« Sérieusement vous m’avez déjà vue emprunter un livre ici ? J’ai du personnel pour acheter mes livres, je ne passe jamais par la case bibliothèque. Cette amende ne m’est pas adressée, réparez votre erreur et je ne veux plus jamais recevoir la moindre petite lettre de votre part. Je n’ai pas l’impression que vous savez qui je suis. Lisez la presse, ça vous changera de vos bouquins poussiéreux. »
Rylee déchira sous les yeux ébahis du bibliothécaire la feuille de papier indiquant qu’elle devait une certaine somme d’argent pour un retard de plusieurs jours. Elle récupéra ensuite sa carte étudiant laissée sur le comptoir puis ajouta en tournant les talons, murmurant pour elle-même :
« Quelle idée de foutre une blonde siliconée à la tête de ce service ? Je ne vois pas l’intérêt d’attirer des bites en rut dans une bibliothèque. Sa place est dans le quartier rouge d’Amsterdam. » Oops, désolée Bianca ; ils s’étaient bien trouvés tous les deux avec son demeuré de mari inspecteur.

Passant outre ce désagrément, la belle s’apprêta à quitter les lieux lorsqu’elle croisa le regard du grand Reed. Évidemment ce dernier n’avait rien manqué de la scène. La tête haute, elle s’avança vers la sortie et l’ignora royalement lorsqu’elle passa devant lui. La jeune femme n’était pas d’humeur à jouer avec ce dangereux séducteur ce soir et préférait rentrer chez elle le plus tôt possible.

Une fois dehors, elle appela son chauffeur pour qu’il vienne la chercher devant la bibliothèque. Il était à la cafétéria, terminant le café qu’elle lui avait généreusement offert. Malgré la neige qui tombait et l'obscurité peu rassurante de la nuit, la demoiselle préférait attendre à l’extérieur, dans le froid hivernal, plutôt que de revenir sur ses pas et risquer de se trouver nez à nez avec Enzo. Il l’attirait autant qu’il la révulsait, elle était incapable de mettre un mot sur ce qu’elle ressentait. Elle boutonna son manteau noir et enfila ses gants, commençant doucement à regretter d’avoir accordé une pause à son fidèle chauffeur. A vrai dire, elle n’aurait pas cru régler son problème d’amende si rapidement.

La bibliothèque. Ce lieu si scolaire où se bousculent intellos et autres rats de laboratoire. Lieu ou à priori, Enzo Reed n'a rien à faire. Seulement voilà, en tant que président de confrérie, il se devait malgré tout d'avoir des notes irréprochables, et la bibliothèque était le seul lieu où il pouvait tranquillement travailler. Il gardait en effet quelques devoirs à faire lui même, distrubuant le reste à ses bizuts. Evidemment il relisait chaque copie ensuite, y ajoutant sa patte. Cet après midi neigeux et froid s'annonçait très chiant, il fallait être franc. D'autant que la bibliothèque était étrangement vide. Un livre de sociologie ouvert devant lui, Enzo peinait à laisser ses yeux dessus plus d'une minute, il se passait toujours quelque chose d'autre, de plus intéressant. Ce fut le cas de ce couple de seconde année au fond de la pièce, qui s'engulaient. Ce fut aussi le cas de ce fascinant vollet qui claquait contre la fenêtre. Mais ce qui attira un peu plus l'attention du beau brun, c'était Rylee Kenneth qui jetait ses foudres sur la charmante bibliothéquaire. Cette bataille de tigresses eut le don de décrocher un sourire sur le visage du jeune homme qui assista, pour une fois sans broncher, à ce spectacle tout à fait divertissant. La querelle était aussi ridicule que le fut cette ignorance qu'appliqua Rylee. Il y avait encore trois jours de cela, elle reposait nue et endormie dans l'entre des Kappa Beta Omega. Mais elle était comme ça, difficile et insaisissable. C'était finalement presque leur relation elle même qui était si compliquée. Lorsque la jeune femme quitta la pièce, l'italien fut partagé entre l'envie d'aller jouer un peu, et l'envie de se remettre au travail. La réflexion fut de courte durée, Enzo rangea ses affaires et sortit dans le froid glacial du michigan. La belle blonde attendait seule dehors, certainement à la recherche de son chauffeur. Enzo eut un sourire amusé et tout en se dressant à côté d'elle dit doucement : « J'ai une cheminée dans ma chambre. Une autre à ramoner si tu souhaites m'y accompagner. » Fier de son humour douté, l'italien eut un léger rire, puis il sortit une cigarette et mit son bonnet. Avec un peu plus de méchanceté il ajouta « Taxi Driver est en retard ? Trop occupé à profiter d'un moment de paix que tu as enfin daigné lui offrir ? ». Enzo ne détestait pas Rylee, loin de là, mais il était juste naturel avec lui. Et elle était l'une des rares à pouvoir entrer dans son jeu, lui répondre, coucher avec lui, et tout cela sans arriver à être lassé...pour le moment.

La demoiselle devrait se sentir flattée qu’Enzo Reed lui-même brave le froid et la neige pour la rejoindre et lui tenir compagnie, pourtant en réalité elle était partagée entre amertume et satisfaction. Elle ne le détestait pas, bien au contraire ; en revanche elle détestait la femme qu’elle devenait à ses côtés. Il avait le don inespéré de faire ressurgir la garce égocentrique qu’elle avait été quelques années auparavant. Malgré ses efforts et son travail sur sa personne, elle n’oubliait pas les atrocités qu’elle avait commises par le passé.
« Garde ta brosse de ramonage dans ton pantalon s’il te plaît. » Répliqua-t-elle glaciale en réponse à ses allusions tellement explicites. Tout comme elle, il avait un certain répondant et savait parfaitement se faire comprendre. Sa faculté de toujours piquer au vif demeurait une qualité qu’elle affectionnait tout particulièrement chez lui.

La belle profita de l’occasion pour se montrer parfaitement claire à son égard. Leur petit jeu de séduction devait cesser. Premièrement si leur liaison s’ébruitait, elle risquait de perdre une partie de sa crédibilité en tant que présidente de l’Anti-Greek Life. D’autre part, elle s’était toujours dite inaccessible ; sa relation ambiguë avec Reed compromettrait son image d’intouchable vis-à-vis de la gente masculine. Il était sûrement le plus gros porc du campus.

« Plus jamais je ne coucherai avec toi. A chaque fois que je me réveille à tes côtés, il me faut plusieurs heures avant de retrouver mon amour propre. D’ailleurs si tu avais un tant soit peu de dignité, tu ne me laisserais pas t’utiliser comme un vulgaire sex toy. »
Sa voix était forte, signe d’une assurance exemplaire. Kenneth se reposait régulièrement sur son charisme qui lui procurait un avantage certain.
« Tu peux disposer. » Ajouta-t-elle en guise de conclusion. Autrement dit : la Reine a rendu son verdict, inutile de négocier. Tu es banni.

Enzo n'avait jamais de remords, dans aucune situation dans laquelle une certaine connerie de sa part pouvait être impliqué. Il n'avait aussi jamais de ressenti, d'après coups, d'hésitations. Le mal qu'il pouvait faire, il n'en avait rien à faire et surtout il le contrôlait. Evidemment il tenait à certaines personnes dans ce monde, et c'est pourquoi il ne les blessait jamais. Cela pouvait paraître étonant de sa part mais il savait porter de l'affection aux personnes qui le méritaient, mais bien sûr en toute discrétion. C'était le cas avec Rylee, qu'il appréciait autant qu'il aimait l'emmerder, il fallait être clair. Depuis maintenant plus de quelques mois ils jouaient un jeu dangereux, et simple à la fois : des relations sexuelles appliquées et parfaites, dans le secret total. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle la réponse glaciale de la belle blonde fit sourire Enzo, qui n'était pas réellement habitué aux refus de Rylee. Elle ne devait pas être dans une humeur propice. Néanmoins la suite fut bien moins agréable à entendre, puisque Rylee décidait en quelque sorte de mettre fin à ce que l'on pouvait appeler une relation malgrés tout. Enzo n'eut pas de pincement au coeur, mais il fut légerement agacé. Peut être était-ce sa fierté, peut être plus. Il garda cependant avec une facilité déconcertante, son calme et son sourire vicieux. Tout en tirant doucement sur sa cigarette le jeune président fixait la blonde qui elle fuyait son regard. Il tenta de capter ses yeux et avec un sourire malin dont il avait le secret répondit : « Tu as raison. C'est trop important ce que les gens pensent. C'est marrant tu me fais penser à Jules ou Bethany, qui se préoccupent tant de leur image et de l'idée des autres sur leurs relations et leurs actions. Tu n'es peut être pas si différente d'elles après tout. » Il ponctua sa phrase par un grand sourire et souffla sa fumée dans le visage de Rylee. Il ne comptait pas lâcher l'affaire, pas parce qu'il tenait trop à cette relation, plutôt parce qu'on n'achevait pas aussi simplement une relation avec l'italien. « Si je tourne les talons, ce sera définitif. Et tu n'auras plus que le micropénis d'Hassan à ta disposition.» A l'évocation de ce nom, l'italien grimaça quelque peu, avant de retrouver ce sourire arrogant qui faisant son charme et sa réputation.

Sans crier gare, Kenneth lui décocha une gifle mémorable, incapable de contenir davantage ses émotions. Malgré ses efforts pour demeurer hautaine et inaccessible, l’indifférence avait laissé place à la colère. Il n’avait pas le droit de lui porter un tel jugement, pas après tout ce qu’elle avait enduré pour devenir présidente de l’Anti-Greek Life.

« A l’origine, je suis la seule à m’être dressée contre les Confréries. Depuis 2 ans je mène un combat perdu d’avance ; je ne me fais pas d’illusion, vous êtes tous les quatre intouchables. Si je suis incapable de vous renverser, alors personne ne le pourra, et encore moins les deux Dupond et Dupont qui font office d’inspecteurs. J’ai tout perdu en déclarant la guerre au système, il ne me reste que ma notoriété et je ne te laisserai pas l’égratigner. Si je ne veux plus me réveiller à tes côtés, c’est uniquement parce que t’es un porc. Je ne veux plus être l’une de tes salopes, je mérite mieux. L’opinion publique je le manipule, je ne le crains pas. »

Pour appuyer ses dires, elle ressortit son iPhone de sa pochette et s’empressa d’actualiser son statut twitter :

Citation :

Newsflash : Mon amourette secrète avec E. Reed s’achève ce soir, j’en ai marre de me faire tester toutes les semaines par peur de contracter la syphilis. Je suis fatiguée d’être une salope.

En quelques heures seulement, la rumeur se répandrait sur le campus et la grande majorité des étudiants serait informé de ses parties de jambes en l’air avec le président des ΚΒΩ. La jolie blonde se préparait déjà à affronter les moqueries des étudiants, elle avait pris l’habitude d’être considérée comme la paria de la MVU. De plus, ce rôle lui permettait de braver à sa guise le code éthique. Telle une Reine déterminée, elle n’obéissait qu’à ses propres règles, déchaînant les passions avec une habilité légendaire. Confiante, elle montra l’écran de son téléphone au garçon et ajouta sur le ton de la victoire :

« J’affronterai les conséquences et je me relèverai. Quant à toi, tu as raison d’envier Hassan ; il a quelque chose que tu n’auras plus jamais. Maintenant disparais. »
D’ailleurs, Rylee ignorait comment il avait appris pour son aventure avec Jones. Il avait sûrement demandé à l’un de ses sbires de l’espionner. Serait-ce là l’un des nombreux symptômes de la jalousie ? Assurément. La jeune femme tourna son regard azur vers l’horizon, espérant que son chauffeur ne tarderait plus. Elle s’était attachée à Enzo et préférait ne plus avoir affaire à lui plutôt qu’être considérée comme un simple numéro.

La gifle fut encaissée avec grande surprise. Mais Enzo ne broncha pas, il encaissa sans rien dire, mais son regard changea radicalement. Alors qu'il se voulait chambreur et malin, il devint tout d'un coup noir et meurtrier. Il voyait cela comme une grande faiblesse de la part de la blonde de lever la main au lieu de répondre avec des mots. Il avait touché un point sensible, et forcé de constater qu'il avait entièrement raison. Les valeures que Rylee défendait n'existaient plus. Elle se contentait maintenant de sourire et de crier de temps en temps, comme une présidente de confrérie en somme. Sa guerre devenait alors ridicule et personnelle. Enzo lui en faisait part pour la première fois, puisque lorsqu'ils passaient du temps ensemble, c'était exclusivement pour passer du bon temps, et donc il fallait éviter ces sujets là. Le petit discours de Rylee la rendit encore un peu plus ridicule. Enzo qui ne décolérait pas répondit néanmoins d'un ton calme. « Je savais que je me trompais en te laissant dormir avec moi. J'aurais du faire comme avec les autres, te virer comme une putain avant que le jour se lève. » Il regrettait très clairement de lui avoir accordé un peu plus de crédits et de confiance qu'à ses autres conquêtes. Il se garderait bien de lui dire ça aussi. Mais elle avait tort sur un point : Enzo n'était pas un porc. Il était étrange, pervers, mais il avait une qualité que peu de personnes pouvaient se vanter d'avoir ici : la franchise. Jamais il n'avait menti à propos de quoi que ce soit. Il restait quelqu'un de vrai, qui ne promettait pas la mariage aux jeunes blondes naives pour coucher avec elles, il n'avait pas besoin de ça. Elle préferait un grand menteur qui promettait maintes et maintes choses à toutes ces conquêtes ? C'était son choix, il l'acceptait, même si la pillule avait du mal à passer. Malgrés tout ses efforts elle ne signifiait pas rien à ses yeux, et c'était là quelque chose de difficile à avouer. Il fallait peut être mieux s'éloigner en effet. Il ne pouvait cependant se laisser marcher ainsi sur les pieds. Après avoir regardé le téléphone et le message, sa machoire se contracta. Il la laissa s'adresser encore une fois puis s'approcha de manière à se trouver à quelques millimètres d'elle. « Tu viens de tout perdre, reine de la contestation. Demain l'université entière saura que je t'ai culbuté occasionnelement et tu perdras tout crédibilité. Alors que cela n'aura fait que renforcer la mienne. C'est ça que tu ne sembles pas saisir, même quand je perds quelque chose, il y a une autre victoire plus importante à la clé. » Il esquissa cette fois un sourire, s'étant rassuré lui même.

Reed ne voulait décidemment pas la laisser seule. Elle acquiesça difficilement sa remarque mais ne montra aucun signe extérieur qui aurait pu trahir sa sensibilité.
« Je te préférais au Mexique, quand je ne savais pas qui tu étais. » Répondit-elle avec honnêteté. La jeune femme avait essayé d’oublier ces fameuses vacances loin de la MVU, en vain. Supprimer toutes les photos de son ordinateur n’était visiblement pas suffisant.

Kenneth l’écouta d’une oreille attentive. Son raisonnement était cohérent mais obsolète ; en effet, il lui manquait une donnée cruciale au problème. Après une brève hésitation, elle se décida à lui révéler une dernière confidence :
« L’AGL c’est terminé, et ce depuis l’assassinat d’Ashleigh. Je ne compte pas utiliser le meurtre de ton ex pour avoir un réel impact sur les confréries. La situation n’est plus de mon ressort, je m’en remets aux autorités. J’annoncerai officiellement la dissolution de l’AGL prochainement. Que je me batte ou non, tu continueras de torturer Jaden, et Elliott continueras de discriminer les homosexuels. J’ai voulu faire passer un message de tolérance sur le campus, j’en suis arrivée à entretenir des relations secrètes et manipuler mon entourage pour parvenir à mes fins. Les idéaux de John Lennon attendront, je dépose les armes. Désormais je vais me contenter d’étudier, d’acheter des Louboutin, de me taper des hommes sexy et de faire la belle devant les paparazzi. J’attendrai impuissante de voir qui succèdera à ton ex sur les bancs de la morgue. »

Rylee avait gardé cette pensée pour elle bien trop longtemps, son plus fidèle allié Adam baignait encore dans l’ignorance. Pourtant elle ne se voilait pas la face, l’AGL n’avait jamais obtenu des résultats concrets en défaveur des confréries. La demoiselle était néanmoins parvenue à gagner la considération du Doyen Fitzgerald et de l’ensemble de l’administration.

« D’ailleurs toi qui as goûté les deux, Potter est aussi bonne que sa sœur jumelle ? » Question rhétorique. La jolie blonde se moquait éperdument de la réponse, elle tenait juste à avancer son dernier argument prouvant qu’Enzo Reed était bel et bien un porc. Ce dernier avait tenté de la blesser, elle ne se gênait pas pour lui rendre la pareille. Un sourire espiègle s’était dessiné sur ses lèvres sensuelles.

Rylee était aussi particulière qu'intriguante, c'était peut être finalement la seule raison qui avait poussé Enzo à s'intersser à elle un peu plus qu'avec les autres. Néanmoins tout ceci semblait loin derrière désormais. Elle s'était fait une idée de lui, qui semblait ne pas pouvoir changer, et Enzo allait l'accepter, non sans heurts, mais il allait l'accepter. Il avait finalement l'habitude d'être méprisé, détesté, mais il ne laissait jamais indifférent. Il pouvait effrayé, dégouté, il n'en avait rien à faire. Il se connaissait parfaitement, connaissait ses limites, et même s'il était loin d'être le gendre parfait, il n'avait pas un très mauvais fond. Il fallait juste bien creuser. Et personne n'en avait eu le courage jusqu'à présent. Personne sauf elle. Il ne prononçait pas son nom, jamais. Il n'aimait pas l'entendre non plus. Elle lui manquait bien plus qu'il ne voulait l'avouer aux autres. Et qu'il ne voulait se l'avouer aussi d'ailleurs. Il laissa Rylee lui envoyé une seconde gifle, cette fois avec les mots. Elle n'était pas la première ni la dernière à lui tourner le dos. Elle se plongea ensuite dans un long discours, beaucoup relationnel, beaucoup plus politique. Il l'écouta attentivement. C'était surprenant et intéressant. Il oublia l'éspace d'un instant leur querelle et répondit : « Tu ne t'es jamais demandé pourquoi Jaden était encore parmis nous ? Je ne laisse jamais un frère derrière, même s'il s'égare. A tes yeux c'est peut être de la torture, mais c'est faux. Pour ce qui est de Baldwin, je n'ai jamais été en adhésion avec sa décision. J'ai moi même des frères homosexuels et j'en ai absolument rien à branler. J'ai toujours dit qu'un Kappa pouvait mettre son outil où il voulait du moment qu'il restait l'actif. » Il eut un léger ricanement. Il avait était néanmoins sincère, une nouvelle fois. Mais il ne comptait pas sur Rylee pour le croire. Elle enchaîna avec un petit pic dont elle avait le secret. Reed n'apprécia pas réellement. Il serra sa machoire, et ne dit rien, se contenant de tirer sur sa cigarette. Il ne cachait pas sa relation avec Sabella, mais il détestait qu'on lui parle de sa soeur. « Tu as gagné, je retourne à mes livres. » Il lui fit un clin d'oeil, retrouvant son calme. Elle n'avait rien gagné après tout, mais comme d'habitude, c'était toujours drôle de prétendre le contraire. La cigarette n'étant pas tout à fait consumée, il resta là près de Rylee, mais ne parlait plus.

Rylee ne répondit rien. La situation de Jaden ne la concernait plus. Certes en tant que présidente de l’AGL elle avait eu son mot à dire, aujourd’hui le meurtre d’Ashleigh soulignait la futilité du perpétuel combat qu’elle livrait aux confréries. Désormais, elle se montrerait égoïste et ferait cavalier seule. Elle continuerait toutefois d’éprouver de la compassion pour ceux qui étaient venus chercher du réconfort auprès d’elle mais les forceraient à se débrouiller par eux-mêmes. Son implication dans les complots et autres coups d’état touchait à sa fin. La belle était bien décidée à revenir aux fondamentaux : saisir chaque opportunité et ne s’intéresser qu’à son propre intérêt.

Sa Mercedes noire pointa enfin le bout de son nez et se stationna devant la bibliothèque. S’excusant d’avoir été si long, le chauffeur descendit pour lui ouvrir la portière. Avant de monter dans le véhicule, Kenneth dévisagea une dernière fois Enzo Reed. Il lui manquerait, c’était indéniable. Elle chassa cette pensée de son esprit et s’installa sur la banquette arrière.

« C’était pas Reed le mec qui attendait avec toi ?
- Aucune importance. Je ne veux plus jamais avoir affaire à lui.
- Dommage, tu l’aimais bien pourtant. Dis-moi, tu t’es faite piratée ton compte Twitter ou t’es complètement défoncée ?
- Concentre-toi sur la route.
- Ils parlent de toi dans MLN… Tiens, je l’ai trouvé à la cafet’. » Dit-il en lui tendant le journal local, espérant lui remonter le moral.


Topic terminé