Il faisait bon ce jour-là. Main droite dans la poche, main gauche tenant sa sacoche en cuir, Elliott déambulait dans les couloirs, un sourire narquois arpentant son tendre visage. Il regardait les demoiselles passer, parfois s’arrêtant un instant pour les complimenter, d’autres fois juste pour les provoquer un peu. Naturellement, elles répondaient (presque) toutes à ses avances. Parce que c’était Elliott, LE Elliott, celui avec qui coucher représentait le Saint Graal de toute jeune femme attirée par les plaisirs de la vie. Ou toute jeune femme qui n’avait pas encore connu les plaisirs de la vie. Un regard, un sourire, un compliment et le sieur Baldwin vous tenait pour prisonnière le temps d’une nuit, dans sa chambre de président de confrérie. Autant dire qu’il vous traitait bien et se rétractait si une délicieuse créature le renvoyait paitre en le traitant de pervers. Mais il ne disait point que c’était un échec. Pour lui, la demoiselle se jouait de ses envies pour le faire mariner aussi longtemps que possible. Ah, pauvre Elliott, toujours en quête perpétuelle du parfait petit derrière ! Il l’avait trouvé une fois, dans les bras d’une ancienne Theta Psi répondant au doux nom d’Elisha Ellington. Bien que plus jeune que la blonde, l’homme l’avait toujours trouvé à son goût et ne fut nullement déçu quand ils passèrent à l’acte une première fois. Puis une deuxième. Et une troisième, quatrième, ainsi de suite. Alors certes, elle restait une Theta Psi, beaucoup moins classe qu’une Omega Phi mais peu importait. Après tout, à aucun cas Elliott ne lui avait demandé de réfléchir. A cette pensée, le brun ne put s’empêcher d’afficher un large sourire, se demandant ce que sa jeune amie pouvait faire en cet instant. Un cursus effectué ici et la voilà infirmière. Au début, le sieur Baldwin avait fait la tête : depuis quand l’une de ses conquêtes décidait, comme ça, du jour au lendemain d’être intouchable ? C’était tout bonnement inconcevable. Ses yeux se posèrent un instant sur la porte de l’infirmerie et, d’un pas confiant, se détourna de son attraction pour entrer dans le bureau. Sa main referma la porte délicatement, pour ne pas effrayé la demoiselle qui se trouvait là, silencieuse. Comme chez lui, il posa son sac au sol et se dirigea vers elle, son sourire ne le quittant pas d’une seconde. « Mademoiselle Ellington, j’ai l’impression d’avoir attrapé quelque chose, un rhume peut-être. Vous n’auriez pas un médicament à me prescrire ? Même si je sais que vous n’êtes pas médecin et que vous ne pouvez me dispenser de soins complets. » Il prit un air de chien battu (pas si malade que ça) et attendit patiemment que l’infirmière ne lui réponde.