui faire confiance. Nous le devions avec des rôles comme les nôtres. Nous étions partenaires et pas adversaires. Nous nous dirigions alors vers une salle de classe et je compris où il voulait en venir. La porte se referma et celui-ci me lâcha, allant s'asseoir sur la chaise du prof. Quant à moi, j'allais m'asseoir sur le bureau, non loin de lui, histoire de pouvoir discuter tranquillement. « Voilà, ils ont eu ce qu’ils désiraient. Elliott Baldwin tirant son coup avec Manoé Dawson dans une salle de classe vide. Tu paries combien qu’ils sont tous collés à la porte pour essayer d’entendre des bruits suspects ? » Cette réflexion me décrocha un sourire. En effet, j'imagine tout à fait la scène, après tout, il existe bon nombre de vicieux au sein de cette université comme partout dans le monde d'ailleurs. « Oh, je te parie ce que tu veux qu'il y a forcément des vicieux devant la porte. » C'était une évidence. « ça se trouve on fera la une des journaux. » Simple hypothèse qui me faisait sourire une fois de plus. « Tu n’imagines même pas à quel point des dizaines de filles voudraient être à ta place. » Je ne pu m'empêcher de lui rétorquer « Tu n’imagines même pas à quel point des dizaines de mecs voudraient être à ta place. » Après tout, jamais je n'avais laissé un garçon s'approcher de moi intimement parlant. Cela faisait de lui ma première fausse relation sexuelle. Contrairement à ce que beaucoup pouvais penser d'ailleurs. Je me remis alors debout et m'avança vers lui. « Tu permets ? » Je passais doucement mes mains dans ses cheveux afin de les décoiffer légèrement. Autant être réaliste jusqu'au bout hein.