you say i'm crazy

Vous avez déjà connu ces instants précieux pendant lesquels tout vous semble anodin, léger et dérisoire. Pendant lesquels vous pouvez rire plus de 1O minutes sans même vraiment savoir pourquoi. Ces moments si bons qui vous donnent du baume au coeur et vous donnent un sacré coup de fouet ? C'est exactement ce qui me fut arrivé ce jour-là. En rentrant des cours, direction ma résidence universitaire, j'ai reçu un SMS que j'attendais depuis plusieurs jours déjà m'annonçant tout simplement que l'un de mes courts-métrages réalisés à la MVU avait été retenu parmi tant d'autres pour faire partie d'une pré-selection à un concours. Certes, personne n'avait entendu parler de ce "petit" concours qui me permettrait juste de voir ma vidéo apparaître sur un site internet de geek le temps d'une semaine entière mais j'étais ravi de voir que mon travail pouvait plaire. C'est sûrement l'élément déclencheur... de cette légerté que j'ai ressenti ensuite. Le temps, je m'en fichais, les devoirs, les leçons et les examens, ça m'était égal. J'avais un sourire béhat collé sur les lèvres et une mélodie qui me trottait dans la tête. Stupide, certes, mais je me sentais affreusement bien. Alors, en entrant dans ma chambre, et en y trouvant personne, j'ôtai mes chaussures et balançai mon sac à dos sur mon lit avant d'allumer la radio. Oui, je chantais horriblement faux et je ne savais pas danser, et oui, je n'étais pas spécialement un maître en matière d'exprimer mes sentiments mais à ce moment là, j'n'avais qu'une envie ; sauter de joie. Alors, la musique à plein tube, cette même sensation dont je vous parlais plus haut et ce sourire figé sur le visage, je me mis à danser au rythme d'une chanson que je démontai en tentant de chanter par-dessus. Oui, c'était incroyablement ridicul, mais au moins, j'étais content et ça se voyait...

Une longue journée de passée, les cours étaient terminés et s’était magnifique, j’irais même jusqu’à dire que s’était jouissif même si, dès demain matin nous retournions tous à nos amphithéâtres pour des nouvelles heures de cours horriblement chiantes. Si je n’avais pas un projet précis derrière la tête qui nécessitait d’avoir un minimum d’années après le bac je ne serais surement plus là de toute manière. Aujourd’hui, en cette fin d’après midi je me sentais pourtant étonnamment bien, Adam m’avait envoyé un sms coquin qui m’avait fait sourire, il ne m’en fallait pas plus pour égayer une journée et dans un sens s’était super. Pas besoin d’être au taquet pour me faire sourire, comme pour une blague à deux balles pour lesquelles j’avais un don, très peu de personnes rigolaient lorsque j’en sortais alors que la première fois que je les avais entendues j’avais été mort de rire. M’enfin bref, arrivant dans le pavillon de cette superbe confrérie à laquelle j’appartenais je me dirigeais vers ma chambre. La musique était à fond à l’intérieur et je pouvais même entendre mon colocataire, Cameron qui chantait comme une casserole au passage. Lorsqu’il poussait une vocalise je me mettais à rire jusqu’à en être tordu, des douleurs dans le ventre je tentais en vain de me calmer. Une fois que je m’étais remis des émotions je saisissais la poignée soufflant un bon coup pour ne pas mourir de rire une fois entré dans la pièce. La porte s’entrouvrait et j’entrais jetant un coup d’œil sur mon i phone qui vibrait depuis quelques secondes dans ma poche. Un autre sms cochon, un petit sourire se dessinait de mon visage, je me laissais tomber sur mon lit appréciant la musique qu’il écoutait. Et si je l’accompagnais dans ses vocalises ??? Je me relevais donc m’approchant pour lui taper dans le dos puisqu’il n’avait même pas remarqué que j’étais entré dans la pièce.

Je vous l'accorde, parfois, je peux avoir l'air complètement stupide mais qu'est-ce que ça peut faire du bien. Sans même m'en rendre compte, Dean venait d'entrer dans la chambre, moi, j'étais bien trop axé sur ma folie débordante et sur mon envie de me défouler en poussant la chansonnette. Okay, c'était horrible et je dansais aussi mal qu'une grand-mère dans un cours de hip-hop mais au moins, j'avais le mérite de ne pas m'en faire quant à mon ridicul. C'était plutôt bien, non ? Et puis, l'esprit ancré sur cette bonne nouvelle qui me rendait de fort bonne humeur, je sentis soudainement une pression sur mon épaule. Et là, la pression tomba carrément, l'excitation aussi. En fait, ce qui s'en suivit fut une espèce de cri hystérique qui surplomba un sursaut de malade. Merde, c'était pas possible de me foutre autant les chetons ! C'était Dean, heureusement. Il m'avait déjà vu dans des états encore plus pitoyables qu'en ce moment alors bon. Le regard un peu vitreux et effacé par la surprise, je lui souris néanmoins après avoir repris mes esprits. « BORDEL ! Tu peux pas m'faire aussi peur Dean ! » m'exclamais-je en baissant légèrement le son de la musique. Passant une main dans mes cheveux, je replongeai mes yeux dans les siens. Heureusement qu'il était mon meilleur ami, sinon j'aurai dû l'étriper pour ne pas qu'il raconte à n'importe qui ce qu'il venait de voir. « T'es là d'puis combien d'temps, enfoiré ! » Je lui souris en frappant son épaule. « Tu t'rends bien compte que j'vais être obligé de te tuer pour avoir vu tout ça ?!? »

J’avais déjà vu des personnes pires que lui certes, mais j’avais un bon dossier pour le jour ou il viendrait à me charrier, il avait été vraiment difficile pour moi de parvenir à reprendre mon sérieux et pourtant j’y étais arrivé. Ma dernière inspiration qui me donnait du courage et me faisait en quelque sorte croire que je n’exploserais pas de rire dès que j’aurais ouvert la porte me permettait d’entrer dans la pièce totalement. Il était tellement dans son délire qu’il ne m’avait même pas vu entrer dans la pièce, je me faisais donc discret au départ me décidant quand même à aller le rejoindre, j’étais de bonne humeur et j’avais bizarrement envie de me défouler sur la musique qui passait à la radio. Pas en chantant parce qu’avec ça je n’avais plus de réputation, mais je crois que j’étais capable d’aligner quelques simples pas de danse sans trop avoir la honte. C’est dans ce genre de cas qu’on regrettait de ne pas avoir just dance dans les environs, rien de mieux pour se taper des barres en dansant sur les chorégraphies complètement tordues que proposaient le jeu. Je m’approchais tranquillement passant ma main tranquillement sur son épaule avec un grand sourire sur le visage lorsqu’il hurlait et se retournait dans ma direction avec la tête d’un mec qui venait de voir défiler sa vie entière devant ses yeux en quelques secondes. Je ne retenais pas mon rire, passant une seconde fois ma main dans son dos en signe d’amitié, ça voulait dire bonjour en gros… Oui, j’étais peut-être gay, mais j’étais capable d’avoir une relation cent pour cent masculine sans aucune ambigüité et s’était naturel en plus. Je ne fantasmais pas sur lui ces derniers temps. « BORDEL ! Tu peux pas m'faire aussi peur Dean ! » Je me mettais à rire, s’était tout simplement jouissif de le voir dans un tel état, je ne pouvais pas faire mieux. Il baissait la musique et là… Il cassait en quelque sorte mon délire moi qui m’étais déjà préparé à me déchainer sur le dancefloor improvisé de notre chambre. « Non, t’es pas obligé d’arrêter s’était très… Marrant et j’étais même prêt à t’accompagner. » Rigolant une nouvelle fois je m’avançais vers la fenêtre jetant un coup d’œil pour voir qui était dans les environs, l’avantage d’être à l’étage. Pouvoir voir sans être vu. « T'es là d'puis combien d'temps, enfoiré ! » Il me tapait légèrement l’épaule, une habitude entre mecs me direz-vous et s’était exactement cela. Faisant mine de réfléchir je répondais pourtant du tac au tac sans me prendre la tête une seule seconde. « Oh… Depuis suffisamment de temps pour ne pas rater le meilleur. » Un petit sourire à la fois provocateur et amusé ce dessinait sur mon visage, j’aimais bien l’embêter et il savait bien que s’était gentil. « Tu t'rends bien compte que j'vais être obligé de te tuer pour avoir vu tout ça ?!? » Une petite moue boudeuse qui le défiait, je soupirais. « Si c’est ce que tu veux… Vas-y, mais dépêche toi, j’ai rendez-vous avec les gays en enfer… Parce que le paradis c’est has been. » Esquissant un petit sourire je relevais le volume de la musique, une bonne musique qui bougeait et me donnait justement envie de me déhancher jusqu’au bout de la nuit.

Ce qui me plaisait autant chez Dean, c'était cette simplicité dans laquelle nous nous étions rencontrés et dans laquelle nous continuions d'évoluer. Il n'y avait entre nous aucune ambigüité, aucune limite. Nous étions amis et nous nous confions l'un à l'autre sans aucune gêne, sans aucune pudeur. Du moins, c'était ce que j'essayais de croire. Si nous conservions chacun certains secrets ce n'était pas par manque de confiance mais plutôt par préservation d'un jardin secret qui nous était propre à tous les deux. Pourtant, malgré ces quelques obstacles qui, bien souvent, pouvaient se mettre en travers de deux personnes qui commençaient tout juste à se connaître, avec Dean, c'était complètement différent. Nous ne nous posions jamais de questions, nous nous contentions de ces rares instants que nous dépensions ensemble à rire et à plaisanter. Taquins, je n'avais jamais eu aucune appréhension du fait qu'il soit gay et qu'il soit, potentiellement, attiré par moi. Non, jamais ! De toute évidence, je n'aurai pu répondre à ses attentes et je ne préférais même pas y penser. Il fallait savoir qu'entre Dean et moi, il n'y avait jamais rien eu d'autre que de l'amitié et c'était ce que je trouvais de plus précieux. Il était mon seul confident sur le campus, lui et Bethany, évidemment. Il était celui sur qui je savais pouvoir compter et c'était un poids énorme qu'il otait de mes épaules chaque fois que je venais le voir pour discuter de choses et d'autres. Sérieux, nous pouvions l'être, mais ce jour-là, nous étions d'humeur à plaisanter. Alors évidemment, après lui avoir crié dessus pour m'avoir fait aussi peur, je ne pus m'empêcher de sourire à ce qu'il me répondit. « Non, t'es pas obligé d'arrêter... s'était très marrant et j'étais même prêt à t'accompagner. » Je lui souris, en secouant le visage. « Tu danses encore plus mal que moi Dean ! Epargnes moi la vue de ton joli petit cul entrain de se déhancher sans aucun rythme. » Il s'écarta alors légèrement de moi et se tourna vers la fenêtre. Il prit ensuite le temps de la réflexion pour répondre à ma deuxième question. « Oh depuis suffisamment de temps pour ne pas rater le meilleur. » Je lui confiai alors que je comptais le tuer pour ne pas qu'il puisse parler de ce qu'il venait de voir à qui que ce soit. Il se tourna vers moi, me sourit « Si c'est ce que tu veux... vas-y, mais dépêche toi. J'ai rendez-vous avec les gays en enfer... Parce que le paradis c'est has-been. » je ris à sa remarque. Il n'y avait que lui pour plaisanter sur de pareils sujets. Ce que j'appréciais chez lui, c'était sa confiance en lui, le fait qu'il soit gay n'avait jamais été un problème pour lui... contrairement à moi qui, depuis ma première expérience, n'avait encore osé me confier à qui que ce soit. Il ralluma la musique, coupant court à mes réflexions. « Tu comptes véritablement me laisser pourrir seul au paradis avec ce pervers de St Pierre ? » mais déjà, il se mit à bouger, au rythme de la musique. Une image qui m'arracha alors un sourire, puis un rire. Il semblait prêt à partir dans une bonne déconnade, je n'allais pas le laisser y partir seul.