Le prof que Manoé avait ce matin avait attrapé la varicelle ou un truc du genre. C'est carrément la loose quand on a quarante ans et qu'on est déjà pas beau mais Manoé voyait cela comme une opportunité d'aller boire tranquillement un café pour se réveiller dans le calme et la sérénité. Elle n'avait trouvé aucune de ses soeurs pour l'y accompagner mais cela ne l'a dérangeait pas du tout, la solitude n'est pas quelque chose de pesant pour elle. Assise sur sa chaise dans l'un des cafés, une tasse de café brûlant entre les mains, elle regarde les autres clients. Ces autres étudiants qui profitent tout comme elle d'une matinée tranquille. Son regard croise alors celui de quelqu'un qu'elle connait ... enfin, dire qu'elle le connait est quelque chose d'un peu gros. Elle ne sait pas grand chose de lui, ne connait pas son prénom mais celui-ci n'attire aucunement sa sympathie. C'est tout le contraire, elle se méfie de lui, ne sait pas ce qu'il cache vraiment. Chacun a ses secrets n'est-ce pas !? Manoé se leva pourtant, marchant vers lui et prenant place face à lui sans même lui en demander l'autorisation. Elle avait déjà mauvaise réputation, ce n'est pas ce petit détail qui aller aggraver beaucoup de choses de toute façon. "Olalala, en plus de passer ses nuits dans le lit de tous, elle est impolie. " Vraiment, elle n'est plus à cela près. Cela l'indiffère totalement. Le regard sérieux, les lèvres pincées, pas un sourire. « Tu pourrais au moins me dire comment tu t'appelles. » Il lui avait déjà parlé. Deux ou trois mots, rien de plus mais jamais celui-ci n'avait mentionné son nom. Certes, sa voix ne semblait pas être amicale. Elle semblait bien plus froide qu'à son habitude, c'était de la méfiance. La méfiance la rendait froide. « J'aimerai un autre café aussi, si tu voulais me l'offrir. »

Ce matin-là, Hassan n’était pas présent en cours, comme à son habitude. Ça lui arrive de plus en plus en ce moment pour passer des folles journées dans l’High Street. Malheureusement pour lui, il s’était fait prendre de nombreuses fois, mais il n’en avait rien à faire, il continuait à sécher les cours pour aller se balader, prendre un café et rencontrer de nouvelles têtes. Cet après midi là, il devait voir Shane. Au dernier moment, quand Hassan était assis à la terrasse d’un somptueux café, elle l’appela. Comme à son habitude, il mit le répondeur, à la fois parce qu’il aime bien le son que cela produit, mais aussi pour énerver tout les passants. « Je suis désolé de ne pas pouvoir venir, mais les professeurs me retiennent prisonnier dans la bibliothèque. Tu les connais comment ils sont coriaces. »Elle chuchoté. « Oh merde, je te laisse, il y a Bianca qui arrive. Bisous et encore désolé, je t’aime ! » Il n’a même pas eu le temps de répondre qu’elle avait déjà raccroché. C’est ainsi que Hassan se retrouva finalement tout seul. Tout d’un coup, il vit un visage qui lui était familier dans le café d’en face. La jolie brune descendit de sa chaise et marcha vers le café où était assis Hassan. Il n’a pas compris tout de suite qu’elle se dirigeait vers lui, il se retourné pour regarder derrière lui, histoire de voir si elle n’allait pas voir quelqu’un d’autre. « Tu pourrais au moins me dire comment tu t'appelles. » Il ne comprit pas tout de suite ce qu’il se passait, il ne comprenait pas pourquoi cette jeune fille est venu vers lui, à ce moment précis et avec autant de méchanceté dans la voix. « Hassan, je m’appel Hassan. Mais peux-tu me dire pourquoi tu m’agresse là, je ne t’ai rien fait si ? Du moins, rien de grave, vu que tu es encore là ! » Apparemment si, il avait fait quelque chose, dire que c’était grave était un bien grand mot. « J'aimerai un autre café aussi, si tu voulais me l'offrir. » Elle ne manquait pas d’air. Elle ne dit même pas bonjour, parle avec méchanceté et en plus, elle veut se faire payer son café, non mais quoi aussi ? Hassan, avec son caractère gentleman, resta calme, sans paroles et lui proposa de s’assoir à sa table. Le serveur arriva, leur demandant bien sur, ce qu’ils désiraient. « Un café pour la jeune fille et une bière pour moi. » Le serveur repartit à l’intérieur et Hassan se tourna vers Manoé. « Alors, tu voulais quoi ? » Toujours tout en finesse.

« Hassan, je m’appel Hassan. Mais peux-tu me dire pourquoi tu m’agresse là, je ne t’ai rien fait si ? Du moins, rien de grave, vu que tu es encore là ! » C'est vrai, il ne lui avait rien fait de grave mais Manoé était du genre à se méfier des inconnus. Quand elle était gosse, ses parents lui disait d'ailleurs qu'il ne fallait jamais suivre quelqu'un que l'on ne connait pas dans la rue. Qu'il ne fallait pas accepter les bonbons d'un inconnus aussi. C'est dangereux. Ses parents l'avaient toujours protégée du danger alors désormais qu'elle se retrouvait seule, son seule moyen de défense était une froideur qui tombait très rapidement quand elle se savait en sécurité. Pas que Hassan ressemble à un criminel ou un truc comme ça, disons simplement qu'il n'inspire pas confiance. Elle ne sait pas à quoi s'attendre avec un personnage comme celui-ci. «Panique pas Hassan, je t'agresse pas je me renseigne. Je t'ai rendu un service il y a un petit temps de cela. Tu ne m'a jamais expliqué ce qui t'avais poussé à me le demander à moi. Mais peu importe, nous en reparlerons. J'estime que tu pouvais au moins te présenter. » Elle connaissait au moins son prénom maintenant. Elle savait comment le retrouver si un jour elle en ressentait le besoin. Si un jour elle avait besoin d'informations supplémentaires sur son compte aussi. Après tout, c'est facile de trouver des informations sur quelqu'un par ici. Quelques mots à une fouine, n'importe laquelle et elle vous dit tout. « Un café pour la jeune fille et une bière pour moi. » Il lui offrait le café, Manoé était surprise, elle avait cru qu'il le lui refuserait puisqu'elle ne s'était pas adressé à celui-ci de la manière la plus sympa qui soit. C'était même tout le contraire en fait.« Alors, tu voulais quoi ? » « Je viens de te le dire, un café. » Avait-elle dit un sourire sarcastique accroché aux lèvres. «Tu fais partie des sigma c'est ça ? ? » Simple question une fois de plus.