every day changes your life
Les aventures de tintin, le secret de la licorne, j'étais gamin lorsque j'avais ouvert pour la première fois un tome des aventures de ce célèbre journaliste et pourtant, il avait bercé mon enfance au rythme de ses frénétiques aventures. Voilà qu'aujourd'hui, on proposait d'adapter au grand écran cette célèbre bande-dessinée. Dans la même veine que celle des Schtroumpfs, qui était sorti récemment d'ailleurs et que j'avais eu la chance de visionner, Tintin allait s'inscrire sur la liste des comics qu'on tentait d'adapter au cinéma. Même si personnellement, j'allais dans cet amphithéâtre magique avec un point de vue toujours très objectif, je n'avais pu m'empêcher de lire les critiques qu'on accordait au film, prêtant attention aux positives mais surtout à celles qui le jugeaient trop irréaliste ou encore pas à la hauteur des classiques signés Hergé. C'était donc avec une légère appréhension que j'avais quitté le campus ce soir-là et avec une certaine excitation que j'avançais dans le couloir de l'un des plus célèbres cinéma de Michigan Valley. Le plus fort ? J'y avais une membercard. Forcément, mordu et accro au 7e art que je suis, j'avais souvent eu l'occasion de venir dans les salles gigantesques de ce cinéma pour y dévorer de nombreux classiques et des nouveautés toute aussi excitantes que franchement nulles ! Oui, j'adorais cet endroit, encore plus que la bibliothèque du lycée et ses innombrables livres. Ce soir, c'était l'avant première de Tintin et j'étais bien décidé à accéder aux meilleurs sièges. Pourquoi ? Parce que ce film représentait à mes yeux un retour simple à mes "origines", à mon "enfance". Tintin ! Rien que d'y penser, je souriais bêtement. Dans le bus qui me conduisait près du cinéma, je repensais à ces heures perdues, le nez dans ces bandes dessinées. C'était la belle époque, la vraie ! Lorsque mes pas m'entraînèrent devant l'énorme bâtiment, je ne pus que lâcher un hoquet de surpris en voyant la foule qui, déjà, se pressait devant les portes. La queue était énorme, adieu ma superbe place... à moins que ! Mes yeux se plissèrent et je reconnus dans la file une tête que je connaissais déjà ! BINGO ! Rylee. Sans attendre, et supportant les insultes des gens qui attendaient patiemment dans la file et que je dépassais sans vergogne, je m'approchai de la jeune femme en question. Rylee était une amie "proche" même si parfois, je ne savais pas vraiment où nous situer. Elle étudiait aussi à l'université, je l'avais rencontré un peu par hasard et d'une certaine façon, ç'a avait été assez glauque comme rencontre. Rien que d'y penser, je m'en voulais encore de l'avoir abordé en lui parlant de son défunt père. Souriant, je me pointais alors devant elle en souriant. « RYLEE ! Si tu savais combien j'suis ravi de te retrouver ici. » lui lançais-je sans me retenir de rire. J'avais peut-être été l'objet de beaucoup d'insultes en dépassant tout le monde, mais en compagnie de Rylee, j'aurai droit à une place convenable et à une compagnie très très agréable. Quoi demander de mieux !

« Io non posso credere che tu mi abbandoni all'ultimo minuto. Mia madre mi ucciderà. [...] Comme on dit chez moi, va te faire foutre. »
Rylee raccrocha et tourna son regard vers la secrétaire de l’évènement, celle-ci était équipée d’une oreillette et munie de la liste des invités. Évidemment, elle n’avait pas manqué la moindre miette de la conversation téléphonique. Amusée, elle demanda :
« Un souci avec votre plus one Miss Kenneth ?
- Apparemment. Annoncez mon passage, je foulerai le tapis rouge seule. »
Bien sûr sans un accessoire viril et galant à son bras, la belle n’avait pas la moindre chance de figurer à la une des journaux locaux, aussi magnifique sa robe soit-elle. Tant pis, la presse lui accorderait peut-être une demi-page dans un magazine.

La production des Aventures de Tintin arpentait les plus grands cinémas américains afin de promouvoir leur œuvre. Rylee avait promis à son beau-père d’assister à cette avant-première médiatisée accompagnée du fils de l’un de ses nombreux collègues internationaux, un puissant homme d’affaires italien. Malheureusement, ce dernier avait d’autres projets incluant notamment deux ou trois prostituées. Laissée pour compte, la demoiselle posa en solitaire sur le tapis rouge devant les photographes puis intégra rapidement la tête de la file. Elle sympathisa brièvement et sans réel intérêt avec un groupe de jeunes filles fortunées qu’elle avait l’habitude de croiser à diverses activités mondaines dans le Michigan.

Après l’arrivée des invités people, ce fut au tour des réelles stars de la soirée de briller sous les projecteurs ; à savoir Steven Spielberg en personne, quelques acteurs et le staff. Admirative, Rylee dévisagea le célèbre réalisateur avant qu’il ne disparaisse dans sa loge, sans doute pour relire une dernière fois le discours qu’il donnerait avant la projection. Une trentaine de minutes plus tard, les portes du cinéma s’ouvrirent enfin pour laisser entrer les fans les plus chanceux.

Un individu sema la zizanie dans la foule, se dirigeant avec détermination vers le carré VIP, en haut de la queue, où se tenait la jolie blonde. Son regard azur se durcit lorsqu’elle reconnut Cameron. Sa première réaction fut d’appréhender l’embarras dans lequel il allait l’enfoncer jusqu’au cou. Ensuite, une idée ingénieuse illumina son esprit, un sourire joueur se dessina alors sur ses lèvres délicates. Certes son entrée avait été un désastre, en revanche elle ferait en sorte que sa sortie sur la tapis rouge soit fracassante. D’un signe de la main, elle fit comprendre aux agents de sécurité que ce beau garçon était avec elle.

Déjà dans son rôle, elle répliqua avec un enthousiasme si peu exagéré :
« Conrad ! Heureuse de voir que tu as pu venir finalement ! J’ai bien cru qu’ils n’allaient jamais laisser ton jet privé décoller ! »
Sans crier gare, elle l’embrassa langoureusement avant de lui glisser à l’oreille en toute discrétion dans un débit de paroles très élevé :
« Quand on quittera le cinéma, les journalistes te demanderont. Tâche de ne pas oublier ; tu t'appelles Conrad, on est ensemble depuis trois semaines, tu es amoureux de moi et je suis le meilleur coup de ta vie. Bienvenue sur le devant de la scène Mitchell. »

Il semblerait que chacun y ait trouvé son compte, duo gagnant-gagnant. Grâce au mystérieux brun à ses côtés, Rylee aurait sa photo en couverture. Quant à lui, il avait gagné une place de premier choix à quelques mètres du grand Spielberg. Les portes de la salle s'ouvrirent. Main dans la main, Kenneth s'avança avec son cavalier improvisé vers les rangs qui leur étaient réservés. L'étudiant n'avait aucune idée de la galère dans laquelle il venait d'embarquer. La soirée s'annonçait prometteuse.

J'avais eu à peine le temps de l'apostropher que déjà, Rylee réagit au quart de tour. Plus habituée que moi à ce genre d'évènement, elle s'adressa à moi en utilisant un prénom qui n'était pas le mien. Regard interdit, j'haussai l'un de mes sourcils, prêt à lui répondre qu'il devait y avoir un malentendu lorsqu'elle s'appropria sauvagement mon corps et plus précisément mes lèvres. Complètement sous l'effet de la surprise, mes jambes vacillèrent et mes yeux se fermèrent, par réflexe. Baiser langoureux que, jamais, je n'avais imaginé que nous partagions. Je la laissai néanmoins faire sans véritablement comprendre si elle s'amusait de cette situation où si elle avait, derrière la tête, un plan ou une idée bien arrêtée. M'avait-elle appeler "Conrad" parce qu'elle ne se souvenait plus de moi ou simplement parce qu'il y avait, derrière tout ça, une logique que j'étais encore incapable de comprendre. Nos lèvres se détachèrent, je tentai de rester le plus "crédible" possible dans un rôle que je ne connaissais pas lorsqu'elle se rapprocha de mes oreilles pour me murmurer doucement que, pour une soirée tout du moins, je m'appellerais Conrad, et que je serai son cavalier. Soulagé par le simple fait que tout ceci n'avait été qu'une masquarade, je lui pris la main, en signe d'accord. S'il fallait mentir sur mon identité le temps d'un long-métrage, j'étais prêt à le faire. D'autant plus que j'appréciais beaucoup Rylee et, qu'en plus de ça, j'étais un fan inconditionnel du 7e art et que le théatre avait, pendant longtemps, été une passion que j'avais pratiquée durant mon temps libre. Et puis, nous y trouvions chacun notre compte après tout, elle se servait de moi pour ne pas apparaître seule lors d'un évènement plus ou moins important et moi, j'héritais d'une place aux premiers rangs, près du metteur en scène. A fond dans le rôle, je lui souris tout en m'avançant à ses côtés, lui tenant encore la main.

« Je t'ai déjà dis que tu étais magnifique, ce soir ? » lui lançais-je tandis que nous commencions notre apogée vers les rangs VIP expresséments installés pour la soirée. Suivant un autre groupe de personne, je sentais que l'on nous regardait, j'y éprouvais une certaine gêne, c'est vrai, mais aussi beaucoup de plaisir. Voir ma tronche dans les tabloïds, le lendemain d'une avant-première d'un film aussi intéressant, était pour moi plus qu'inespéré. Le garçon de ferme devenu une véritable star... évidemment, personne ne le saurait puisque, aux yeux de la presse, je m'appelais Conrad et que mon passé devait être à milles lieux de celui que j'avais réellement vécu. En compagnie de ma charmante "petite-amie", nous prîmes place aux côtés de personnalités mondaines sûrement connues de Rylee mais qui, à mes yeux, ne devaient être que des gosses de riches un peu trop prétentieux. Confortablement installé sur mon fauteuil, je détournai mon regard sur Rylee et lui souris, approchant mon visage de son oreille, je feignis de l'embrasser dans le coup alors que, doucement, je lui murmurais à l'oreille. « Feindre d'être ton petit-ami pour t'assurer une première page, c'est mesquin, mais extrêment bien joué. » Je pris le temps d'une pause pour déposer un léger baiser sur sa joue avant de reprendre, toujours à mi-voix. « Merci pour le service, je te le revaudrai ! » Même si j'étais loin de savoir à quoi je m'exposais, j'avais hâte que le film commence, hâte que la soirée s'avance et surtout hâte que les lumières s'éteignent. Rylee était une fille extrêment posée et stable, incroyablement intelligente et très gentille. En sa compagnie, la soirée ne pouvait être que réussie, du moins, je l'espérais vivement.

A son plus grand soulagement Cameron se prit volontiers au jeu, sauvant ainsi les apparences. Impliqué dans le rôle du petit-ami qu’elle lui avait lâchement imposé, il n’hésita pas à la complimenter. Par sa gentillesse et sa bienveillance, ce garçon ne cessait de la surprendre. Néanmoins et contre toute attente, Kenneth commença à se sentir mal à l’aise, dévorée doucement par la culpabilité. Il comptait parmi les étudiants les plus adorables et sensibles de l'Université, il était à ses yeux un jeune homme digne de confiance, pourtant elle l’utilisait comme une vulgaire marionnette pour parvenir à ses fins. Elle n’avait jamais été captivée par les Aventures de Tintin, bien au contraire. De même, elle se moquait éperdument de figurer en première page d’un magazine au bras d’un riche investisseur. S’afficher en compagnie d’un parfait inconnu était le moyen idéal de provoquer son beau-père. Elle en avait assez de servir de distraction à ses clients ou actionnaires importants pour assister à des films, galas ou expositions à mille lieux de ses réels intérêts. Il lui donnait parfois la sensation d’être une simple escort girl qui lui permettait de voir sa multinationale atteindre des sommets. Ce soir, elle avait fait à Mitchell ce qu’à l’ordinaire son beau-père lui demander de faire. Cette prise de conscience la laissa sans voix. En réponse à son pseudo cavalier, elle se contenta de feinter un sourire reconnaissant.

La jolie blonde prit place sur un siège et croisa ses jambes élancées, tentant tant bien que mal d’éviter le regard de son voisin, preuve de son embarras croissant. Il ne lui rendait pas la tâche facile en murmurant à son oreille. Mesquin, ce mot résonna quelques instants dans son esprit torturé ; il n’aurait pu choisir meilleur adjectif. Cependant, ce fut lorsqu’il la remercia qu’elle réalisa à quel point elle exagérait. Elle sortit son téléphone de sa pochette.

Citation :

Antonio D’Incà a refusé de venir, je suis désolée. Faudrait qu’on parle. Embrasse Melvynn et Maman pour moi.

Texto envoyé. Elle se décida enfin à dévisager Cameron. Écoutant sa conscience, elle déclara avec émotion et sincérité :
« Je suis désolée. Je ne peux pas te faire ça, je refuse d’impliquer notre amitié dans cette guerre contre mon beau-père. Je te souhaite de rencontrer quelqu’un qui soit honoré d’être à tes côtés, tu ne mérites pas d’être utilisé comme un simple accessoire au bras d’une femme qui ne vaut pas la moitié de ce que tu es. Bon film, on se verra sur le campus. »

Le plus discrètement possible, Rylee s’éclipsa de la salle avant qu’elle ne soit plongée dans l’obscurité, munie du peu de dignité qu’il lui restait. Elle demanda à un agent de sécurité de la conduire à la sortie qui menait à l’arrière du cinéma. Elle n’était pas vraiment d’humeur à affronter à nouveau les flashs des paparazzi. Sur le trottoir, elle attendit patiemment le passage d’un taxi. Elle se sentait mieux, soulagée d’avoir été honnête avec l’un de ses rares amis de la MVU.

Je m'attendais à ce qu'elle soit ravie de me voir prendre au jeu aussi facilement. A vrai dire, j'espérais qu'elle soit heureuse que je puisse me montrer aussi avenant avec elle et aussi sincère. Après tout, je ne me serais pas laisser emporter dans cette histoire abracadabrante si je n'avais pas eu énormément d'estime pour Rylee. Et puis, elle était, sur le campus, l'une des rares personnes sur qui j'étais sûr de pouvoir compter. Du coup, ce service que je lui rendais, c'était avec un plaisir non dissimulé que je le faisais. Et puis, s'il fallait passer pour un autre le temps d'une soirée rien que pour la voir sourire et l'aider à passer un agréable moment, je voulais bien me sacrifier. J'avais, en prime, droit à passer une soirée en charmante compagnie et, qui plus est, aux premières loges pour assister à l'avant première d'un film qui, honnêtement, me rendait fou d'excitation. Pourtant, il y avait quelque chose dans les yeux de ma jeune compagne qui trahissait sa déception, ou sa tristesse. Lorsque je lui fis un compliment, ce ne fut qu'à moitié qu'elle me sourit, un sourire mitigé et plutôt calculé. Rien de bien sincère ni de spontané, ce qui, d'après moi, avait toujours été sa qualité première. Sur la réserve, je m'étais installé en sa compagnie, je lui avais glissé quelques mots à l'oreille pour la remercier et puis, soudainement, elle s'était redressée. Elle m'avait regarder avec cet air grave qui voulait tout dire avant de me murmurer, à son tour, qu'elle ne se sentait plus capable de faire ce que nous étions sur le point d'accomplir. Interdit, je la vis partir, je la vis se lever. Je la laissai s'enfuir pendant que les autres, visiblement aussi surpris que moi, nous observait. Mal à l'aise, je déglutis dans mon siège. Le film allait apparemment commencer mais je ne pouvais me résoudre à laisser une amie dans le besoin... Une amie ! Exactement, Rylee était mon amie ! Je ne pouvais décemment pas la laisser s'en aller comme ça, et laisser la nuit effacer ce malentendu. Rapidement, je me relevai, à mon tour. Rapidement, je m'excusai auprès des rares personnes que je bousculai en me frayant un chemin vers la sortie. Rylee n'était pas bien, et je ne pouvais pas la laisser traverser cette épreuve, quelle qu'elle soit, toute seule.

Je savais par instinct qu'elle n'étais pas sortie par l'avant du cinéma, Rylee misait énormément de chose sur l'image qu'elle donnait d'elle et je savais qu'elle n'aurait jamais pris le risque d'affronter les paparazzades essolée. L'arrière me semblant être la seule solution, j'ordonnai aux quelques personnes qui me refusaient son accès de me laisser passer et, moyennant quelques jurons, je parvins à rejoindre Rylee, sur le trottoir. Le froid me frappa, j'avais oublié mon pull sur l'arrière de mon siège. Croisant les bras pour me réchauffer, je m'approchai d'elle doucement. Elle semblait attendre un taxi, elle semblait vouloir rentrer. Doucement, je vins me mettre à ses côtés. Silencieux, nous écoutâmes un instant le vrombissement des moteurs et le frottement des pneus sur l'asphalte. Et puis, je décrochai le premier mot, celui qui briserait le silence. « Je ne voulais pas te blesser, si c'est chose faite... Rylee, pardonne moi ! » lui murmurais-je en levant les yeux vers elle. Je n'avais peur que d'une chose à présent « Je ne veux surtout pas que tu penses que j'ai de toi l'image d'une fille superficielle et insouciante Rylee, ce n'est pas le cas. » Je ne désirais qu'une chose « Ne me laisse pas en dehors de tout ça, Rylee. Je veux t'aider, peu importe la manière dont on agira pour que ça fonctionne. » et j'étais sincère.

Alors qu’elle parcourait les alentours de son regard azur à la recherche d’un taxi, Cameron sortit en hâte du bâtiment pour la rejoindre. Il était incroyable, elle se sentait réellement chanceuse et rassurée de l’avoir à ses côtés pour traverser cette épreuve. Il n’avait absolument rien à se reprocher mais tenta de la réconforter après lui avoir présentée ses excuses.
« Et que penses-tu d’une femme prête à utiliser l’un de ses rares amis sur le campus pour paraître à la une des tabloïds dans l’unique but de provoquer son beau-père parce qu’elle n’est pas au bras de l’homme qu’il a choisis afin d’arranger ses affaires ? » Demanda-t-elle à vive allure avec une once d’impertinence. S’en prendre à lui n’était pas la solution, au contraire il voulait être son allié. Elle réfléchit quelques instants à sa proposition et décida de saisir la main amicale qu’il lui tendait généreusement.
« Merci. » Déclara-t-elle sincèrement touchée par l’attitude de son camarade. Le sourire retrouvé, elle ajouta un brin espiègle : « Tâchons alors de joindre l’utile à l’agréable. Que la fête commence… »

Déterminée la demoiselle retourna sur ses pas, entraînant Cameron dans sa course effrénée. De retour dans le cinéma, ils s’arrêtèrent dans le hall à quelques mètres de l’entrée principale, là où l’ensemble des paparazzi était sagement posté pour attendre la fin du film. Elle téléphona à son chauffeur pour l’avertir qu’elle n’assisterait pas à la projection, exigeant qu’il avance la limousine. Dans un clin d’œil complice, elle ébouriffa les cheveux bruns de son partenaire de crime pour lui donner un aspect négligé, néanmoins tellement attirant. Elle sortit une cigarette de sa pochette qu’elle coinça derrière l’oreille du jeune homme avant de lui glisser le briquet dans la poche de son jean pour qu’il l’allume une fois à l’extérieur.

« Ne décolle jamais ta main de mes fesses Conrad. » S’exclama-t-elle avec humour en positionnant sans la moindre gêne sa main virile sur son fessier rebondi. Elle savait que Mitchell ne profiterait pas de la situation, il se contenterait de jouer son rôle à la perfection tel un véritable comédien.
« Prêt ? » Elle n’attendit pas sa réponse, de toute évidence il ne pouvait plus reculer. A la seconde où ils franchirent la porte, le crépitement des flash les assaillit.

Kenneth n’avait jamais vécu dans l’anonymat. Elle tenait sa notoriété de ses parents, en effet son père avait été un grand sénateur Américain décédé dans un attentat en Argentine et sa mère un top model de renommée internationale qui avait prêté son image à de nombreuses maisons de haute couture. Depuis son adolescence, Rylee prenait un malin plaisir à se jouer des médias, en particulier lorsqu’elle avait l’occasion de prouver à son beau père qu’elle n’était pas l’escort de sa multinationale.

« Vous avez changé d’avis ? Vous n’aimez plus Tintin ? Brailla un journaliste moqueur.
- Effectivement, Conrad et moi avons finalement opté pour un programme interdit aux mineurs. » Répliqua la belle, provocatrice à souhait. Elle s’arrêta devant les photographes pour embrasser à nouveau son cavalier, déposant sa main caressante sur son torse musclé. Certes il méritait bien plus qu’un simple baiser de cinéma, pourtant elle se surprit à apprécier ce baiser à sa juste valeur.