Je ne pense pas être quelqu'un de discret. Disons que je le suis malgré moi, oui, bel et bien malgré moi. Je n'ai jamais demandé à ce que l'on m'attribue un quelconque rôle, que l'on cherche à me caser à une quelconque place, oui, je préfère même que l'on m'oublie plutôt que d'être jugé sur des apparences, et c'est ce qui arrive, la plupart de temps. Je ne dis pas n'y être pour rien, non, disons que je ne cherche pas à arranger les choses, je me contente de ma petite vie et qui sait, peut être me plait-elle au final ? J'allais certainement en faire l'expérience en ce Mardi après midi. La sonnerie retentit, marquant la fin de cet effroyable et long cours. Je n'en voyais plus le bout, réellement, la chimie, ce n'était clairement pas quelque chose pour moi. Enfin, cela ne m’empêchait pas d'exceller niveau notes et ce malgré le fait que je ne pouvais pas me voir l'enseignant en peinture. Mais au final, je m'en fichais. Quittant ma classe, sac sur l'épaule, je me rendais d'un pas pressé jusqu'à mon casier où j'attrapais les cours du lendemain avant de le refermer plus vivement encore. Il fallait que je me dépêche j'étais déjà en retard. Oui, je devais rejoindre Jazz au centre commercial et Dieu sait que depuis l'université il y avait une petite trotte à faire, tant pis, je devrais certainement courir. Oh et puis ce n'est pas comme si elle avait l'habitude que je sois des plus ponctuels, tout homme à ses limites bien que cela ne me dérangeait pas d'être parfait, haha. Bref, je sillonnais par grandes enjambées le chemin qui me mena jusqu'à l'endroit tant espéré, à l'horloge, dix minutes de retard. Bon, j'avais déjà fait pire, et pour une fois, j'avais une bonne excuse. Apercevant Jazz égarée sur un banc, un sourire étira mes lèvres alors que je lançais mon sac à ses côtés, d'une remarquable précision. « Désolé, problèmes urinaires » mentis-je en un rire « Qu'est ce que j'ai manqué ? Le gars de la sandwicherie s'est de nouveau envoyé un maxi cheese dans le dos de sa femme ? » observer. C'était la chose que je savais certainement faire le mieux. En un sourire je pris place aux côtés de la jeune femme, lui donnant un léger coup de coude dans les reins avant de rire tout en reportant mon regard au loin, devant moi.

Dernière heure de cours. Histoire des idées politiques. D'un ennui à mourir. L'enseignant est sympathique, mais d'un rasoir. Plus chiant et mollasson que lui tu meurs. Il parlait sur un ton monotone qui te donnait envie de te pendre. Ou de te jeter par la fenêtre. Mais juste n'importe quoi pour abréger tes souffrances. C'était pire que passer du temps en compagnie de David, et pourtant il devait être celui qui me tapait le plus sur le système dans cette université, c'est pour dire. Je passai le dernier quart d'heure du cours à imaginer milles façons de tuer le prof. Mais lentement, pour qu'il comprenne notre douleur. L'écarteler me semblait une bonne idée. Ça ou le plonger peu à peu dans un bac d'acide fluorhydrique. Ouais ça pourrait le faire. J'en étais là de mes pensées lorsque le cours toucha à sa fin. Tant mieux, parce que deux minutes de plus, et je commençais à prévoir la liste des courses pour mettre mon plan à exécution XD. Je quittai alors l'amphithéâtre pour me rendre au centre commercial, où j'avais rendez vous avec Ozzie. Mais pas avant une bonne heure, ce qui me laissait encore largement le temps, pas besoin de me presser. Malheureusement une fille de ma promo ne trouva rien de mieux à faire que de me coller. Comme si j'avais besoin de l'avoir dans les pattes. Elle parlait, parlait, racontant à quel point ce cours était génial. Non mais elle était sérieuse là ? Apparemment. A défaut de lui écraser le visage contre le mur (mais non je ne suis pas violente), je prétextais une excuse bidon pour me débarrasser d'elle. Enfin je pouvais profiter de ma solitude. Guère longtemps puisque je devais retrouver Ozzie. Mais le jeune homme, à l'inverse de genre, toute l'université, était le seul que j'appréciais réellement ici. Le seul avec qui je n'avais pas besoin de feinter mon amitié. Et mine de rien ça faisait du bien. Une fois arrivée dans le centre commercial, je m'installai sur un des bancs, bien placé, un de nos points stratégiques pour observer. Ozzie avait du retard, mais ça ne m'étonnait guère. Ni ne me dérangeait, la solitude étant quelque chose que j'appréciais. Finalement il pointa le bout de son nez une dizaine de minutes plus tard. Je souris à sa boutade concernant des problèmes urinaires.  « A ce point ? Tu devrais peut être penser à consulter » répondis je en plaisantant. « Qu'est ce que j'ai manqué ? Le gars de la sandwicherie s'est de nouveau envoyé un maxi cheese dans le dos de sa femme ? » Sur ce, je reçu un coup de coude dans les reins.  « Non, en revanche Barbie s'est faîte plaquer par son Ken. Sanglant. » Barbie était le surnom qu'on donnait à la vendeuse du magasin de vêtement qui se trouvait devant nous. Blonde, aux seins refaits, et à la tête vide, ce nom lui allait à la perfection. N'empêches mon histoire était véridique. « Du coup t'as le champ libre maintenant, tu devrais tenter ta chance, je sais que tu attends ça depuis longtemps. » Evidemment je blaguais.