JULES & PAYSON
Ce sont des riens qui font l'essentiel

On a beau se revendiquer pour le bien être de la planète, écolo ou non, personne ne résiste à une longue douche brûlante. Payson ne dérogeait encore moins à la règle, pas écologiste pour un sous. Au bout de trente longues minutes et quelques cris derrière la porte, elle se décida enfin à sortir de la cabine. Elle posa les pieds en plein la flaque et chercha sa serviette parmi une vapeur étouffante qui rendait tout objet invisible. Après avoir trouvé sa serviette, elle prit grand soin de l'enrouler autour d'elle, de manière à ce que -cette fois-ci- elle ne tombe pas sans prévenir. Elle s'enroula également les cheveux dans une autre serviette et se décida enfin à sortir. Elle dé-clava et ouvrit la porte tout en regardant derrière elle : la pièce était trempée et dans un sale état. Elle émit un petit sourire désolé, comme pour se faire pardonner auprès de la salle de bain puis haussa les épaules. Elle referma la porte derrière elle et se dirigea, pieds nus et sur la pointe de ces derniers, vers sa chambre. « Sabella! Tu peux y aller! » Elle entra dans sa chambre d'un air enthousiaste mais détendu. Un feu aurait pu prendre dans la pièce d'en bas, qu'elle n'aurait pas cherché à s'affoler.
Elle vit sa colocataire, la tête plongée dans ses fringues. Elle avait toujours partagé la chambre de Jules. Elles avaient acquis avec le temps une telle complicité et confiance mutuelle, qu'il était indéniable de parler d'elles comme des meilleures amies. Payson sauta sur son lit, en manquant d'ailleurs de perdre sa serviette. Elle ramassa un bouquin de mode qui traînait dans les parages et le feuilleta sans réellement y prêter attention. « Je me disais, vu que tu es présidente, tu pourrais peut être avoir ta propre salle de bain. Enfin, que tu partagerais avec ta colocataire comme pour la chambre. On pourrait se prendre de longs bains et puis, tu pourrais y mettre même un jacuzzi si tu augmentais les cotisations des bizus. » Elle sembla s'arrêter sur un article relatant le retours triomphant des modes démodées. « Je déconne bien sur. » Après avoir survolé l'article, elle finit par fermer le magazine en soupirant. Elle le jeta en tentant de viser sa table de chevet mais par manque de précision, en vain.

Jules rajusta sa couette blonde pour ensuite se positionner face à son miroir. Si il y a quelque chose avec laquelle, elle attachait une très forte importance c’était l’apparence. Elle n’aimait pas voir une personne négligée et surtout si c'était elle. Jules faisait tout pour paraître irréprochable, même parfaite si on peut aller jusque là. Elle se regarda une bonne dizaine de seconde face à la glace et commença ses exercices respiratoires qui l’aidaient à tenir toute la journée et elle enchaina ensuite par quelques étirements et quelques positions du yoga -pêché dans certains magazines féminins- qui l’aidait à garder son sang froid dans toutes les situations de la journée imprévu. L’imprévu un mot que Jules préférait rayer de son vocabulaire tellement qu’elle le dénigrait, elle qui voue un culte à la bonne organisation et aime tout planifier à l’avance, le fait de faire face à un imprévu pouvait complètement la désarçonner ce qui fait que ce soit sa plus grande crainte : que tout ne se passe pas comme prévu..

En tant que chef des Thêta Psi, Jules faisait en sorte de se lever avant les autres filles. Comme tous les jours elle était la première à s’être douchée il ne lui restait plus qu’à se vêtir. Encore fallait-il savoir quoi mettre. ‘La mode se démode, le style jamais’ .. mais si la mode c’est mon style ? souffla Jules qui montrait un léger agacement face à la situation. Et pour cause, l’imprévu venait de montrer le bout de son nez. A chaque premier jour de la semaine, Jules se levait plus tôt pour préparer toutes les tenues de la semaine qui débutait. Elle préparait soigneusement ses vêtements en faisant en sorte de ne jamais porter le même vêtement 2 jours de suite, ou porter la même tenue qu’elle a porté la semaine précédente. Et puis cela permettait de gagner du temps et ne pas perdre 30 minutes à chercher une tenue irréprochable. Certains peuvent dire qu’elle est complètement tarée mais elle vous répondra que c’est une question d’organisation et que qui dit temps gagné dit temps en plus. Quoi qu'il en soit aujourd'hui il n'y avait pas de tenue préparée, elle l'avait oubliée.

Alors que Jules sortit un par un ses habits afin de voir ce qu’elle pourrait mettre aujourd’hui, Payson Green entra dans la chambre. Payson c’était une de ses ‘sœurs’, celle avec qui elle était la plus proche. Jules faisait en sorte de garder de bon lien avec les membres des Thêta Psi, car avant tout la confrérie était basée sur la solidarité (bon aussi les fêtes mais pas que) qu’entretenait chacune des sœurs. Mais Payson n’était pas une simple ‘sœur’, amie, en plus d’être sa colloc’ elle était aussi sa meilleure amie. Un lien indestructible les unissait, enfin c’est ce qu’elles aiment dire. La brunette plongea sur son lit, vêtu d’une simple serviette de bain, pour ensuite attraper un magazine qui trainait sur la table de chevet. Jules loucha légèrement dessus, sans y prêter attention plus que ça. Elle écouta son ami parler avant de ricaner bêtement à l’écoute des suggestions proposées. « Figure-toi que j’y ai pensé justement ! Mais disons qu’on n’a pas le luxe des Oméga pour se payer ce genre de fantaisie. Même si j’avoue qu’un bon petit jacuzzi ça nous ferait un bien fou. C’est vrai quoi, on a bien besoin de se détendre après autant d’heures passés à faire la fête ! Et pour les bizuts..mais c’est que t’a des bonnes idées toi. Je vais tâcher d’y réfléchir plus amplement. » Jules arracha vivement 2 cintres de son armoire, avant d’enchaîner sur le ton de la rigolade « Ah bon t’étais pas sérieuse ? Si c’est pour me faire pas de suggestions peu sérieuse, autant s’abstenir, han » . Jules sourit à son amie, en lui tendant les 2 cintres qu’elles avaient prit quelques secondes auparavant. La première tenue était une robe foncé, plutôt longue dans un esprit assez ‘bohémien’, la seconde tenue était aussi une robe mais plus courte cette fois, dans un esprit plus chic mais avec laquelle on pouvait l’assortir avec certains accessoires pour faire plus ‘school’. « Bon je sèche là. Tu préfères laquelle ? ». Jules s’assit au coin du lit, attendant la réponse de Payson qui jeta le magazine dont elle avait pris possession. « Fait gaaaffe c’est le dernier Vogue » s’indigna Jules qui prenait grand soin de ranger minutieusement tout les magazines qu’elle achetait. Jules fana de théâtre exagéra sur son indignation, aimant feinter la colère ou l’exaspération. Bien sûr, Payson qui était habitué à Jules, n’était sans doute pas dupe. « Bon maintenant que mademoiselle c’est documenté sur la mode avec MON magazine.. tu me conseilles maintenant ? »

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